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Frappes en Syrie : "La Russie n'a plus l'entière initiative en Syrie et dans les enceintes internationales"

Cyrille Bret, spécialiste de la Russie, a affirmé dimanche sur franceinfo que, pour l'instant, la Russie "échoue" à être "la puissance politique de résolution et de sortie de cette guerre" en Syrie.

Article rédigé par franceinfo
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La réunion du Conseil de sécurité de l'ONU le 14 avril. (LUIZ RAMPELOTTO/EUROPANEWSWIRE / EUROPANEWSWIRE)

La Russie a échoué à faire condamner par l'ONU les frappes occidentales conduites en Syrie dans la nuit de vendredi à samedi 14 avril. Vladimir Poutine a lui déclaré que les Occidentaux bafouaient le droit international. Interrogé dimanche sur franceinfo, Cyrille Bret, professeur de relations internationales à Sciences Po Paris, spécialiste de la Russie a analysé cette séquence diplomatique pour la Russie.

franceinfo : La Russie vit-elle une séquence internationale compliquée depuis que trois pays occidentaux ont décidé de frapper la Syrie ?

Cyrille Bret : La Russie n'a plus l'entière initiative en Syrie et dans les enceintes internationales. La Russie vit une période plus compliquée depuis l'affaire Skripal qui est étroitement liée à ces opérations, puisqu'elle met en jeu l'utilisation d'armes chimiques, mais sur un autre territoire : le Royaume-Uni.

La Russie a-t-elle été avertie de ces frappes ?

La possibilité de frappes a été annoncée, cela a été le cas l'année dernière quand Donald Trump avait frappé avec une cinquantaine de missiles de croisière. L'essentiel pour les Occidentaux était d'éviter de cibler des soldats russes. L'autre but était de ne pas avoir de confrontation directe entre le système de défense antiaérienne russe et les forces aériennes occidentales.

Ces frappes peuvent-elles inquiéter la Russie ?

Oui, ça la surprend. La Russie dans ses déclarations et sa position s'en tient strictement à une interprétation très étroite de la charte des Nations unies. De telles opérations ne peuvent être autorisées qu'avec un mandat du Conseil de sécurité ou bien en cas de légitime défense, ou bien à l'invitation de l'État concerné. Aucun de ces trois cas n'a été rempli. En revanche, du point de vue occidental, c'est un autre principe juridique qui s'applique : l'interdiction absolue depuis la Convention de 1993 de l'utilisation des armes chimiques. On a donc d'un côté la Russie et de l'autre les Occidentaux, deux lectures et deux positions sur le droit international qui sont incompatibles. Je ne sais pas si la Russie sera de nouveau mise en minorité dans les enceintes internationales, mais ce qui est certain c'est que les points de vue sont inconciliables.

La Russie peut-elle continuer à faire la loi sur place ?

Il faut dépasser les déclarations rhétoriques. Cette opération occidentale ne doit pas faire oublier que c'est la Russie qui reste la puissance déterminante dans ce conflit. C'est elle qui a des troupes au sol et qui depuis l'intervention de septembre 2015 dicte le tempo syrien. Désormais, il va falloir qu'elle montre qu'elle est capable d'être non seulement la puissance militaire hégémonique sur le terrain, mais également la puissance politique de résolution et de sortie de cette guerre. Pour le moment, elle échoue.

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