Cet article date de plus de deux ans.

"Je sollicite votre confiance pour un nouveau mandat" : Emmanuel Macron annonce sa candidature à l'élection présidentielle

Le président de la République explique dans une lettre aux Français, transmise jeudi soir à la presse régionale, pourquoi il brigue un second mandat à l'Elysée.

Article rédigé par Margaux Duguet
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Le président de la République, Emmanuel Macron, le 28 février 2022 à l'Elysée. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Sa candidature était un secret de polichinelle. Encore fallait-il l'officialiser. Emmanuel Macron a annoncé, jeudi 3 mars, qu'il était candidat à sa propre succession. Une déclaration très tardive, puisque la récolte des 500 parrainages d'élus requis pour se présenter à l'élection présidentielle prend fin vendredi. Le chef de l'Etat dispose cependant déjà des signatures nécessaires.

"Je sollicite votre confiance pour un nouveau mandat de président de la République. (...) Je suis candidat pour défendre nos valeurs que les dérèglements du monde menacent", a lancé le président de la République dans une lettre aux Français transmise à plusieurs journaux de la presse quotidienne régionale. Le texte a également été relayé par plusieurs ministres sur les réseaux sociaux.

S'il parvient à se faire réélire, cela sera la première fois qu'un président sortant décroche un second mandat en dehors d'une période de cohabitation. Mais, si Emmanuel Macron est en tête des intentions de vote au premier tour, rien n'est joué et la campagne s'annonce très courte, notamment en raison de la guerre en Ukraine. Il reste très exactement 38 jours au locataire de l'Elysée pour convaincre les Français de continuer à lui confier les clés de la présidence.

Une déclaration retardée par la guerre en Ukraine

La déclaration de candidature d'Emmanuel Macron devait intervenir un peu plus tôt. Selon un conseiller de l'Elysée joint par franceinfo, cette annonce était prévue avant le Salon de l'agriculture, la semaine du 21 février, ou le jour de son inauguration, samedi 26 février. Mais l'éclatement de la guerre en Ukraine a modifié les plans du président français, l'obligeant à se consacrer pleinement à cette crise majeure. "Bien sûr, je ne pourrai pas mener campagne comme je l’aurais souhaité en raison du contexte", explique ainsi le néo-candidat dans sa lettre.

Les macronistes voient d'ailleurs dans l'activisme français sur ce dossier un point à mettre au crédit du chef de l'Etat, alors que la campagne entre dans une nouvelle phase avec sa candidature. "Je pense qu'on lui reconnaîtra d'avoir tout tenté, quel que soit le résultat", avance le député LREM Roland Lescure. "L'opinion publique est assez sensible au volontarisme du président, et au fait de voir la France jouer un rôle de premier plan dans la crise actuelle", estime un conseiller ministériel. Ce dernier ne voit d'ailleurs aucune conséquence politique à ce retard à l'allumage de la campagne d'Emmanuel Macron. "Ce n'est pas comme si nos opposants avaient mis des propositions dans l'air qui leur avaient permis de marquer des points et de prendre de l'avance", cingle-t-il.

Pour l'heure, Emmanuel Macron se contente de livrer des orientations plus que de véritables propositions à moins de 40 jours du premier tour. Dans sa lettre aux Français, Emmanuel Macron défend ainsi la "reconquête productive par le travail". Dans une allusion à la réforme des retraites, suspendue en 2020, le candidat LREM estime qu'il "nous faudra travailler plus et poursuivre la baisse des impôts pesant sur le travail et la production". Il souhaite aussi "placer la France en tête dans les secteurs qui, comme les énergies renouvelables, le nucléaire, les batteries, l’agriculture, le numérique, ou le spatial feront le futur et nous permettront de devenir une grande Nation écologique"

Les petits cailloux d'Emmanuel Macron

Si l'officialisation de la candidature d'Emmanuel Macron intervient à la dernière minute, le chef de l'Etat n'a cessé, depuis plusieurs mois, de semer ses petits cailloux. A maintes reprises, il a laissé entendre que son choix était déjà fait. Le 18 novembre, par exemple, il est interrogé sur ses intentions dans une interview à La Voix du Nord. "Je ne pense pas que la France ait un dernier mot à dire. Elle a une histoire millénaire devant elle. C'est ça que je porterai", explique-t-il, dans une référence explicite à Eric Zemmour, qui connaît alors une envolée sondagière.

Le 4 janvier, dans un entretien avec les lecteurs du Parisien, Emmanuel Macron se fait encore plus direct. "Est-ce que je continue à avoir des ambitions, des rêves et des volontés pour notre pays ? Oui. (...) Mais il n'y a pas de faux suspense. J'ai envie." Un mois plus tard, le président glisse avec malice aux journalistes qui l'accompagnent lors de son périple à Moscou et à Kiev qu'il "va falloir y songer à un moment", en référence à sa candidature. 

Trois jours après, le 11 février, Emmanuel Macron explique à Ouest-France ne pas se pencher sur cette candidature en raison d'un "pic épidémique" du Covid-19 et "d'une situation internationale éminemment à risques", et ce pour "quelques jours encore". Cette position a été critiquée par les autres candidats, qui ont accusé le chef de l'Etat de faire campagne sans le dire et d'utiliser les moyens de la présidence à des fins électorales.

Une campagne déjà active en coulisses

Des critiques balayées d'un revers de la main par les partisans d'Emmanuel Macron, qui ont plusieurs fois rappelé que les présidents sortants se sont tous déclarés sur le tard. Ses troupes n'ont cependant pas attendu l'officialisation de sa candidature pour se lancer. La majorité a ouvert les hostilités dès la rentrée de septembre pour porter le bilan de son champion et préparer son futur programme. "Depuis des mois, nous avons été sur le terrain et, d'une certaine façon, je me sens en campagne", a expliqué le délégué général de LREM, Stanislas Guerini, le 21 février sur franceinfo.

Les soutiens du président ont, par exemple, lancé fin janvier le site Avec vous, pour organiser la campagne et rassembler des électeurs. Plusieurs élus macronistes ont ensuite affiché sur les réseaux sociaux leur parrainage en faveur d'Emmanuel Macron, souvent avec des hashtags comme #avecvous, #5ansdeplus ou #Macron2022. Les Jeunes avec Macron, auteurs de plusieurs campagnes d'affichage en faveur d'un second quinquennat, ont présenté des propositions : étendre le pass culture aux collégiens, légaliser le cannabis ou encore taxer l'héritage "reçu tout au long de la vie". La majorité présidentielle a également cherché à afficher son unité avec le lancement en novembre de la fameuse "maison commune" Ensemble citoyens !, qui réunit les différentes composantes des soutiens du président.

Reste à savoir ce que le président désormais candidat fera de toutes ces initiatives. Car ses partisans le savent : Emmanuel Macron est un solitaire, qui a pensé sa campagne avec un cercle de proches extrêmement restreint.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.