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Affaire des "écoutes" : "Je ne reconnais aucune de ces infamies", se défend Nicolas Sarkozy à l'audience

Après une suspension la semaine dernière le temps d’une expertise médicale de Gilbert Azibert, l’un des trois prévenus, le tribunal a examiné lundi les nullités plaidées par la défense de Nicolas Sarkozy et Thierry Herzog. Pour la première fois, l'ancien chef de l'Etat s’est exprimé à la barre, très brièvement.

Article rédigé par Delphine Gotchaux
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
L'ancien president de la République, Nicolas Sarkozy, arrive au tribunal, à Paris, le 30 novembre 2020.
 (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)

Imaginez à la barre un ancien haut magistrat de la cour de cassation, l'un des plus grands avocats pénalistes de France et donc, pour la première fois dans l’histoire judiciaire de la Ve république, un ancien chef de l’Etat. Le procès dit des "écoutes" impliquant Nicolas Sarkozy a repris, lundi 30 novembre, après une semaine de suspension, au tribunal correctionnel de Paris.

>> Procès de Nicolas Sarkozy : l'article à lire pour comprendre l'affaire des "écoutes"

Chacun leur tour, Gilbert Azibert avec son masque FFP2, Thierry Herzog, mains dans le dos, sans sa robe d’avocat, et enfin Nicolas Sarkozy, mains croisées face à lui, écoutent la présidente du tribunal lire les infractions reprochées : "corruption", "trafic d’influence", "violation du secret professionnel"… L’ancien président trépigne, avant que la présidente ne lui donne la parole. "Je connais le caractère formel de cette présentation, souligne Nicolas Sarkozy avocat de formation. Mais je ne reconnais aucune de ces infamies avec lesquelles on me poursuit depuis six ans !" Le ton est donné, Nicolas Sarkozy a bien l’intention de participer activement à son procès.

L'enquête du PNF, une "tâche pour la justice"

 
L'audience de lundi a été consacrée au "pilonnage" des méthodes du parquet national financier dans cette affaire par les avocats de la défense. C'est Jacqueline Laffont qui porte l’estocade en premier. "J’ai l’honneur de défendre Nicolas Sarkozy, entame la pénaliste, je défends un homme, un justiciable."

Dans cette affaire, les droits de la défense ont été bafoués, piétinés."

Me Jacqueline Laffont, avocate de Nicolas Sarkozy

Ce qu’elle dénonce, c’est notamment la fameuse enquête cachée du PNF, en parallèle de l’instruction. Une enquête qui s’est soldée au bout de six ans par ces mots, que Jacqueline Laffont fait projeter à l’audience : "Infraction insuffisamment caractérisée". "Est-il acceptable que cette enquête nous ait été cachée tout ce temps, alors que nous la réclamions, s’insurge-t-elle ? Si elle n’avait pas été cachée, je pense que nous ne serions pas devant vous. Cette enquête est une tâche pour la justice."

Pendant plusieurs heures, la défense se succède pour demander l’annulation de toute la procédure. Le parquet national financier répond lui en moins d’une demi-heure, visiblement gêné aux entournures : "Ce n’est pas un stratagème de dissimulation mais un complot que vous décrivez." Sans surprise, le PNF demande à ce que les nullites soient jugées irrecevables, mais glisse tout de même ces mots : "Certaines critiques de la défense sont légitimes."

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