Yémen : malgré "la perspective d'une catastrophe", une réunion d'experts à Paris, mais sans chefs d'Etat ni ministres
Une réunion sur le Yémen se tient mercredi à Paris. Des ONG intervenant dans ce pays en guerre depuis quatre ans regrettent que l'objectif d'une conférence ministérielle, et donc décisionnelle, ait disparu.
Le conflit au Yémen a fait plus de 10 000 morts et trois millions de réfugiés en quatre ans. Une réunion humanitaire sur ce pays en guerre est prévue à Paris, mercredi 27 juin, mais les ONG n’attendent pas grand résultat de cette conférence, dont les ambitions ont été revues à la baisse.
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Le principe d'une conférence sur le Yémen avait été annoncé par le chef de l'État français, Emmanuel Macron, lors de la visite à Paris, en avril dernier, du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane. Finalement, il s’agit d’une réunion d’experts et de diplomates, mais sans ministres, ni chefs d'État. Les organismes internationaux comme l’ONU et les ONG présentes sur le terrain ne sont pas autour de la table. Les représentants des rebelles chiites houthis, combattus par les forces gouvernementales, appuyées depuis 2015 par une coalition arabe menée par l'Arabie saoudite, ne sont pas non plus présents. Pourtant, il y a urgence, souligne Jean-François Corty, membre de Médecins du monde (MDM). "Il y a une dégradation des conditions de vie, d’accès aux soins, à l’hygiène, essentiellement due à un blocus total mené par la coalition : l’Arabie saoudite et les Émirats, alerte l'humanitaire. Cela se traduit par la réémergence du choléra, de la diphtérie, de la malnutrition."
Si les choses continuent ainsi, on peut parler d’une forme de famine planifiée, avec une perspective de catastrophe inéluctable.
Jean-François Corty, de Médecins du mondeà franceinfo
Sur la mer Rouge, l’offensive de la coalition sur le port de Hodeida se poursuit. C'est par ce port que transitent des armes, mais aussi 70% de l’aide aux habitants victimes du conflit. C'est pourquoi les ONG appellent la France à améliorer les conditions humanitaires, mais aussi à faire pression sur ses alliés arabes pour faire cesser les bombardements touchant les civils. Cependant, pour ces ONG, les espoirs d’être entendues à la conférence sont bien minces, indique Hélène Legeay, membre de l'Association chrétienne contre la torture (Acat). "C’est organisé par la France et l’Arabie saoudite, donc une partie au conflit, qui commet des crimes de guerre, explique-t-elle, en visant Riyad. Cela pose question." Par ailleurs, ajoute Hélène Legeay, "ce soutien se traduit par la persistance des ventes d’armes à ces deux pays [l’Arabie saoudite et les Emirats] malgré le début du conflit au Yémen et malgré la commission très largement médiatisée de violations graves du droit international humanitaire par ces parties au conflit".
La semaine dernière, la coalition arabe a lancé son propre plan humanitaire sur la région de Hodeida, un plan qui se déroulera conjointement avec les opérations militaires, précisent Riyad et Abou Dabi.
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