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Alexandre Benalla présent à des réunions pendant sa suspension ? Le rétropédalage du haut gradé Alain Gibelin en six actes

Le directeur de l'ordre public et de la circulation (DOPC) à la préfecture de police de Paris, auditionné hier, est revenu sur ses propos, après un démenti de l'Elysée. Mais il reste "une contradiction manifeste", selon le corapporteur de la commission.

Article rédigé par franceinfo
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Alain Gibelin, directeur de l'oprdre public et de la circulation à la préfecture de police de Paris, le 21 juin 2017, lors d'une conférence de presse. (MAXPPP)

Alexandre Benalla a-t-il participé à des réunions sécuritaires alors qu'il était mis à pied ?  Alain Gibelin, directeur de l'ordre public à la préfecture de police (DOPC), auditionné lundi par la commission d'enquête, a semé la confusion en revenant sur ses déclarations, mardi 24 juillet. On vous explique ce rétropédalage.

1Gibelin répond à la commission d'enquête

Alain Gibelin, directeur de l'ordre public à la préfecture de police de Paris, est un haut gradé chargé par exemple de la gestion des opérations de maintien de l'ordre lors des grandes manifestations. Lors de son audition, lundi, il a notamment été interrogé par Marine Le Pen sur la participation d'Alexandre Benalla à des réunions de sécurisation pour l'Elysée, entre le 2 et le 18 mai, période où il était censé être suspendu. A deux reprises, Alain Gibelin confirme la présence d'Alexandre Benalla à ces réunions.

"Comme vous nous avez indiqué tout à l'heure que monsieur Benalla était présent à l'intégralité de ces réunions, il ne vous est pas apparu qu'un jour monsieur Benalla n'était pas présent à une des réunions qui pourrait avoir lieu entre le 2 et le 18 mai ?", a interrogé Marine Le Pen. "Non. Mais j'ai eu à dire et je répète que la sanction prise à l'encontre de monsieur Benalla à aucun moment n'a été portée ni à ma connaissance ni à celle de mes collaborateurs", lui a répondu Alain Gibelin.

"Vous venez, par la réponse que vous venez de m'apporter, de m'indiquer que cette sanction n'a en réalité pas été appliquée. Puisqu'il y a eu des réunions entre le 2 et le 18 et monsieur Benalla était présent avec vos services", a relevé la députée du Rassemblement national. Une assertion à laquelle Alain Gibelin a répondu : "Oui."

2"Parole contre parole" : l'Elysée dément

Mardi matin, l'Elysée a démenti les déclarations d'Alain Gibelin. "Alexandre Benalla n'a participé à aucune réunion durant sa période de suspension", entre le 4 et le 19 mai, a affirmé le palais présidentiel. "C'est parole contre parole", a souligné l'entourage du chef de l'Etat.

3Benalla conteste : "Je me trouvais en Bretagne"

Alexandre Benalla a lui-même réagi dans un communiqué adressé par l'un de ses avocats, Laurent-Franck Liénard, à l'AFP. Dans ce texte, il dément "formellement" les déclarations d'Alain Gibelin au sujet de sa présence à des réunions sécuritaires lors de sa suspension. "Durant cette période, je me trouvais en Bretagne et peux évidemment le démontrer", affirme encore Alexandre Benalla. Sur franceinfo, mardi après-midi, son avocat a réaffirmé que son client "était en Bretagne, il a l'ensemble de ses tickets de carte bleue qui le démontrent, entre le 4 et le 19 mai".

4Gibelin donne raison à l'Elysée

Retournement de situation, mardi. Dans une lettre adressée à Yaël Braun-Pivet, la présidente de la commission des Lois, Alain Gibelin, assure s'être trompé dans sa réponse à Marine Le Pen. Le DOPC affirme qu'il a répondu à la députée en pensant qu'elle l'interrogeait sur la période comprise entre le 2 mai et le 18 juillet, alors qu'elle l'interrogeait sur la période du 2 mai au 18 mai.

Il déclare aussi souhaiter être auditionné à nouveau, une demande à laquelle Yaël Braun-Pivet a dit "réfléchir". "Nous pouvons tout à fait le faire", a-t-elle confié.

5Des élus s'interrogent sur ce "triste spectacle"

Ce revirement a été immédiatement dénoncé par Marine Le Pen, mardi matin, sur BFMTV.  La présidente du Rassemblement national a dit avoir "posé deux fois la question" et "les réponses ont été extrêmement claires". Le corapporteur de la commission des Lois Guillaume Larrivé (LR) "a résumé l'échange" à la fin de l'audition. "Et monsieur Gibelin n'a pas, à ce moment-là, exprimé ni une incompréhension ni une dénégation des propos qu'il venait de tenir."

Dans la journée, d'autres élus se sont interrogés sur l'enchaînement des événements. 

6Il reste une "contradiction manifeste", pour le corapporteur de la commission

Le co-rapporteur LR de la commission d'enquête de l'Assemblée sur l'affaire Benalla, Guillaume Larrivé, a vu mardi une "contradiction manifeste" entre "les déclarations écrites" d'Alain Gibelin et les propos du porte-parole de l'Elysée, lorsque l'affaire a été rendue publique.

Selon Guillaume Larrivé, le courrier d'Alain Gibelin à la présidente de la commission des Lois Yaël Braun-Pivet, confirme au moins qu'Alexandre Benalla "a bien participé, à la préfecture de police, à des réunions relatives à l'organisation des déplacements présidentiels entre le 19 mai et le 18 juillet". Pourtant, le porte-parole de l'Elysée Bruno Roger-Petit avait déclaré que le collaborateur du chef de l'Etat avait été "démis de ses fonctions en matière d'organisation de la sécurité des déplacements du Président""Il y a là une contradiction manifeste entre les déclarations écrites de M. Gibelin et celles de M. Roger-Petit", conclut Guillaume Larrivé.

Pour Guillaume Larrivé, il est "plus que jamais nécessaire" de convoquer "toute la chaîne hiérarchique de l'Elysée" devant la commission d'enquête.

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