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Midterms 2018 : "Il a accompli des trucs formidables", les "cols bleus" de Détroit ne tournent pas le dos à Donald Trump

À la présidentielle de 2016, la classe ouvrière du Michigan, traditionnellement démocrate, avait majoritairement voté pour Donald Trump. Ces ouvriers de l'automobile souhaitent à nouveau sa victoire à mi-mandat.

Article rédigé par Grégory Philipps, franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Le candidat Donald Trump à Sterling Heights, dans la banlieue de Détroit (Miichigan) pendant la campagne présidentielle le 7 novembre 2016.  (AFP)

Les Américains sont appelés à voter mardi 6 novembre pour les "midterms", les élections de mi-mandat.

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Dans le Michigan, franceinfo est allé à la rencontre des "cols bleus" de l'automobile, qui ont en majorité choisi Donald Trump en 2016, dans un État pourtant traditionnellement démocrate. Ils n'ont pas changé d'avis. 

L'effet Trump sur "les embauches" 

À Sterling Heights, dans la banlieue de Détroit, des pickups stationnent à perte de vue sur le parking de l’usine Ram, anciennement Chrysler. Elle fabrique des véhicules utilitaires dont raffole la classe moyenne américaine. Le sentiment dominant parmi les ouvriers de l’usine, c’est qu’il y a du travail. "J’ai l’impression que l’industrie automobile est en plein boom. On est de retour. On fait de l’argent, c’est bien !", s'exclame un employé. "Moi, je présenterais les choses comme ça : on fabrique des bons produits. Du coup les gens les achètent", abonde son voisin. "On vend tellement de voitures, qu’en ce moment on ne les fabrique pas assez vite", dit un troisième salarié.

Tous semblent faire confiance à Donald Trump pour que les choses aillent mieux dans ce pays, affirmant qu'"ici, on embauche". "C’est un homme d’affaires. Ce n’est pas un politicien. On ne peut pas se moquer de lui. Il n’y a que les gauchistes qui ne l’aiment pas. Je ne sais pas bien pourquoi d’ailleurs", entend-on près de l'usine.

La désindustrialisation est pourtant passée par là. Des usines sont parties ailleurs, au Canada, au Mexique, en Asie. Mais le patron du syndicat local des ouvriers de l’automobile, Gérald Kariem, se montre plutôt optimiste pour l’avenir. "L’industrie automobile est en train de rebondir depuis quelques années. Les ventes d’utilitaires marchent très bien. Le taux de chômage est bas", indique-t-il. Le syndicaliste tempère toutefois ses propos en abordant les rémunérations. "Les salaires continuent de stagner. Du coup, on a des sentiments contradictoires parce qu'on a vu les patrons de ces grands groupes multiplier par dix ou par cent leurs revenus", affirme-t-il. 

Le boomerang des taxes inquiète le patronat

Dans son discours sur l’état de l’Union le 30 janvier, le président américain  promettait de ramener des millions d’emplois aux Etats-Unis. Dans les faits, le chômage est descendu à 3,7%. Quelques mois après, Washington entamait une guerre commerciale avec Pékin en imposant des taxes douanières sur des dizaines de milliards de dollars d’importations chinoises. Près de Détroit, Mary Buchzeiger dirige l’entreprise Lucerne International, une petite société familiale de sous-traitance automobile de 50 salariés. Mais l’entreprise importe ses pièces de Chine. La patronne, pourtant républicaine, estime que la politique de Donald Trump risque de mettre sa société en difficulté, peut-être même en péril. "La plupart des gens n’arrivent pas comprendre que ces taxes sur les importations ne pénalisent pas que les pays étrangers, déclare la chef d'entreprise. Mais avec ces taxes à 25%, des entreprises américaines sont impactées car elles achètent des biens fabriqués en Chine ou elles fabriquent une partie de leur production en Chine."  C'est ce que fait cette société : "Ça nous revient beaucoup plus cher maintenant. On va peut-être devoir faire des coupes dans nos budgets."

De l'abstention, mais de la conviction

Sur le parking de Sterling, de nombreux ouvriers disent qu’ils ne vont pas aller voter mardi, mais ceux qui le feront, pour la plupart, désigneront un candidat local républicain, pour dire leur soutien au président en exercice. "Honnêtement, je pense qu’il a accompli des trucs formidables. Il bouscule un peu les choses, indique une employée. Et c’est formidable qu’on ait à la tête du pays un businessman, un homme d’affaires capables de négocier avec les autres pays, que ce soit sur les importations et les exportations."

Un ouvrier met lui en avant le caractère "authentique" du président qui, dit-il, doit conserver sa majorité au Sénat. "Les démocrates ont tout fait pour le faire perdre. Avec leurs fake news, leurs dossiers bidons, ils essayent de le dégager. Pour moi, ça prouve juste que ce sont eux qui ont quelque chose à cacher", affirme-t-il. "Je ne dis pas que les républicains sont forcément mieux mais il faut que Trump garde sa majorité afin de poursuivre son programme", conclut-il.  

Midterms 2018. Les ouvriers de l'automobile de Détroit ne tournent pas le dos à Donald Trump - un reportage de Grégory Philipps

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