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Qui est Paul-Marie Coûteaux, trait d'union entre François Fillon et Marine Le Pen ?

Ce souverainiste affirme avoir fourni des notes à l'ancien Premier ministre pour son discours du 15 avril, au Puy-en-Velay. Un texte qui a plu à la candidate du FN puisqu'elle en a repris des phrases entières pour son discours de Villepinte, lundi.

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Paul-Marie Coûteaux lors d'un meeting du Front national, à Lille, le 19 février 2012. (MAXPPP)

La même prose, presque mot pour mot. Lors de son meeting de Villepinte (Seine-Saint-Denis), lundi 1er mai, Marine Le Pen a repris des phrases entières d'un discours prononcé par François Fillon, le 15 avril, au Puy-en-Velay (Haute-Loire). Le Front national dit assumer un "clin d'œil" au candidat des Républicains. De son côté, un homme peu connu du grand public affirme avoir transmis des notes à l'ancien Premier ministre pour rédiger son fameux discours. Il s'agit de Paul-Marie Coûteaux. Franceinfo revient sur le parcours de ce souverainiste qui espère, à l'avenir, voir les droites s'unir.

Il est passé de Pasqua à Fillon en passant par Chevènement et Le Pen

A l'origine, Paul-Marie Coûteaux était un soutien de François Mitterrand. Mais rapidement, l'énarque penche vers le gaullisme. Entre 1991 et 1993, il est membre du cabinet de Jean-Pierre Chevènement, alors ministre de la Défense. Puis, de 1993 à 1996, il est conseiller du gaulliste Philippe Séguin, président de l'Assemblée nationale, rapporte LCI. C'est à cette époque qu'il rencontre François Fillon, avait-il raconté au Figaro (article payant).

Mais à cette période, il se range derrière Charles Pasqua et Philippe de Villiers. Il finit par être élu député européen sur leur liste, en 1999. Il occupe ce siège pendant dix ans.

Entre-temps, il soutient Jean-Pierre Chevènement lors de la campagne présidentielle de 2002, puis Marine Le Pen lors des législatives de 2007, dans la quatorzième circonscription du Nord-Pas-de-Calais. En septembre 2011, il rejoint Marine Le Pen en vue de la présidentielle de 2012 et devient l'un de ses cinq porte-parole.

Enième changement en date : il intègre discrètement l'équipe de François Fillon pour la campagne de 2017. "Mon travail, c'est de labourer un terrain électoral bien précis : celui de la droite gaulliste et souverainiste qui a pu être tentée par Marine Le Pen", explique-t-il au Figaro.

Il a été surnommé le "DRH" du Front national

"Je connais Marine Le Pen depuis 2002. C'est Louis Aliot, qui alors n'était pas son compagnon, qui me l'a présentée", explique-t-il à franceinfo en 2012. Il y a eu une dimension affective immédiate", insiste-t-il. Il raconte avoir partagé beaucoup de temps avec Marine Le Pen. "Entre 2004 et 2009, nous avons été tous les deux députés européens. On s'est beaucoup vus à Bruxelles et à Strasbourg pendant les sessions parlementaires, qui sont un peu ennuyeuses. On a souvent déjeuné ou dîné ensemble", détaille-t-il.

En 2009, Paul-Marie Coûteaux organise une rencontre entre Marine Le Pen et Florian Philippot, ancien soutien de Jean-Pierre Chevènement, qui deviendra vice-président du FN. Il lui présente également Philippe Martel, qui fut chef de cabinet de Marine Le Pen après avoir dirigé celui d'Alain Juppé.

Il est surnommé la "tête chercheuse" du Front national ou son "DRH" (directeur des ressources humaines). Mais, en 2013, celui est chargé d'attirer de nouveaux venus au Front national fait parler de lui en se faisant piéger par une équipe de Canal+. "J'ai fait du bluff, encore. (...) J'ai dit qu'on avait fait deux adhésions, parmi [eux] un ancien gaulliste très connu à Brest dans les années 1990 (...) J'ai raconté tout un baratin", dit-il à un proche, après avoir été interrogé par l'équipe télé, oubliant qu'il portait un micro-cravate.

Il a cofondé un parti souverainiste allié du FN

En 2011, il crée un micro-parti, le Siel (Souveraineté, indépendance et libertés). La formation s'allie avec le Front national pour les législatives et donne naissance au Rassemblement bleu Marine, étiquette qui a l'ambition de réunir au-delà du simple cercle du FN.

Mais Paul-Marie Coûteaux n'est pas élu député et quitte la présidence du Siel en 2014. "Aujourd'hui, le Rassemblement bleu Marine est une coquille vide : il faut penser à une architecture plus large et qui soit gouvernementale", déplore-t-il auprès du Point.

La même année, la présidente du FN se sépare de lui. Marine Le Pen "n'a plus confiance en Paul-Marie Coûteaux, les relations de personne à personne ont toujours été compliquées entre eux. Pendant les municipales, il y a eu une accumulation de 'clashes', ce n'était plus possible de continuer", affirmait un proche de la leader frontiste.

Il a été épinglé pour des propos sur des Roms

Alors tête de liste FN-Rassemblement bleu Marine dans le 6e arrondissement de Paris pour les municipales de 2014, Paul-Marie Coûteaux évoque sur son blog des "camps" pour "concentrer" les Roms.

Il qualifie leur présence "d'invasion" ou de "lèpre" qui portent atteinte à "l'ordre esthétique" de l'arrondissement. Selon lui, les Roms "l'amochent de part en part, et rompent le charme de la moindre promenade". Il s'interroge alors : "Mais que peut faire monsieur le Ministre de l'Intérieur – à part concentrer ces populations étrangères dans des camps, où la vie serait sans doute si peu conforme à ce qu'elles escomptaient du voyage qu'elles préféreraient déguerpir d'un territoire aussi inhospitalier ?"

Face au tollé, il s'est défendu, insistant sur la forme interrogative de sa phrase et de conclure : "Je suis catholique et romain, je ne mets pas des gens dans des camps, ça ne se fait plus depuis longtemps."

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