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Iran : le président Ebrahim Raïssi, un ultraconservateur face à un vent de révolte

Au pouvoir depuis août 2021, le président iranien, qui appartient à la frange ultraconservatrice du pouvoir, a été sanctionné par les Etats-Unis pour violation des droits de l'homme. 

Article rédigé par franceinfo
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Le président iranien, Ebrahim Raïssi, à New-York (Etats-Unis), le 22 septembre 2022.  (ED JONES / AFP)

Ebrahim Raïssi n'est au pouvoir que depuis un an, mais il doit déjà faire face à l'une des plus importantes crises qu'ait connues l'Iran ces dernières années. Depuis la mort d'une jeune femme de 22 ans lors d'un contrôle par la police des mœurs, une vague de protestation traverse le pays. Jeudi 22 septembre, le président de la République islamique, en première ligne, a promis l'ouverture d'une enquête. En attendant, la répression a pour l'instant fait au moins 17 morts, selon un média d'Etat, 31 selon l'ONG Iran Human Rights (IHR), basée à Oslo.

Alors qui est le président Raïssi ? Le 3 août 2021, il est devenu le premier président iranien ciblé par des sanctions américaines pour son rôle dans des exécutions de masse et dans la répression de manifestations. A 61 ans, son profil est d'abord celui d'un religieux ultraconservateur qui s'est hissé aux plus hauts postes de l'autorité judiciaire.

Issu de la frange ultraconservatrice du régime

Ebrahim Raïssi porte en permanence un turban noir de "seyyed" (descendant de Mahomet). Originaire de la ville sainte de Mashhad dans le nord-est du pays, il est entré au séminaire à 15 ans dans la ville de Qom où il a suivi les enseignements de l'ayatollah Khamenei, rapporte Al Jazeera. Le président est d'ailleurs souvent cité comme un potentiel successeur du guide suprême iranien, dont il est proche. Le président Raïssi est aussi le gendre d'un prêcheur ultraconservateur de Mashhad, connu pour ses discours radicaux, parfois controversés, explique le média arabophone.

Avant de devenir président, Ebrahim Raïssi a été au cœur du système judiciaire pendant trois décennies en Iran. Nommé procureur général de Karaj (près de Téhéran) à seulement 20 ans, peu après l'avènement de la révolution islamique, il obtient le poste de Téhéran en 1994 et deviendra chef adjoint de l'Autorité judiciaire en 2004. Une carrière qui le lie à tous les scandales de violations des droits de l'homme dans le pays depuis la révolution islamique de 1979.

Un ancien juge des "comités de la mort"

De nombreux observateurs lui attribuent notamment des responsabilités dans les exécutions massives de détenus marxistes et de gauche en 1988 lors d'un épisode répression sanglante du régime iranien. Ebrahim Raïssi était l'un des quatre juges qui participaitent à des "comités de la mort" dans des tribunaux secrets pour condamner les gens à la peine capitale, rappelle le Guardian. Des milliers de personnes ont ainsi été exécutées, respectant la fatwa décrétée par l'ayatollah Khomeini.

Aujourd'hui encore, il inquiète les citoyens engagés. "M. Raïssi incarne la pensée autoritaire. Il incarne la fermeture des journaux et le traitement sévère des dissidents et des militants politiques, expliquait en juin au Monde une militante politique iranienne plusieurs fois emprisonnée. L'élection d'Ebrahim Raïssi aura indéniablement des conséquences graves pour nous".

Une interview annulée car la journaliste ne portait pas de voile

Le président iranien impose ses positions rigoristes y compris auprès des médias occidentaux. Mercredi, il a notamment refusé une interview à la chaîne américaine CNN car la journaliste qui devait l'interroger ne portait pas de voile. De passage à New-York pour l'Assemblée générale des Nations Unies, Ebrahim Raïssi avait dans un premier temps accordé cet entretien à la chaîne d'information. Mais à l'heure du rendez-vous, ses équipes ont demandé à la présentatrice chargée d'interroger le président iranien, Christiane Amanpour, de porter un voile pour l'entretien, comme elle l'a raconté sur Twitter.

Les équipes du président iranien ont invoqué "une question de respect" et les fêtes religieuses musulmanes, selon la journaliste, pour justifier leur requête. Christiane Amanpour a refusé de se couvrir la tête, expliquant qu'à New-York, aucune loi n'imposait cela et qu'aucun autre président iranien n'avait formulé cette demande en dehors d'Iran. Ebrahim Raïssi ne s'est finalement jamais présenté pour l'interview.

Une remise en cause de la Shoah

Autre incident avec les médias américains : Ebrahim Raïssi a émis des doutes sur la réalité historique de la Shoah. Interrogé à ce sujet par une journaliste de CBS de l'émission 60 Minutes, Ebrahim Raïssi a répondu : "Les événements historiques devraient être étudiés par des chercheurs et des historiens. Il y a des signes que cela s'est produit. Si tel est le cas, ils devraient pouvoir les étudier et enquêter". Lors de cet entretien, il a également qualifié Israël de "faux régime" et accusé les Etats-Unis de soutenir ce pays pour pouvoir "s'enraciner et s'établir dans la région".

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