Italie : 100 ans après la marche sur Rome, les antifascistes dans la rue pour tenir tête aux nostalgiques de Mussolini
Le 28 octobre 1922, Benito Mussolini organisait un défilé spectaculaire de ses partisans dans la capitale. Un siècle plus tard et deux jours avant les célébrations des admirateurs du "Duce", les militants antifascistes italiens vont manifester en hommage à la victoire des Alliés. Les autorités locales craignent des débordements.
En chantant Bella Ciao, le célèbre chant des résistants italiens, des centaines d'antifascistes vont défiler vendredi 28 octobre à Predappio, dans le nord de l'Italie, pour célébrer la libération de la ville en 1944 par les Alliés. Une date qui ne doit rien au hasard, explique Gianfranco Miro Gori, le président local de l'Association des partisans d'Italie (ANPI) : "Le sens de cette libération c'était de dire : 'toi, Mussolini, tu as fait la Marche sur Rome [le défilé de 26 000 chemises noires venant de toute l'Italie] le 28 octobre 1922, nous le 28 octobre 1944 nous te chassons de ton village natal'. Symboliquement, c'est très fort, car tout un discours était construit sur Mussolini, fils de l'Emilie Romagne, fils de Predappio, une rhétorique qui racontait la Romagne comme terre natale du fascisme".
"Des deux côté le ton est monté"
Pas de tagliatelles antifascistes, un plat de pâtes partagé entre manifestants comme le propose habituellement l'Association des partisans : cette année, elle organise un grand cortège national mais sans le maire de Predappio Roberto Canali. Alors que Giorgia Meloni et son parti Fratelli d'Italia ont obtenu le pouvoir par les urnes, certains redoutent une dérive autoritaire et l'élu craint pour la sécurité du défilé, même si la manifestation des nostalgiques de Mussolini aura lieu dimanche."Heureusement elles auront lieu à deux moments différents mais la manifestation des partisans se déroule le jour même du centenaire de la Marche sur Rome, rappelle Roberto Canali, donc honnêtement je suis un peu inquiet car c'est un moment un peu particulier et des deux côtés le ton est monté."
"Il peut toujours y avoir le risque de débordement par des franges extrêmes".
Roberto Canali, maire de Predappioà franceinfo
Les nostalgiques qui saluent ainsi le "camarade Mussolini" se rassembleront donc deux jours plus tard. Pour calmer les esprits, Franco d'Emilio, qui présente une exposition sur le centenaire de la Marche sur Rome à Predappio, propose de transformer la crypte du "Duce" en monument national. C'est déjà le cas de sa maison natale, pointe-t-il : "Un monument national a sa propre gestion qui permet d’éviter par exemple que l’accès soit régulé – parce que c’est ainsi que l’on crée la nostalgie et vous voyez ce que je veux dire – donc cela changerait tout. Car dans un monument national il y a l’autorité de l’Etat et ainsi on visiterait la crypte avec les mêmes critères que la visite d’un musée."
À Predappio, Fratelli d'Italia, le parti de Giorgia Meloni, a obtenu près de 37% des votes, soit dix points de plus que la moyenne nationale.
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