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"Si ça se passe mal, ce sera forcément de sa faute" : rentrée délicate pour la Première ministre Elisabeth Borne

À la veille du premier Conseil des ministres de la rentrée, Emmanuel Macron et Elisabeth Borne se retrouvent ce soir pour un dîner. L'occasion de plancher sur les dossiers chauds : plein emploi, éducation, planification écologique et sobriété énergétique.

Article rédigé par franceinfo - Hadrien Bect - édité par Phéline Leloir-Duault
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Emmanuel Macron et Elisabeth Borne, lors de la cellule de crise interministérielle activée lors des violents orages en Corse, le 18 août 2022. (CHRISTOPHE SIMON / POOL / AFP)

Trois mois après son entrée à Matignon, Elisabeth Borne prépare sa première rentrée en tant que cheffe du gouvernement, avec un dîner à l'Elysée avec Emmanuel Macron. Certains lui prédisaient une mission impossible, mais après son baptême du feu avant l'été, la majorité considère que la nouvelle Première ministre a réussi à s'installer. L'adoption de la loi pouvoir d'achat et du budget rectificatif ont fini par faire taire les plus critiques, comme François Bayrou, qui la trouvaient trop "techno" et pas assez "politique". "Elle a très bien compris comment marchait l'Assemblée", salue un cadre de la majorité. "Elle nous a rassuré avec sa déclaration de politique générale", applaudit un autre.

>>Environnement, pouvoir d'achat, retraites : dans quel état d'esprit Emmanuel Macron aborde-t-il la rentrée ?

Elisabeth Borne s'est employée à valoriser les parlementaires avant l'été : elle a reçu des petits groupes de 10 à 15 députés de la majorité à Matignon autour d'un café, et elle va continuer à la rentrée. "Elle nous a présenté sa méthode et nous a écoutés", décrit l'un d'eux. La Première ministre doit aller à la rencontre des élus locaux, lors des congrès des associations d'élus qui se tiennent à la rentrée. Enfin, la cote de popularité d'Elisabeth Borne a gagné trois points et a dépassé celle d'Emmanuel Macron, en atteignant les 41% d'opinions favorables selon un sondage Ifop publié dans le Journal du Dimanche. C'est ainsi une rentrée presque en état de grâce, pour une cheffe du gouvernement qui joue les excellentes élèves et qui semble avoir été acceptée par sa majorité.

"La vérité, c'est qu'on n'est prêts sur rien"

Mais si la loi pouvoir d'achat adoptée cet été n'était qu'un "amuse-bouche" selon un marcheur, la suite promet d'être un peu plus difficile pour Elisabeth Borne. "La vérité, c'est qu'on n'est prêts sur rien", confie un conseiller ministériel. Le président de la République et sa Première ministre ont du pain sur la planche et vont devoir trouver comment décliner la "mobilisation générale" décrétée par le chef d'Etat lors du 14-Juillet.

Plusieurs dossiers urgents seront abordés lors du dîner du couple exécutif ce mardi, avec tout en haut de la pile, l'écologie. La Première ministre devra donner corps à la planification écologique dont elle a la charge, avec cet "agenda de planification écologique", une commande d'Emmanuel Macron qui devra être prête à l'automne. Les ministres sont invités à travailler sur des plans de sobriété énergétique, d'autres veulent présenter leurs propres mesures. En outre, le projet de loi sur les énergies renouvelables, avec notamment le sujet risqué de l'éolien, terrestre et en mer, doit arriver dans l'hémicycle à la rentrée.

Quelle majorité pour les dossiers délicats ?

Elisabeth Borne aura aussi à traiter la très glissante réforme de l'assurance-chômage, l'un des premiers textes présentés en conseil des ministres, et l'un des premiers examinés au Parlement.

"Il faudra trouver un consensus dans la majorité, convaincre les partenaires sociaux puis aller chercher d'autres députés, sans doute à droite."

Un élu de la majorité

à franceinfo

Le risque serait de "réactiver le clivage gauche-droite", prévient un autre. Sans oublier le texte fondamental sur le budget, qui occupera une bonne partie de l'automne. Et toujours la même question brûlante : quelle majorité sera réunie pour voter ces textes ?

La Première ministre devra donc renouer avec la méthode adoptée avant l'été : discuter, trouver des compromis, reculer un peu parfois. Mais attention, avertit un conseiller ministériel, les gros dossiers de la rentrée seront le vrai examen de passage de la Première ministre : "si ça se passe mal à l'Assemblée, prévient-il, ce sera forcément de sa faute".

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