: Témoignages "Maintenant, tout est perdu" : en Arménie, les réfugiés du Haut-Karabakh tentent de se reconstruire
Des vêtements, des photos, quelques livres : Svetlana fouille dans les sacs où sont entassés les restes de sa vie à Stepanakert. "Je suis encore très stressée, j’ai l’impression de vivre encore dans le Haut-Karabakh, je n’arrive pas à réaliser", reconnaît-elle, très émue.
Une douzaine de jours après la guerre éclair de l’Azerbaïdjan au Haut-Karabakh et la capitulation des Arméniens de la république séparatiste d’Artsakh, l'Arménie s'organise pour accueillir les plus de 100 000 réfugiés du Haut-Karabakh. En visite mardi dans le pays, la ministre des Affaires étrangères Catherine Colonna va "réaffirmer le soutien de la France à la souveraineté et à l'intégrité territoriale” du pays, après la guerre éclair de l'Azerbaïdjan au Haut-Karabakh, et rencontrer des réfugiés.
"Je vais planter un arbre"
L'Arménie déploie des moyens et se mobilise pour leur venir en aide, des institutions étatiques aux petites communes. Après être arrivés à Goris, la ville la plus proche du Karabakh, la plupart des réfugiés sont allés à Erevan, la capitale, ou ont été répartis dans d'autres villes du pays. Beaucoup sont installés dans des hôtels, des centres d'accueil, parfois dorment dans leurs voitures quand il n'y a plus de place nulle part, et les plus chanceux ont pu trouver refuge chez des proches.
Svetlana serre sa petite-fille dans ses bras, elle a trouvé refuge à Kapan, dans le sud de l’Arménie, chez sa fille et son beau-fils : Alexander Kananianne, théologien et linguiste. Lui a quitté le Haut-Karabakh pour l’Arménie dès 2020, après la guerre perdue contre l’Azerbaïdjan. "Je savais que ça allait être la fin du Karabakh, et que nous devions emporter nos artefacts historiques les plus importants, les documents, les archives...", explique-t-il avec tristesse. "Bien sûr, personne n’a voulu m’écouter. Et maintenant tout est perdu."
Tout, ou presque. Svetlana manie avec délicatesse un sachet plastique plein de terre, la terre du Karabakh : "Je vais planter un arbre", promet-elle. Mais elle en gardera, pour qu'à sa mort, on dépose un peu de cette terre sur sa tombe.
L'enclave semble déserte, depuis la guerre éclair : sur les 120 000 habitants arméniens estimés dans le Karabakh, il n'en reste qu'une poignée, âgés, isolés. Une mission de l'ONU s'est rendue sur place dimanche, en passant par l'Azerbaïdjan, qui administre désormais la région.
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