Qui est Emilie König, la jihadiste française placée sur la liste noire des Etats-Unis ?
Son nom a été ajouté, mardi, à la liste des "combattants terroristes étrangers" des Etats-Unis. Si Emilie König ne prend pas part au conflit armé, c'est une figure de proue de la propagande du groupe Etat islamique.
"Nous la connaissons très bien." Les responsables français de la lutte antiterroriste n'ont pas été surpris, mardi 29 septembre, en apprenant l'ajout d'Emilie König à la liste des "combattants terroristes étrangers" des Etats-Unis. "C'est une personnalité dans la communauté jihadiste. Elle est très active sur les réseaux sociaux, diffuse la propagande et réalise le recrutement de volontaires." Selon Washington, la jeune femme aurait ainsi passé l'ordre à des individus "d'attaquer des institutions gouvernementales françaises".
Il y a un an, en septembre 2014, son nom avait déjà été ajouté par les Nations unies à sa liste des personnes associées à Al-Qaïda en Irak. Elle faisait l'objet de sanctions internationales et d'interdictions de voyager.
Une Bretonne "coquette" et "fragile psychologiquement"
A Lorient (Morbihan), une ancienne collègue d'Emilie König se souvient d'une adolescente "joyeuse, heureuse de vivre, une gentille fille coquette", rapporte Ouest-France. Née en 1984 en Bretagne, d'un père gendarme qu'elle n'a pratiquement pas connu, elle est la dernière d'une famille de quatre enfants. Elle suit une scolarité normale et obtient un CAP de vendeuse en alternance. Décrite comme fragile psychologiquement, elle tombe dans la drogue, avant de rencontrer son premier mari, emprisonné pour trafic de stupéfiants.
Elle se radicalise auprès de son mari
Au contact de son époux d'origine algérienne, Emilie König débute son long chemin de radicalisation. Elle apprend l'arabe et décide de se faire appeler "Samra". En 2010, elle se promène en niqab dans les rues de Lorient : "Elle venait prier le vendredi à la mosquée", confie l'Association culturelle et islamique de la ville à Ouest-France. La jeune femme se rend souvent à Paris et se fait remarquer, intégralement voilée, lors de manifestations. En contact avec le groupe islamiste nantais Forsane Alizza, elle commence à distribuer la même année des tracts appelant au jihad.
Convoquée au printemps 2012 au tribunal de Lorient, elle se présente en niqab et refuse de lever son voile, provoquant une altercation avec un vigile. Elle filme alors la scène et la poste rapidement sur YouTube, dénonçant une discrimination. Après la dissolution de Forsane Alizza en 2012 par le ministère de l'Intérieur, elle ouvre plusieurs pages Facebook et appelle à la guerre sainte.
A la suite de ces agissements, le ministère de l'Economie et des Finances prend un arrêté à l'été, interdisant "tout mouvement ou transfert de fonds" au bénéfice de la jeune femme, qui "envisage de se rendre prochainement dans une zone de combat à l'étranger, afin d'y mener le jihad armé."
Propagandiste et recruteuse pour l'Etat islamique
A la suite de ces événements, Emilie König quitte la France en 2012 et laisse ses deux enfants pour rejoindre son mari, parti en Syrie rejoindre le groupe qui allait peu après devenir l'Etat islamique, avant d'être tué. Elle fait partie des premiers Français à avoir franchi la frontière turque pour prendre part au jihad en Syrie.
Si elle ne prend pas part aux combats, dans un mouvement où les femmes ne sont pas considérées comme des combattantes potentielles, mais le plus souvent confinées à des rôles de soutien, Emilie König apparaît souvent dans des vidéos de propagande. Dans l'une d'entre elles, mise en ligne le 31 mai 2013, elle pose avec un fusil à canon scié, comme lors d'un entraînement au tir. Dans une autre, postée un mois plus tard, elle adresse un message à ses enfants restés en France : "N'oubliez pas que vous êtes musulmans, lance-t-elle à ses fils, confiés à leur grand-mère. Le jihad ne cessera pas aussi longtemps qu'il y aura des ennemis à combattre."
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