Les premiers mois chaotiques du maire FN de Hayange
Le rejet des comptes de campagne de Fabien Engelmann, confirmé vendredi, s'ajoute à longue liste de polémiques survenues depuis son arrivée à la tête de cette ville de Moselle.
Coup de tonnerre sur Hayange (Moselle). Le maire FN de la ville, Fabien Engelmann, a confirmé, vendredi 24 octobre, le rejet de ses comptes de campagne. L'élu s'est défendu en jurant "sur son honneur" qu'il n'a ni "fraudé", ni "triché", ni "falsifié". Cet événement s'ajoute à longue liste de polémiques survenues depuis son arrivée à la tête de cette ville de Moselle. Francetv info revient sur ses premiers mois chaotiques.
Les accusations de son ex-adjointe
Des soupçons commencent à peser sur son compte de campagne après une brouille au sein de l'équipe municipale. Le 3 septembre, la première adjointe de Fabien Engelmann, Marie Da Silva, est officiellement démise de ses fonctions.
Elle a porté plainte pour "abus de confiance, abus de biens sociaux et harcèlement" contre le maire, et lui reproche des irrégularités dans ses comptes de campagne lors des dernières élections municipales. Factures à l'appui, elle affirme avoir avancé quelque 3 000 euros, partiellement remboursés, sans être déclarés dans les comptes officiels du candidat.
Malgré son limogeage, Marie Da Silva assure ne pas avoir "fini son bras de fer avec le maire". Elle annonce sa volonté de saisir le tribunal administratif contre son limogeage, faute de motif valable.
Un mode de gestion très critiqué
Doutes sur un vote lors d'un conseil municipal. En dehors du fond du dossier, la façon dont Marie Da Silva a été écartée fait polémique. La décision de son limogeage avait été approuvée par un vote à bulletin secret : 21 voix pour, 1 voix contre et 1 vote blanc. Mais deux adjoints au maire ont publiquement affirmé avoir voté en faveur de Marie Da Silva, et ont donc des doutes sur l'authenticité des résultats du scrutin. Face à ces accusations, Fabien Engelmann a annoncé avoir déposé plainte contre son ex-première adjointe et ces deux adjoints.
Malaise du personnel municipal. Un délégué CGT du personnel territorial, Hugues Miller, évoque "des intimidations", "des pressions". Il accuse notamment le maire de surveiller les comptes Facebook des employés municipaux pour "chercher la faute". "Tout le monde se méfie de tout le monde, de peur de faire un pas de travers et d'être dénoncé au maire", assure-t-il. "On se croirait revenu au temps de Vichy", abonde un autre élu auprès de francetv info.
Plainte d'un syndicat. L'Unsa Territoriaux d'Hayange a porté plainte contre l'élu FN pour "entrave syndicale", "harcèlement" et "diffamation", rapporte France Bleu Lorraine Nord, jeudi 23 octobre. Le syndicat reproche à Fabien Engelmann de perturber ses activités, "avec des promesses de traitement de faveurs aux agents municipaux qui quitterait l'Unsa pour rejoindre un autre syndicat, mieux considéré en mairie", rapporte la radio.
Sans compter que, selon le site d'informations locales Loractu, les membres de l'association d'opposants Plus Belle Hayange doivent être entendus, vendredi 24 octobre, par la police. Ils ont décidé de porter plainte après des commentaires "racistes" publiés sur le compte Facebook du maire, dénonçant un "manque de modération" de sa part.
Une vision personnelle de la culture
La fontaine repeinte. En juillet, Fabien Engelmann décide de repeindre en bleu une sculpture du centre-ville. La raison ? Il la jugeait "sinistre", rapporte France 3 Lorraine. L'œuvre, une fontaine en métal et en pierre, avait été achetée en 2001 par la municipalité socialiste de l'époque à un artiste local.
La couche de bleu provoque la colère de l'artiste, qui s'étonne de ne pas avoir été prévenu. Aurélie Filippetti, alors ministre de la Culture, dénonce "une violation manifeste du droit moral et des règles élémentaires du code de la propriété intellectuelle et de la protection du patrimoine".
"De toute façon, tout le monde la trouvait affreuse depuis le début. Elle était rouillée", explique un porte-parole du maire de Hayange, quelques semaines plus tard, indiquant que la mairie souhaite la remettre en état et la déplacer.
La danse orientale bannie. Julie Milosevic, professeure de danse dans une association, souhaitait animer un atelier de danse orientale pour adultes et pour enfants. Une proposition rejetée par Fabien Engelmann, estimant, d'après l'enseignante, que "la danse orientale était incompatible avec le Front national". Une version confirmée à francetv info par l'adjoint aux sports, Patrice Hainy, qui était, lui, favorable à la mise en place de cet atelier.
Les wagonnets en bleu-blanc-rouge. L'édile semble apprécier la peinture. Il ordonne au personnel municipal de repeindre en bleu-blanc-rouge trois wagons autrefois utilisés au fond des mines de charbon, et aujourd'hui exposés en bord de route de la ville. Une décision qui indigne des familles de mineurs.
La fête du cochon. Dimanche 14 septembre, il organise la fête du cochon pour défendre "un animal du terroir lorrain qui se consomme de différentes manières, dans une ambiance festive". Selon France 3 Lorraine, plusieurs centaines de personnes participent à l'événement, dont une vingtaine de jeunes identitaires lorrains, des activistes à droites de l'extrême droite. "Vous savez que dans toute fête, on n'est pas à l'abri d'avoir deux, trois imbéciles. (...) Je ne partage en aucun cas l'idéologie de ces groupuscules d'extrême droite, racistes et xénophobes", se défend le maire.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.