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Violences policières : "L'usage de la force engendre des images qui sont parfois complexes à comprendre pour les citoyens", affirme le ministère de l'Intérieur

Camille Chaize, porte-parole du ministère de l'Intérieur, estime que les manifestations contre les violences policières sont l'expression d'un "ressenti" et qu'il faut "expliquer l'action policière".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
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Des heurts ont éclaté avec les forces de l'ordre mardi 2 juin à Paris lors de la manifestation contre les violences policières. (MICHEL RUBINEL / AFP)

Au lendemain de la manifestation contre les violences policières qui a réuni 20 000 personnes à Paris autour de la famille d'Adama Traoré, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a promis au Sénat que chaque mot raciste d'un policier serait sanctionné. "Quand il y a des fautes, il y a des sanctions et elles sont sévères", a assuré sur franceinfo Camille Chaize, porte-parole du ministère de l'Intérieur. Selon elle, il faut "expliquer l'action policière, expliquer les règles qui encadrent le travail de la gendarmerie et de la police, expliquer nos missions pour rétablir la confiance".

franceinfo : Le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a indiqué que tout mot ou acte raciste de la part d'un policier sera sanctionné. Cela paraît logique, y avait-il vraiment besoin de le rappeler ?

Camille Chaize : C'est la réalité. Par conséquent, il faut le dire et le redire parce que je pense que certains de nos concitoyens n'en sont pas complètement persuadés. Et pourtant, c'est bien comme ça que ça se passe parmi les forces de police, les forces de gendarmerie. Quand il y a un doute, il y a une enquête et quand l'enquête amène des preuves qu'il y a eu des fautes, à ce moment-là, il y a des sanctions. Chez nous, c'est mécanique, c'est connu de tous les policiers qui se savent très contrôlés. Et c'est vraiment très bien comme ça en démocratie que notre État de droit permette ces contrôles. Donc, là-dessus, ça ne fait pas un pli, mais c'est bien de le rappeler parce que je pense que certains de nos citoyens en doutent, comme c'était le cas hier lors de la manifestation devant le tribunal de grande instance de Paris. Et c'est bien de le rappeler, de le marteler. On est contrôlé et quand il y a des fautes, à ce moment-là, il y a des sanctions et elles sont sévères.

Ces doutes, qui sont exprimés par une partie de la population, sont-ils infondés selon vous ?

On ne peut pas dire que c'est totalement infondé dès lors qu'on parle d'un ressenti de quelqu'un qui vit quelque chose. Et son ressenti, en soi, il est légitime et c'est notre devoir de l'écouter et de nous adapter aussi à ce ressenti. Mais ce qui est sûr, c'est que le contexte est compliqué pour nos forces de l'ordre. On est globalement malmenés dans les débats, notamment médiatiques.

On est souvent instrumentalisés, parfois à des fins politiques, et on sait que dans toutes les images que l'on voit, il y a de l'émotion.

Camille Chaize, porte-parole du ministère de l'intérieur

L'usage de la force aussi engendre des images qui sont parfois complexes à comprendre pour les citoyens. Et donc tout ça, il faut l'expliquer. Il faut continuer à expliquer notre travail, à ne pas attiser la haine, à ne pas monter les gens les uns contre les autres, mais plutôt essayer d'enclencher un cercle vertueux, expliquer l'action policière, expliquer les règles qui encadrent le travail de la gendarmerie et de la police, expliquer nos missions pour rétablir la confiance même si elle n'est pas si érodée que ça. On tente un peu de nous déstabiliser dans nos principes républicains et donc il faut continuer à faire cet effort de pédagogie et à renouveler ainsi la confiance de nos citoyens.

Vous évoquez un contexte particulier. Il y a aussi des chiffres qui parlent depuis des années. Selon une étude du CNRS, une personne de couleur noire en France a six fois plus de chances d'être contrôlée par la police. Qu'est-ce qu'on fait par rapport à ces réalités ?

Alors, il y a plusieurs choses et c'est ce qu'on apprend en école de police. Les contrôles au faciès, comme on dit, sont totalement prohibés lorsqu'il y a des contrôles d'identité, par exemple à l'entrée d'un métro. Les policiers et les gendarmes contrôlent de manière totalement neutre les personnes, qu'elles soient jeunes ou âgées, qu'elles soient de couleur. Ce n'est pas le cas dans certaines situations, notamment quand on a des fiches de recherche qui pointent clairement un individu avec une physionomie particulière. Là, on va rechercher un type de personnes ou, par exemple, selon ses effets vestimentaires. Ça peut ne pas être le cas dans certaines situations judiciaires, clairement. Après, lors des contrôles d'identité, de manière plus générale, il n'y a pas de contrôles au faciès et c'est ce qu'on apprend dans les écoles de police

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