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Guerre entre Israël et le Hamas : quelles sont les conditions posées pour une pause dans les combats et des couloirs humanitaires ?

Israël martèle qu'aucun cessez-le-feu n'est envisageable avant la libération des otages par le Hamas. Les appels de la communauté internationale tournent principalement autour de "pauses humanitaires", sans résultats concrets pour le moment.
Article rédigé par franceinfo
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Un véhicule blindé israélien passant à côté de Palestiniens, dans la ville de Gaza, le 18 novembre 2023. (BELAL AL SABBAGH / AFP)

Quarante-trois jours de guerre. Et des affrontements qui ont déjà fait plus de 12 000 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du Hamas, et 1 200 côté israélien, selon l'Etat hébreu (aucune source sur place n'est en mesure de confirmer ces bilans). L'urgence humanitaire est clamée par toutes les ONG, alors que la réplique israélienne aux attaques terroristes du Hamas se poursuit dans la bande de Gaza, dont plus des deux tiers des habitants ont déjà été déplacés par les affrontements, selon l'ONU.

Cessez-le-feu, pauses humanitaires... Quelles sont les options envisageables par les forces en présence, et à quelles conditions ? Franceinfo fait le point sur les discussions en cours.

Pour Israël : "Il n'y a pas d'alternative à la victoire"

Le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou refuse toute éventualité d'un cessez-le-feu dans l'immédiat. Dans une allocution télévisée le 11 novembre, le dirigeant a expliqué qu'une pause des affrontements ne serait possible que si les 239 otages retenus par les membres du Hamas à Gaza étaient libérés, selon le compte-rendu de l'agence Associated Press.

"La guerre contre [le Hamas] avance à plein régime et elle a un objectif : gagner. Il n'y a pas d'alternative à la victoire."

Benyamin Nétanyahou, Premier ministre israélien

lors d'une allocution télévisée

Le président du Conseil national de sécurité d'Israël, Tzachi Hanegbi, a déclaré vendredi qu'Israël accepterait un cessez-le-feu seulement si le Hamas libérait un nombre "massif" d'otages. "Et il serait très limité et court, car ensuite, nous continuerons à avancer vers nos objectifs de guerre", a-t-il détaillé lors d'une conférence de presse, selon le quotidien Times of Israel.

"Nous ne nous arrêterons pas tant que toutes les capacités militaires et de commandement du Hamas et du Jihad islamique palestinien seront éradiquées."

Tzachi Hanegbi, président du Conseil national de sécurité d'Israël

lors d'une conférence de presse

Le 9 novembre, la Maison Blanche avait annoncé qu'Israël acceptait de mettre en place des "pauses humanitaires" de quatre heures par jour dans le nord de la bande de Gaza, pour laisser aux Palestiniens l'occasion de partir vers le Sud. Israël a contesté, expliquant avoir déjà mis en place cette mesure quotidiennement depuis plusieurs jours, mais qu'il s'agissait d'un "corridor humanitaire" et non d'une "pause", explique le quotidien The Times of Israel.

Pour le Hamas : trève, libérations et aide humanitaire

Pas de négociations pour la libération des soldats israéliens retenus en otage tant que l'armée israélienne n'arrête pas son "agression" sur Gaza. C'était la position tenue par un représentant au Liban de la branche armée du Hamas le 21 octobre, rapporte l'agence turque Anadolu.

Pour ce qui est des autres otages, en revanche, des discussions sont en cours, sous la médiation du Qatar. Quatre otages ont par exemple été libérés en octobre.

La branche armée du Hamas a plus récemment proposé à Israël la libération de près de 70 femmes et enfants otages, en échange d'une trève de cinq jours comprenant "un cessez-le-feu complet et l'autorisation de l'aide humanitaire partout dans la bande de Gaza", ainsi que la libération de 275 femmes et enfants palestiniens prisonniers en Israël, selon un porte-parole du groupe islamiste cité par l'agence Reuters.

La communauté internationale : entre "pauses humanitaires" et retrait des forces israéliennes

Benyamin Nétanyahou bénéficie d'un soutien de poids dans son refus du cessez-le-feu : son homologue américain Joe Biden. Le président des Etats-Unis avait déclaré le 9 novembre qu'il n'y avait "aucune possibilité" pour un cessez-le-feu à Gaza, selon le Washington Post, et que l'offensive israélienne prendrait fin quand le Hamas "n'aura[it] plus la capacité de tuer, violenter et faire des choses horribles" à Israël, rapporte la BBC.

Le 4 novembre, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken avait aussi estimé qu'un cessez-le-feu permettrait au Hamas de "se regrouper et répéter l'attaque du 7 octobre". Mais "la libération d'un grand nombre d'otages entraînerait (...) une pause significative dans les combats et un afflux massif d'aide humanitaire", a promis Brett McGurk, un haut conseiller du président américain Joe Biden pour le Moyen-Orient, cité par l'AFP.

Le Conseil de sécurité de l'ONU va plus loin : il a soutenu le 15 novembre une résolution appelant à des "pauses humanitaires urgentes et prolongées pendant [un] nombre de jours suffisant pour permettre l'entrée de l'aide humanitaire". Les Etats-Unis et le Royaume-Uni se sont abstenus car le texte ne contenait pas de condamnation explicite du Hamas, ainsi que la Russie parce qu'il n'appelait pas à un cessez-le-feu immédiat, mais la déclaration reste importante : c'est la première résolution sur le conflit israélo-palestinien à ne pas recevoir de veto du Conseil de sécurité depuis 2016, rappelle le Guardian.

De leur côté, les dirigeants de 57 pays arabes et musulmans ont réclamé l'arrêt des combats à Gaza et l'entrée immédiate d'aide humanitaire. Ils ont également appelé la Cour internationale de justice, un organe de l'ONU, à ouvrir une enquête sur les attaques d'Israël à Gaza, affirmant que la guerre "ne peut être appelée légitime défense et ne peut être justifiée par aucun moyen", rapporte Associated Press.

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