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Ultradroite : ce que l'on sait des Zouaves, le groupuscule que Gérald Darmanin veut dissoudre

Cette faction, déjà connue pour des faits de violence, est sous le coup d'une nouvelle enquête après les agressions commises lors du meeting d'Eric Zemmour, et une demande de dissolution est en cours.

Article rédigé par franceinfo
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Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur, à l'Elysée le 1er décembre 2021. (XOSE BOUZAS / HANS LUCAS / AFP)

Les Zouaves Paris sont dans le viseur du gouvernement. Ce groupuscule d'ultradroite est soupçonné d'avoir participé à la violente agression de plusieurs militants de SOS Racisme lors du premier meeting du candidat à la présidentielle Eric Zemmour, le 5 décembre à Villepinte (Seine-Saint-Denis). Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a déclaré avoir engagé une procédure de dissolution de ce mouvement, lors d'une interview au "Grand Jury" RTL-LCI-Le Figaro. Il espère que le Conseil d'Etat lui "donnera raison". 

Franceinfo revient sur ce groupuscule d'ultradroite déjà connu des forces de l'ordre.  

Ce sont des militants ultraviolents voués à "tenir" la rue

Depuis 2018, ils se nomment "les Zouaves Paris" et forment un groupe qui réunit "des gens qui viennent d'autres groupes plus constitués, pour des actions violentes et rapides", explique Marion Jacquet-Vaillant, docteure en sciences politiques et spécialiste des identitaires, à l'AFP. Certains membres appartenaient à l'ancien groupuscule Génération identitaire Paris, dissous au printemps dernier. "Ce sont avant tout des ultraviolents de l'ultradroite, dont le contenu idéologique est réduit à sa plus simple expression", précise Jean-Yves Camus, politologue et codirecteur de l'Observatoire des radicalités politiques à la Fondation Jean-Jaurès, dans Ouest France.

Héritiers réclamés du Groupe union défense (GUD), ancien syndicat étudiant d'extrême droite, les Zouaves Paris ont pour leader Marc de Cacqueray-Valmenier, 23 ans. Habitué des bagarres de rue, le jeune homme est parti combattre en 2020 au Haut-Karabakh, lieu d'"une quasi-guerre sainte selon la propagande d'extrême droite, qui y voit une nouvelle bataille entre l'Occident chrétien et l'envahisseur' musulman", explique Streetpress. Assumant "être fasciste", lors d'une rencontre avec Libération en 2019, Marc de Cacqueray-Valmenier refusait à l'époque cette étiquette pour les Zouaves Paris.

Ce groupuscule dédié à "tenir la rue", selon son chef, est devenu le fer de lance de la violence d'extrême droite dans la capitale et ses alentours. Selon les opérations décidées, le mouvement peut passer d'une quinzaine de personnes, qui forment son noyau dur, à une trentaine, d'après Streetpress.

Ils sont soupçonnés d'avoir agressé des militants antiracistes au meeting d'Eric Zemmour 

Lors du premier meeting de campagne d'Eric Zemmour, le 5 décembre, plusieurs militants de SOS Racisme, exhibant des tee-shirts siglés "Non au racisme", ont été agressés à coups de poings et de jets de chaises. "Un des agresseurs est une personne qui est membre des Zouaves Paris (...). Il a été reconnu par une personne de la sphère militante", a déclaré le président de SOS Racisme, Dominique Sopo. Selon plusieurs médias, dont Mediapart, Libération et Streetpress, il s'agit de Marc de Cacqueray-Valmenier.

A la sortie du meeting, une cinquantaine de personnes, identifiées par les forces de l'ordre comme appartenant aux Zouaves, ont pris la pose pour une photo, en scandant "on est chez nous", selon l'AFP. Peu après, des membres des Zouaves Paris ont posté sur leur chaîne Telegram, baptisée Ouest Casual, des photos et vidéos prises aux abords du parc des expositions de Villepinte.

Certains ont déjà été condamnés pour d'autres faits

Ce n'est pas la première fois que les Zouaves sont soupçonnés d'avoir agressé violemment des personnes. "Ils ont de loin l'un des pedigrees les plus violents dans l'ensemble des groupes d'extrême droite", assure Jean-Yves Camus dans Ouest France.

Dès leur création, ils ont monté des actions "contre des supporters avec des drapeaux algériens lors de la Coupe du monde de football en 2018, contre des militants du NPA dans le cadre d'une manifestation des "gilets jaunes" en janvier 2019, contre un journaliste de France Inter en marge d'un défilé de La Manif pour tous, en janvier 2020, et contre un soutien du comité Adama Traoré dans le métro en juin 2020", recense Mediapart (article réservé aux abonnés).

En juin 2020, les Zouaves Paris ont également revendiqué l'attaque à coups de battes de base-ball et de gaz lacrymogène du Saint-Sauveur, bar emblématique de la mouvance antifasciste dans le quartier de Ménilmontant. Six et dix mois de prison ont été requis mi-novembre contre deux militants d'ultradroite, dont Marc de Cacqueray-Valmenier. Le jugement doit être rendu le 21 janvier par le tribunal judiciaire de Paris.

Marc de Cacqueray-Valmenier a également été condamné, en janvier 2019, à six mois de prison avec sursis pour des violences lors de la manifestation des "gilets jaunes" le 1er décembre 2018 à Paris. Quant à l'agression du 5 décembre à Villepinte, le parquet de Bobigny a ouvert une enquête pour "les faits de violence commis à l'intérieur du meeting" et l'a confiée à la sûreté territoriale 93.

Ils sont visés par une procédure de dissolution

Après avoir dissous Génération identitaire en mars 2021 et lancé une procédure contre Alvarium, un groupe d'ultradroite angevin, fin octobre, le ministre de l'Intérieur a annoncé dimanche avoir engagé une procédure à l'encontre des Zouaves. "Il y aura un contradictoire comme à chaque fois que j'ai fait cela, a rappelé Gérald Darmanin. Si le contradictoire nous donne raison, en tout cas si nous pensons que nous avons raison, nous irons dissoudre ce groupement de fait en Conseil des ministres et le Conseil d'Etat, une nouvelle fois je l'espère, nous donnera raison."

Bien que les membres n'aient pas déposé de statuts pour se constituer en association, leur groupuscule peut correspondre à "un groupement de fait" susceptible de commettre "des agissements violents à l'encontre des personnes ou des biens", selon les critères de dissolution définis par le Code de la sécurité intérieure.

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