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Guerre en Ukraine : comment les cours continuent malgré tout dans certaines écoles

Comment continuer à faire l’école en temps de guerre ? En Ukraine, l’enseignement a repris il y a une semaine dans les zones qui ne sont pas les plus touchées par les combats. Des cours en ligne, souvent interrompus par les alertes anti-aériennes, mais qui permettent aux enfants de penser à autre chose. 

Article rédigé par Jérôme Jadot - Eric Audra
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Les élèves de l'école publique francophone de Dnipro, dans l’est de l’Ukraine, venus au sein de l'école exceptionnellement pour l'interview. (ERIC AUDRA / RADIO FRANCE)

"Vouloir, c’est pouvoir" : la devise s’affiche en français sur le fronton de l’école 126. Dans l’est de l’Ukraine, l'école publique francophone de Dnipro a repris les cours. Si dans le hall, des volontaires fabriquent des tissus de camouflage et collectent de l’aide humanitaire, dans les étages, des professeurs, seuls dans leur classe, parlent à leurs élèves via l'ordinateur. 

>>>La guerre en Ukraine vue par les enfants du pays : "Ça fait peur quand on te réveille dans la nuit"

Si tous les cours se font par Zoom, c'est déjà ça de pris, selon la professeure de français. "Quand on travaille, on pense à autre chose. On pense à la vie, pas à la mort", déclare-t-elle avec un rire triste.

Vlad, professeur de français, dans sa classe vide. (JEROME JADOT / RADIO FRANCE)

Ces cours en ligne permettent aussi de maintenir un lien avec les élèves qui ont quitté la ville : près de 400 sur 1 000 élèves. Vlad vient de faire une leçon sur la gastronomie française et il ne parle surtout pas de la guerre.

"Le plus important dans ces cours, c'est de ne pas donner d'informations graves. C'est plutôt d'aider psychologiquement les enfants. J'essaye de donner plus de vidéos décontractées, j'essaye tout simplement de parler aux enfants, de m'intéresser à leur situation."

Vlad, professeur de français

à franceinfo

Et après deux semaines d’interruption au début de la guerre, ce retour à une scolarité presque normale est apprécié. Sophie, 15 ans, est venue saluer ses professeurs car ces cours en ligne lui font du bien : "Ça m'aide à me calmer, à ne pas me sentir horrible. Ça me permet de ne pas réfléchir à cette situation."

"Les enfants ont perdu le futur"

Mais la réalité est parfois dur à oublier. À 12h10, une alerte anti-aérienne retentit. Les cours sont suspendus. Une dizaine de personnes est descendue dans l'abri anti-bombardement au sous-sol. Parmi elles, Marina a interrompu son cours pour venir se réfugier ici.

"C'est un peu la panique. Hier, par exemple, on a eu trois ou quatre alertes. Beaucoup d'écoles en Ukraine sont déjà détruites. On espère qu'à Dnipro, nous sommes en sécurité."

Marina, enseignante

à franceinfo

Pour Nikita élève qui habite dans le quartier, ces sirènes sont très pesantes : "Tu ne sais pas si ce sont des bombardements ou pas. Tu ne sais pas, tu sors et dehors ce sont des ruines." Jusqu’à présent Dnipro a été relativement épargnée, mais la directrice Natalia Pecheronova n’est pas confiante : "C'est terrible, terrible. Les enfants ont perdu le futur !"

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Sur les six écoles francophones publiques d’Ukraine, deux ont déjà disparu en Crimée annexée et dans le Dombass séparatiste. Désormais à une centaine de kilomètres du front, la directrice craint d’être la prochaine sur la liste.

Le reportage de Jérôme Jadot et d'Eric Audra à retrouver ici

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