Guerre entre Israël et le Hamas : dans la bande de Gaza, la "bombe à retardement" des blessures de guerre

Les bombardements israéliens ont repris vendredi sur la bande de Gaza. Depuis le début de cette guerre entre l'État hébreu et le Hamas, plus de 27 000 personnes ont été blessées dans l'enclave. À cause du manque de soins et de moyens, nombre de ces blessés resteront handicapés.
Article rédigé par Etienne Monin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Des Palestiniens blessés sont transportés à l'hôpital suite à une frappe israélienne à Dair El-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, le 13 novembre 2023 (photo d'illustration). (IMAGO/OMAR ASHTAWY \ APAIMAGES / MAXPPP)

La trêve est donc finie. Les combats ont repris vendredi 1er décembre après une semaine de cessez-le-feu entre le Hamas et Israël. En vigueur depuis sept jours, cette trêve a expiré et l'armée israélienne a déclaré avoir repris ses opérations militaires tandis que le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a accusé le Hamas d'avoir "violé l'accord" et "tiré des roquettes".  

Cette pause a permis la libération de dizaines d'otages retenus à Gaza et de trois fois plus de Palestiniens détenus par Israël, ainsi que l'entrée d'aide humanitaire dans le territoire palestinien. Mais pour certains habitants de Gaza, il est déjà trop tard. D'après le gouvernement du Hamas, plus de 15 000 personnes, dont au moins 6150 enfants et jeunes de moins de 18 ans, ont péri dans les frappes israéliennes.

"Catastrophe"

Les bombardements israéliens sont aussi en train de "créer" toute une population de handicapés. D'après les services de santé du Hamas, il y a plus de 27 000 blessés. Les conditions sanitaires sont telles que les risques d’infection sont très importants, et beaucoup de ces personnes vont donc devoir vivre avec de graves séquelles. C'est le cas de Faouzi, 7 ans : il fait partie de ces corps qui sont aujourd'hui brisés par la guerre. Il a été blessé dans des frappes aériennes à Rafah dans le sud de la bande de Gaza et il a dû être amputé de la jambe droite.

Faouzi est aujourd'hui dans le service de la Croix-Rouge internationale et il est donc handicapé comme beaucoup d’autres maintenant. C'est lié à la nature des blessures et aussi, au manque de soins. "Comme on manque de monde, de docteurs, d'infirmiers, comme on n'a pas assez de médicaments, comme il y a une longue liste d'attente pour les opérations, les blessures s'infectent, explique Mohammed Aljazi, infirmier en chef dans l’hôpital européen de Rafah. Ça provoque des amputations ou des destructions massives des tissus. C'est parce qu'on manque de tout. C'est une catastrophe". 

L’hôpital compte 800 blessés pour 240 lits. Le nombre d’infections est "spectaculaire", selon Paul Ley de la Croix-Rouge internationale. 

"Chez nous, en France, ce genre de complications, c'est quelques pourcents. Ici, on est largement au-dessus de 60 ou 70 %"

Paul Ley, de la Croix-Rouge internationale

à franceinfo

L’infection est une "bombe à retardement", explique le médecin de guerre, car elle se manifeste après des mois et avec des conséquences désastreuses. "C'est quelqu'un qui est incapable de marcher sans assistance. C'est de l'arthrose infectée du tibia qui fait mal, qui empêche de prendre appui sur cette jambe-là. Soit vous avez des béquilles, soit vous avez une chaise roulante", décrit-il. 

Gaza a une population très jeune. Plus d’un tiers des blessés dans ce service ont moins de 15 ans. Pour Mohammed Aljazi, le handicap à Gaza est presque une condamnation à la dépendance : "Même les gens en bonne santé ne peuvent pas avoir une vie normale à Gaza. Alors, imaginez pour les handicapés. Rien n'est prévu pour eux ici. Il n'y a pas d'assurance pour les handicapés, ils vont souffrir". Et ils risquent d'être nombreux dans ce cas, puisque pendant l’offensive, beaucoup de blessés sont restés sans soin dans la partie nord de l’enclave.

Dans la bande de Gaza, la "bombe à retardement" des blessures de guerre. Le récit d'Etienne Monin

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