Syrie, nucléaire iranien, affaire Skripal... On vous résume les grands enjeux de la rencontre entre Emmanuel Macron et Vladimir Poutine
Le face-à-face s'annonce difficile, malgré des points de convergence comme la volonté des deux chefs d'Etat de maintenir l'accord sur le nucléaire iranien.
Un an après la fastueuse visite de Vladimir Poutine à Versailles, Emmanuel Macron entame jeudi 24 mai son premier déplacement en Russie : il sera accueilli en fin de journée pour une visite officielle de trente-deux heures, sous les ors du Palais Constantin à Saint-Pétersbourg, dans un contexte de confrontation Est-Ouest.
Mais depuis leur précédent face-à-face, les relations se sont tendues entre les deux chefs d'Etat. Syrie, affaire Skripal, accords commerciaux… Les sujets de désaccords ne manquent pas entre Paris et Moscou. Voici les principaux thèmes que Vladimir Poutine et Emmanuel Macron devraient aborder lors de ce tête-à-tête dont le président français espère tirer "des points d'accord communs".
Le nucléaire iranien
C'est le sujet chaud du moment, mais c'est aussi le principal point de convergence entre Emmanuel Macron et Vladimir Poutine. Après le retrait des Etats-Unis de l'accord sur le programme nucléaire iranien, "les présidents russe et français se sont prononcés en faveur du maintien et de la stricte application" de ce texte âprement négocié en 2015, rappelle Le Figaro.
Alors que Washington a menacé lundi l'Iran de lui infliger les sanctions "les plus fortes de l'histoire", Vladimir Poutine et Emmanuel Macron devront faire front en tentant de trouver un terrain d'entente sur l'avenir. Car si Paris, Londres et Berlin militent pour un accord élargi, "Moscou, en revanche, comme Téhéran, veut préserver le texte en l’état" précise Le Monde. Restant discret publiquement dans ce dossier, Vladimir Poutine a mené de nombreux entretiens sur le sujet ces derniers jours.
Le conflit syrien
Les relations franco-russes restent empoisonnées par le conflit syrien. Lors de sa première rencontre à Versailles avec Vladimir Poutine, Emmanuel Macron avait fixé sa "ligne rouge" : l'utilisation d'armes chimiques par le gouvernement syrien. Après une attaque chimique présumée menée dans la ville de Douma, dans la Ghouta orientale, Washington, Londres et Paris avaient conjointement frappé, mi-avril, plusieurs sites stratégiques pour Damas, malgré les avertissements de Moscou, fidèle allié de Bachar Al-Assad.
Mais Emmanuel Macron n'a d'autre choix que d'entretenir le dialogue avec la Russie, qui intervient militairement dans le pays depuis septembre 2015. "Cette opération occidentale ne doit pas faire oublier que c'est la Russie qui reste la puissance déterminante dans ce conflit", analysait à l'époque Cyrille Bret, professeur de relations internationales à Sciences Po Paris, sur franceinfo. "La France a mis de l’eau dans son vin ces derniers mois, ajoute Arnaud Dubien, directeur de l’Observatoire franco-russe, chercheur associé à l’Iris, dans Ouest-France. Elle prend acte du fait qu’elle n’a plus beaucoup de leviers sur le terrain."
La situation en Ukraine
La situation en Ukraine est un autre point de désaccord. Les combats opposant depuis quatre ans le gouvernement pro-occidental et les rebelles pro-russes connaissent un regain ces derniers jours. Malgré les lourdes sanctions infligées par l'Union européenne contre l'économie russe après l'annexion de la Crimée au printemps 2014, Vladimir Poutine s'est récemment mis en scène à la tête d'une dizaine de poids lourds pour inaugurer le pont le plus long d'Europe, reliant la Russie à la Crimée.
"Ce dossier ne bougera pas dans les dix-huit mois qui viennent, du fait des élections présidentielle et législatives de l’an prochain [en Ukraine], prévient Arnaud Dubien. De toute façon, personne ne croit, dans les chancelleries occidentales, que la Crimée puisse un jour revenir à l’Ukraine. Évidemment, ce ne sera jamais admis et l’annexion ne sera jamais reconnue légalement..."
L'affaire Sergueï Skripal
L'empoisonnement de l'ex-espion russe Sergueï Skripal et de sa fille Ioulia le 4 mars dernier à Salisbury (Royaume-Uni) avait abouti à une nouvelle crise diplomatique. Soutenu par ses alliés occidentaux, Londres avait évoqué la responsabilité de Moscou derrière cette tentative d'assassinat, provoquant "la plus grande expulsion croisée de diplomates depuis 1989" souligne Le Monde.
Au total, plus de 150 diplomates russes ont été déclarés non grata dans plus de 26 pays, à commencer par les membres de l'Otan, d'après le quotidien. "Nous avons été très clairs dans notre solidarité avec Londres dans l’affaire Skripal et nous avons montré notre détermination en Syrie, mais cela n’empêche pas de signer des contrats et de travailler ensemble", rappelle l’Elysée.
L'économie franco-russe
Malgré les sanctions, la Russie reste l'un des principaux partenaires économiques de la France. Leurs échanges sont repartis à la hausse en 2017 avec un total de 13,2 milliards d'euros, d'après les chiffres du ministère des Affaires étrangères français.
Emmanuel Macron doit se rendre vendredi au Forum international économique de Saint-Pétersbourg. Il s'agit du principal rendez-vous des milieux d'affaires russes, où le président devrait signer "plus d'une trentaine d'accords" en tant qu'hôte d'honneur, précise La Croix. "Total pourrait notamment prolonger son partenariat avec Novatek pour une deuxième usine de gaz naturel liquéfié dans le Grand Nord russe", ajoute le quotidien.
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