"Américanisation de la vie politique", "nausée"... La classe politique s'indigne de la diffusion des vidéos attribuées à Benjamin Griveaux
Le candidat LREM à la mairie de Paris a jeté l'éponge vendredi.
Les réactions politiques sont nombreuses après la décision de Benjamin Griveaux de se retirer de la course à la mairie de Paris. Le candidat La République en marche a pris sa décision après la diffusion sur internet de vidéos à caractère sexuel et de captures écran de conversations personnelles qui lui sont attribuées sans être authentifiées.
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La France insoumise : une "américanisation de la vie politique"
Le député La France insoumise (LFI) de Seine-Saint-Denis Alexis Corbière a évoqué sur franceinfo "cette espèce de morale et cette américanisation de la vie politique, où les gens vont s'excuser parce qu'ils ont des amants, des maîtresses, etc." "De ce que je sais à ce stade, mais je suis prudent comme tout le monde, c'est qu'il n'y a rien d'illégal. Et moi je n'aime pas qu'on mélange la vie politique et la vie intime (…) Je n'aime pas, parce qu'on ne parle plus du fond. J'aimerais que cette information ne sature pas l'espace médiatique. Il faut parler des sujets sérieux", a souligné Alexis Corbière.
De son côté, Jean-Luc Mélenchon a mis en garde ses sympathisants. "Insoumis, ne participez d'aucune façon au règlement de compte dont Benjamin Griveaux fait l'objet", a tweeté le leader de La France insoumise. "La publication d'images intimes pour détruire un adversaire est odieuse. Refusons le naufrage voyeuriste de la vie publique du pays. Non, tous les coups ne sont pas permis", a-t-il ajouté.
"Ce qui est aujourd'hui sur la place publique relève de l'intimité de deux adultes consentants, il n'y a rien d'illégal", a estimé enfin Clémentine Autain. "C'est assez effrayant de voir la démocratie et la politique salies, mises à mal, complètement broyées dans un phénomène qui vise à utiliser des choses qui relèvent de la vie intime à des fins politiques", a-t-elle ajouté. "C'est à nous de tirer la sonnette d'alarme."
Le Rassemblement national : Marine Le Pen s'inquiète "d'un coup monté"
Pour Marine Le Pen, "Monsieur Griveaux incontestablement s'est comporté de manière irresponsable, mais je pense que la justice doit œuvrer pour déterminer qui sont les coupables de ces agissements". La présidente du Rassemblement national a estimé "que le profil de celui qui s'est rendu coupable de cette publication mérite qu'on aille un peu plus loin".
Elle a qualifié Piotr Pavlenski, l'homme qui revendique la publication des vidéos à caractère sexuel attribuées à Benjamin Griveaux mais non authentifiées, de "Russe anti-Poutine qui a obtenu l'asile politique en France et qui se permet ce type d'agissements qui sont, encore une fois, illégaux". "Il faut peut-être voir si Monsieur Griveaux n’a pas été en réalité victime d’un coup monté, de quelque chose qui a été construit et qui pourrait demain être utilisé contre d’autres responsables politiques pour pouvoir déstabiliser le processus démocratique", s'est inquiété Marine Le Pen.
"On ne cherche pas à élire un curé, on cherche à élire un homme politique qui a un projet pour une ville", a estimé pour sa part sur franceinfo le porte-parole du Rassemblement national (RN) Sébastien Chenu. "Le respect de la vie privée doit être quelque chose d'intangible dans notre démocratie", a ajouté le porte-parole du RN. "On ne cherche pas à élire un saint, on cherche à élire un maire de Paris. Que Benjamin Griveaux ait la vie privée qu'il veut, tout cela ne me regarde pas. Je n'ai aucun jugement moral sur Benjamin Griveaux, je combats un homme politique."
Europe Écologie-les Verts : "Rien ne justifie la jubilation crasse de l’humiliation publique"
"La politique, ce n’est pas cela. Personne ne mérite de voir son intimité livrée aux yeux du monde", a réagi sur Twitter l'eurodéputé Europe Écologie-Les Verts, David Cormand. "Rien ne justifie la jubilation crasse de l’humiliation publique. L’inhumanité et la brutalisation des débats ne sont pas une fatalité. Nous méritons toutes et tous mieux", a-t-il ajouté.
La politique, ce n’est pas cela. Personne ne mérite de voir son intimité livrée aux yeux du monde. Rien ne justifie la jubilation crasse de l’humiliation publique. L’inhumanité et la brutalisation des débats ne sont pas une fatalité. Nous méritons toutes et tous mieux. https://t.co/SNL62VPw9q
— David Cormand (@DavidCormand) February 14, 2020
Les Républicains : "Un spectacle bestial"
"J'ai depuis ce matin un sentiment très simple, c'est celui d'avoir la gerbe, j'ai la nausée", a affirmé sur franceinfo Aurélien Pradié, député Les Républicains (LR) du Lot et secrétaire général du parti. "Je pense qu'on ne fait pas de la politique pour se comporter comme des animaux et qu'en l'occurrence, le spectacle auquel on assiste ce matin est un spectacle bestial, animal, qui n'a rien à voir ni avec la politique, ni avec la démocratie, ni avec l'idée qu'on peut se faire de la vie en société", a-t-il ajouté.
"Tout cela est minable, le procédé est minable, l'impact politique que ça peut avoir est minable. Je dis les choses brutalement, mais je pense que notre vie politique est en train de devenir minable. Et ce que je crains, c'est que notre démocratie soit aussi en train de devenir minable", a estimé Aurélien Pradié.
Son de cloche un peu différent du côté de Valérie Boyer, députée LR des Bouches-du-Rhône. Elle a dénoncé sur franceinfo, la "bêtise" et "la vulgarité" de Benjamin Griveaux. "Comment un garçon qui a fait de brillantes études et qui a été ministre, qui se présente à la mairie de Paris, peut être aussi stupide ?", s'interroge-t-elle.
Selon elle, "c'est un petit peu le symbole de la macronie", qui "est un mélange d'arrogance et d'incompétence. Valérie Boyer dénonce aussi le climat médiatique dans la vie politique française : "La difficulté aujourd'hui, c'est qu'on a l'impression qu'on peut être jeté à la vindicte médiatique, à la pâture médiatique, vraiment, comme un chien, et la politique s'arrête. Donc, cette espèce de tribunal médiatique est absolument détestable."
Parti communiste : "D'ignobles personnages"
"La politique, c'est du débat, ce sont des idées que l'on combat ou que l'on défend, mais ce n'est pas ça. Ceux qui participent à cette opération sont d'ignobles personnages", a tweeté le secrétaire national du Parti communiste français (PCF), Fabien Roussel.
La politique, c'est du débat, ce sont des idées que l'on combat ou que l'on défend. Mais cela n'est pas ça. Ceux qui participent à cette opération sont d'ignobles personnages #Griveaux
— Fabien Roussel (@Fabien_Rssl) February 14, 2020
Parti socialiste : un "déballage délétère"
"Depuis quelques heures la campagne charrie le pire. La vie privée doit demeurer privée dès lors qu'il n'y a aucune atteinte à la légalité et à l'exemplarité", a tweeté le Premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure.
"La transparence nécessaire n'est pas le déballage délétère. Nous devons tous défendre la démocratie contre ces dérives", a-t-il ajouté.
Depuis quelques heures la campagne charrie le pire. La vie privée doit demeurer privée dès lors qu'il n'y a aucune atteinte à la légalité et à l'exemplarité. La transparence nécessaire ce n'est pas le déballage délétère. Nous devons tous défendre la démocratie contre ces dérives.
— Olivier Faure (@faureolivier) February 14, 2020
Les candidats à la mairie de Paris "prennent acte" de la décision
La maire socialiste de Paris Anne Hidalgo a appelé "au respect de la vie privée et des personnes". "Je prends acte" du retrait de Benjamin Griveaux, a écrit la candidate (et donc adversaire de Benjamin Griveaux jusqu'à son retrait), estimant que "les Parisiennes et les Parisiens méritent un débat digne".
"J’adresse à Benjamin Griveaux, ainsi qu’à sa famille, mon soutien plein et entier dans cette épreuve", a par ailleurs réagi Cédric Villani. "Je prends acte de sa décision difficile. L’attaque indigne qu’il subit est une menace grave pour notre démocratie."
Du côté des Républicains, Rachida Dati a estimé que "Les Parisiens méritent une campagne apaisée et digne, à la hauteur des enjeux majeurs pour l'avenir de Paris". "Je prends acte de la décision de Benjamin Griveaux", a-t-elle ajouté dans un bref communiqué, en assurant : "Nous continuons à porter notre projet pour Paris et les Parisiens avec ambition et détermination."
David Belliard, le candidat Europe Écologie-les Verts a affirmé prendre "acte de la décision difficile" de Benjamin Griveaux et appelle au "respect de la vie privée". "Le respect de la vie privée est un droit fondamental, aucun engagement public, politique, ne doit le remettre en cause", a-t-il déclaré dans un communiqué publié sur Twitter. "Paris mérite un débat respectueux, sur le fond des idées et des projets", a ajouté David Belliard.
"Je n'imaginais pas qu'on pourrait en arriver là", a confié à franceinfo un autre candidat à la mairie de Paris, Gaspard Gantzer. "Ce qui se passe n'est pas du tout anecdotique. C'est une première dans notre vie politique", a-t-il expliqué. Mais le candidat ne veut pas qu'on en oublie la campagne : "On a un vrai risque devant nous. C'est que dans les prochains jours, voire les prochaines semaines, on ne parle plus que de cette histoire. Or, les Parisiennes et les Parisiens ont le droit d'avoir un débat démocratique sur l'avenir de leur ville. Le logement, la sécurité, la propreté", a estimé Gaspard Gantzer.
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