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Nucléaire iranien : ce qu'il faut retenir après le retrait des Etats-Unis de l'accord international de 2015

Le président américain, Donald Trump, a annoncé mardi le retrait des Etats-Unis de l'accord international sur le nucléaire iranien, signé en 2015. Il a ainsi annoncé le rétablissement des sanctions contre l'Iran, provoquant de vives réactions à l'étranger.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Temps de lecture : 7min
Le président américain, Donald Trump, lors de son allocution télévisée sur l'accord international sur le nucléaire iranien, le 8 mai 2018 à la Maison Blanche, à Washington (Etats-Unis).  (MARTIN H. SIMON / CONSOLIDATED NEWS PHOTOS / AFP)

Il a exécuté ses menaces et tenu sa promesse de campagne. Le président américain, Donald Trump, a annoncé le retrait des Etats-Unis de l'accord international sur le nucléaire iranien, mardi 8 mai. Cet accord datant de 2015, signé par Téhéran, les membres du Conseil de sécurité de l'ONU et l'Allemagne, vise à interdire à l'Iran de chercher à obtenir la bombe atomique, en échange de la levée des sanctions économiques internationales et à condition de laisser inspecter ses sites nucléaires. S'exprimant depuis la Maison Blanche, à Washington, Donald Trump a annoncé le rétablissement des sanctions économiques contre l'Iran, provoquant une vague de vives réactions à l'étranger.

Ce qu'a déclaré Donald Trump

"J'annonce aujourd'hui que les Etats-Unis vont se retirer de l'accord nucléaire iranien", a déclaré le président américain, mardi, au cours d'une allocution télévisée depuis la Maison Blanche. Evoquant un accord "pourri", il a estimé que ce dernier n'avait, depuis sa signature en 2015, "pas apporté la paix" et qu'il "ne l'apportera jamais". "Il a permis à l'Iran de continuer à enrichir l'uranium et d'atteindre la capacité à produire l'arme nucléaire", a affirmé Donald Trump. 

Le président des Etats-Unis a en parallèle annoncé le rétablissement des sanctions contre l'Iran. "Nous allons mettre en place le niveau de sanctions économiques le plus élevé possible" contre Téhéran, a-t-il affirmé. Des sanctions effectives "immédiatement" pour les nouveaux contrats. Les entreprises étrangères, déjà engagées en Iran, auront entre trois et six mois pour en "sortir", avant d'être frappées à leur tour par des mesures punitives leur barrant l'accès aux marchés américains. 

"Aujourd'hui, nous avons la preuve définitive que la promesse iranienne était un mensonge", a martelé Donald Trump. Le président américain a également estimé que "le futur de l'Iran appartient à son peuple", qui mérite un "meilleur" gouvernement. Une petite phrase qui alimente les spéculations sur la volonté de Washington de faire tomber in fine le régime des mollahs. 

Les "regrets" de la France, de l'Allemagne et du Royaume-Uni

Le président français, Emmanuel Macron, a très vite réagi sur Twitter. "La France, l'Allemagne et le Royaume-Uni regrettent la décision américaine de sortir de l'accord nucléaire iranien", a-t-il déclaré, affirmant que "le régime international de lutte contre la prolifération nucléaire est en jeu". Le président a relancé son initiative visant à travailler "collectivement" à un accord plus large, couvrant "l'activité nucléaire, la période après 2025, les missiles balistiques et la stabilité au Moyen-Orient".

Dans un communiqué commun, le chef de l'Etat, la chancelière allemande Angela Merkel et la Première ministre britannique, Theresa May, se sont dits "déterminés à assurer la mise en œuvre" de cet accord, en "maintenant les bénéfices économiques" au profit de la population iranienne. Les trois dirigeants européens s'étaient investis, en vain, pour tenter de convaincre Donald Trump de rester dans l'accord. 

L'Union européenne a quant à elle promis de "préserver" le "plan d'action" de 2015, défendant l'"une des plus belles réussites jamais réalisées par la diplomatie". Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a exhorté les signataires, hors Etats-Unis, à "respecter pleinement leurs engagements".

L'avertissement de l'Iran

Le président iranien, Hassan Rohani, a immédiatement réagi aux propos tenus par Donald Trump. Le dirigeant, qui s'était beaucoup investi dans cet accord en 2015, a accusé son homologue américain de pratiquer "une guerre psychologique".

Après l'annonce de Washington, Hassan Rohani a assuré vouloir discuter rapidement avec les autres signataires de l'accord – les Européens, les Chinois et les Russes. Il a cependant averti que son pays pourrait mettre un terme aux restrictions qu'il a consenties sur ses activités d'enrichissement d'uranium.

"J'ai ordonné à l'Organisation iranienne de l'énergie atomique de prendre les mesures nécessaires [...] pour qu'en cas de nécessité nous reprenions l'enrichissement d'uranium industriel sans limite", a déclaré le président iranien, précisant qu'il attendrait "quelques semaines avant d'appliquer cette décision". Nous parlerons avec nos amis et nos alliés, avec les autres membres de l'accord nucléaire avec lesquels nous mènerons des consultations", a-t-il annoncé. 

Tout dépendra de nos intérêts. S'ils sont assurés, nous poursuivrons le chemin [de l'accord nucléaire] ; si l'accord nucléaire est un papier sans garantie pour les intérêts du peuple iranien, alors nous aurons un chemin clair devant nous.

Hassan Rohani

après l'annonce du retrait des Etats-Unis de l'accord sur le nucléaire iranien

La Russie "profondément déçue", Obama condamne "une grave erreur"

Signataire de l'accord de 2015 sur le nucléaire iranien, la Russie s'est déclarée "profondément déçue" par l'annonce du leader américain, a annoncé mardi le ministère russe des Affaires étrangères, dénonçant "une violation grossière du droit international". "Nous sommes profondément déçus par la décision du président américain de sortir unilatéralement" de l'accord et de "rétablir les sanctions américaines envers l'Iran", a réagi le ministère dans un communiqué.

Le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a au contraire immédiatement soutenu "totalement" cette décision "courageuse". Israël est le plus ferme soutien des Etats-Unis sur ce dossier. Mardi, le nord d'Israël était placé en état d'alerte élevé, devant le risque d'une possible attaque iranienne venue de Syrie. Le royaume sunnite d'Arabie saoudite, grand rival régional de l'Iran chiite, a lui aussi affiché son "soutien". 

Très discret depuis son départ de la Maison Blanche, l'ancien président américain, Barack Obama, a estimé que le retrait des Etats-Unis de l'accord était une "grave erreur". Sans cet accord, "les Etats-Unis pourraient in fine se retrouver face un choix perdant entre un Iran doté de l'arme nucléaire ou une autre guerre au Moyen Orient", a-t-il mis en garde dans un communiqué. "La réalité est claire", a-t-il martelé. L'accord, qui est "un modèle de ce que la diplomatie peut accomplir", fonctionne et "est dans l'intérêt de l'Amérique".  

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