Etats-Unis : on vous explique pourquoi la justice met en cause Donald Trump pour les résultats de la présidentielle en Géorgie

Dix-huit autres personnes sont poursuivies par la justice de l'Etat américain, qui soupçonne des tentatives illicites d'inverser le résultat de l'élection présidentielle en 2020.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Donald Trump le 13 août 2023 à Bedminster (New Jersey, Etats-Unis). (TIMOTHY A. CLARY / AFP)

Cette quatrième inculpation le fera-t-elle, cette fois, dégringoler dans les sondages ? Donald Trump caracole toujours en tête des intentions de vote, malgré des ennuis judiciaires en cascade. Un grand jury a approuvé, lundi 14 août, son inculpation dans un quatrième dossier. L'ancien président des Etats-Unis est cette fois-ci accusé d'avoir tenté d'inverser les résultats de l'élection présidentielle de 2020 dans l'Etat de Géorgie, au sud-est du pays. Franceinfo vous explique pourquoi.

Un "complot" répondant à un "plan" 

Après deux ans et demi d'enquête et avec l'accord d'un grand jury, la procureure Fani Willis a décidé d'inculper l'ancien président pour avoir tenté d'obtenir la falsification des résultats dans l'Etat de Géorgie. Le candidat à la primaire républicaine pour l'élection présidentielle de 2024 est notamment accusé d'extorsion et d'association de malfaiteurs. Il encourt une peine maximale de vingt ans de réclusion.

L'ex-président n'est pas le seul poursuivi dans cette affaire : 18 de ses soutiens sont également mis en cause, dont son conseiller, l’ancien maire de New York Rudy Giuliani, ainsi que son ancien chef de cabinet, Mark Meadows.

Au total, ces 19 personnes devront répondre de 41 chefs d’accusation différents, dont "fausses déclarations et faux documents, usurpation de fonction publique, faux et usage de faux, pressions sur des témoins", une série de délits informatiques ou encore parjure. "Ils ont sciemment et délibérément rejoint un complot visant à modifier illégalement le résultat de l’élection en faveur de Trump", cingle l'acte d'accusation, avant d'affirmer que "ce complot contenait un plan et un objectif communs pour commettre plusieurs actes d’extorsion" dans plusieurs Etats américains. Des mandats d'arrêt ont été émis contre les prévenus, qui ont "la possibilité de se rendre volontairement" avant le 25 août a précisé la procureure, en espérant un procès "dans les six mois".

Un coup de téléphone pour tenter de renverser le résultat en Géorgie

L'enquête a été déclenchée par une conversation téléphonique d'une heure entre Donald Trump et le secrétaire d'Etat de Géorgie, Brad Raffensperger, président du conseil électoral. Le coup de fil remonte au 2 janvier 2021, alors qu'est attendue la certification solennelle de l'élection présidentielle, qui s'est tenue deux mois plus tôt. Le contenu de la conversation a depuis été rendu public. "Je pense qu'il est assez clair que nous avons gagné. Nous avons largement gagné en Géorgie" répète longuement Donald Trump dans le combiné. Tout en dénonçant la "disparition mystérieuse" de 250 000 à 300 000 bulletins de vote et l'intervention d'électeurs venus d'un autre Etat, l'ancien président conteste les résultats obtenus et tente de faire pression sur le secrétaire d'Etat pour réviser les chiffres officiels. Aux mains des Républicains depuis 1992, la Géorgie vient de basculer côté démocrate avec un écart de 11 779 voix.

Brad Raffensperger vient alors de rendre son audit validant le déroulé du scrutin en Géorgie, après avoir procédé à plusieurs recomptages des bulletins de vote. Début janvier 2021, il tente d'abord de ramener Donald Trump à la raison : "Président Trump (...) nous avons dû répondre aux poursuites devant les tribunaux. Nous ne sommes pas d'accord sur le fait que vous avez gagné." Mais l'homme d'affaires américain ne cède rien et continue de marteler le même décompte lui assurant la victoire. "Tous ces chiffres sont certifiés, ou le seront, balaie-t-il. Je veux juste trouver 11 780 votes, soit un de plus que [le retard que] nous avons, car nous avons gagné l'Etat".

Des tentatives de manipulation du matériel électoral

Deux mois plus tôt, lors de l'élection présidentielle, les soutiens de Donald Trump sont suspectés d'avoir tenté de se saisir directement des résultats, via les machines de vote. Le comté rural de Coffee, à 300 km d'Atlanta, concentre l'attention. Une vidéo a révélé que des partisans de Donald Trump ont accédé au local électoral et commis une intrusion dans le matériel informatique électoral du comté.

Selon CNN, l'an dernier, un membre de l'administration Trump a déclaré sous serment que lors de réunions à la Maison Blanche, en présence du président, la saisine des systèmes des machines de vote en Géorgie était planifiée. D'après plusieurs témoignages devant la commission d'enquête parlementaire sur l'assaut du 6 janvier, l'avocat Rudy Giuliani a notamment évoqué, dans le bureau ovale, un moyen d'obtenir un "accès" aux machines de vote, facilité par un officiel en Géorgie. Selon l'acte d'accusation, des soutiens de Donald Trump ont fini par obtenir un accès "injustifié" au système de vote.

De faux grands électeurs réunis pour certifier les résultats

L'acte d'accusation mentionne également un "stratagème", selon MSNBC, "visant à utiliser une supposée bizarrerie de la loi électorale pour remplacer les 16 électeurs présidentiels de l'Etat par une liste alternative non autorisée". Lors de la présidentielle, les citoyens américains votent pour des grands électeurs affiliés à un parti et pas directement pour le candidat qu'ils souhaitent voir accéder au pouvoir. Ces grands électeurs sont ensuite réunis en Congrès, à l'issue du scrutin national, afin d'élire le président des Etats-Unis.

Donald Trump et ses alliés sont donc suspectés d'avoir tenté de modifier les noms de ces grands électeurs en Géorgie. Dans cet Etat, 16 personnes se seraient réunies pour certifier, par un vote frauduleux, la victoire de Donald Trump. Ces résultats devaient être ensuite envoyés comme étant les "vrais" votes électoraux de l'Etat, au Congrès et aux archives nationales. La procureure de Géorgie affirme que parmi ces 16 "faux grands électeurs" supposés, huit ont accepté de coopérer avec la justice, afin d'éviter des poursuites. Une enquête sur des dérives similaires a abouti le mois dernier dans le Michigan à des poursuites contre 16 membres du Parti républicain, une autre est en cours en Arizona.

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