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Syrie : que deviennent les jihadistes de Baghouz qui se rendent ?

Les combattants sont enfermés dans différentes prisons selon leur nationalité et leur profil. Certaines familles sont également envoyées dans des camps fermés.

Article rédigé par Aurélien Colly - Édité par Noémie Bonnin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Des familles de jihadistes sorties de Baghouz (Syrie) se rendent aux Forces spéciales kurdes. (RADIO FRANCE)

Les derniers jihadistes quittent Baghouz, en Syrie, alors que la chute du dernier bastion de l'organisation terroriste État islamique est imminente. L'envoyé spécial de franceinfo a constaté cette reddition. Mais que deviennent ensuite ces hommes, parfois accompagnés de leur famille ?

>> EN IMAGES. A Baghouz, la reddition des derniers jihadistes

Des prisons pour les hommes

Pour les combattants, il y a aujourd’hui plusieurs prisons au Kurdistan syrien : à Kobané, Dayrick, et Rmeilane, qui est aussi un centre d’interrogatoire. Les étrangers – Marocains, Turcs, Ouzbeks, Saoudiens entre autres – sont dans ces deux dernières prisons, les "hauts profils" sont transférés dans une prison plus sécurisée à Hasaké, la grande ville du Kurdistan syrien.

Pour les Européens et les Américains, d’après des sources locales, ceux qui ont été arrêtés ces derniers mois ou qui se sont rendus à Baghouz seraient transférés discrètement en Irak, la frontière est à seulement quelques kilomètres de Baghouz. Juste de l’autre côté, il y a Al Qaïm, où les Français et les Américains ont leurs bases. C’est notamment là-bas que sont positionnés les canons français Caesar, qui ont pilonné les jihadistes dans leur retraite de Raqqa jusqu’à Baghouz.

L’avantage, c’est que c’est en territoire irakien. Plus facile au plan géopolitique, comme au plan juridique, puisque l’Irak a accepté de juger les jihadistes de l’État islamique dont le territoire était à cheval sur la Syrie et l’Irak. Plus facile aussi au plan politique, puisque cela règle la question de leur retour en France, qui empoisonne les autorités françaises. Pour les Américains, mieux vaut l’Irak qu’un nouveau Guantanamo.

Des camps pour les femmes et les enfants

Pour les familles, ce ne sont pas vraiment des prisons, mais plutôt des camps fermés. Ils sont plus au nord du Kurdistan syrien. Le premier est Aïn Issa, où se situent environ 8 000 personnes. Ce sont essentiellement les anciens de Raqqa, il y a quelques femmes étrangères, dont des Françaises. Les conditions sanitaires sont plutôt bonnes.

Ensuite il y a le camp de Al Hol, le plus grand, celui qui a accueilli les milliers de civils qui ont abandonné Baghouz. Il est saturé, avec entre 50 000 et 70 000 personnes à l’intérieur. C’est un casse-tête pour le gouvernement autonome kurde, car ces familles sont arrivées dans un laps de temps très réduit, grosso modo entre janvier et ces derniers jours. Les conditions sont très mauvaises, pour ne pas dire déplorables, les personnes sont entassées sous des tentes. Les familles de jihadistes européennes, au profil important y passent, mais sont ensuite transférées dans un troisième camp, aux conditions bien meilleures. C’est le camp de Roj, où il y a notamment la française Émilie König ou la britannique Shamima Begum, qui a été déchue de sa nationalité en février.

Carte des prisons et camps accueillants les jihadistes de Baghouz (STEPHANIE BERLU / RADIO FRANCE)

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