Cet article date de plus de six ans.

Jihadistes français arrêtés en Syrie : "Ils doivent être jugés sur le sol où ils ont commis leurs exactions", estime Olivier Falorni

Le député divers-gauche de Charente-Maritime ne veut pas que les jihadistes présumés interpellés en Syrie reviennent en France et soient placés dans les prisons où 'il y a déjà "500 condamnés pour terrorisme".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Olivier Falorni, le député divers-gauche de Charente-Maritime, lors des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, à Paris, le 29 novembre 2017.  (MAXPPP)

Plusieurs Français, jihadistes présumés, ont été interpellés mi-décembre dans le nord de la Syrie par les forces kurdes, parmi lesquels Thomas Barnouin, figure des filières jihadistes du Sud-Ouest. Pour le député divers-gauche de Charente-Maritime Olivier Falorni, invité vendredi 29 décembre sur franceinfo, les jihadistes français arrêtés en zone irako-syrienne "doivent être jugés sur le sol où ils ont commis leurs exactions".

franceinfo : Qui doit juger les jihadistes français arrêtés par les forces kurdes ?

Olivier Falorni : C'est aux Etats souverains - irakien ou syrien - de juger ces criminels. Le droit national reconnu de ces pays s'applique. Ils ont commis des exactions là-bas, ils ont franchi des frontières, ils doivent être jugés sur le sol où ils ont commis leurs exactions.

C'est donc au régime de Bachar al-Assad de les juger même s'il a fait libérer de ses geôles des jihadistes au début de la guerre ?

C'est aux Etats souverains, dans lesquels ces individus ont commis des exactions, de les juger. Imaginez une seconde que des Irakiens ou des Syriens aient commis des attentats en France et que la Syrie ou l'Irak exigent immédiatement leur rapatriement, [il y aurait un] tollé légitime de la part des victimes en France. On n'est pas dans une situation où il s'agit d'obtenir une expatriation de je ne sais quel trafiquant de drogue. Je ne vais pas vous faire un panégyrique de Bachar al-Assad. D'ailleurs, des jihadistes français ont été ou seront tués lors de combat et tant mieux. Ce qui m'inquiète le plus ce n'est pas une arrivée massive de jihadistes. Ce qui m'inquiète le plus ce sont les 500 mineurs français, qui, pour la moitié d'entre eux, n'ont même pas cinq ans et qui, eux, sont des victimes. Mais attention, si on ne les traite pas, ils pourront devenir des bourreaux.

Parmi ces jihadistes français arrêtés, certains sont accusés d'avoir participé à la préparation des attentats du 13-Novembre en France. N'est-ce donc pas à la justice française de les juger ?

Thomas Barnouin fait partie de la fameuse "cellule d'Artigat" [Ariège]. Il peut effectivement être partie prenante dans les attentats qui ont eu lieu en France, d'ailleurs il avait déjà été condamné en France. Simplement, l'Etat où il est aujourd'hui détenu doit avoir la possibilité de le juger. Pour la sécurité des Français, très sincèrement, je n'ai pas envie que ces individus reviennent. Parce que s'ils reviennent, ils iront dans des prisons où il y a déjà 500 condamnés pour terrorisme, 1 200 détenus considérés comme radicalisés, où l'on sait bien que les prisons françaises sont des incubateurs à apprentis jihadistes. Je ne veux pas de ces criminels dans les prisons françaises. Il faut savoir aussi que dans les deux ans qui viennent il y aura 70 à 80 personnes condamnées pour terrorisme dans les prisons françaises qui vont sortir. Donc qu'en faisons-nous ?

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.