Reportage Haut-Karabakh : à Goris, la ville arménienne la plus proche, les réfugiés survivent dans des conditions précaires

L'enclave du Haut-Karabakh s'est quasiment vidée de ses habitants. En quelques jours, plus de 100 000 habitants ont fui vers l’Arménie, selon le dernier décompte des autorités d'Erevan.
Article rédigé par Timour Öztürk - avec Alexandre Abergel et Maritare Maritarian
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Des réfugiés du Haut-Karabakh ont envahi la place de Goris, en Arménie, le 29 septembre 2023. (ALAIN JOCARD / AFP)

Sur la place de la mairie de Goris, près du théâtre, Slavik fouille dans un sac plastique plein de vêtements. "Je n'ai rien pu prendre que ce que je porte sur moi, explique-t-il. Ces vêtements m'ont été donnés ici. Je suis désespéré, nous sommes désespérés". Cet Arménien du Haut-Karrabach ne sait pas où il va passer la nuit. Il hausse les épaules, l’air résigné. 

Selon Nazeli Baghdassarian, la porte-parole du Premier ministre arménien, plus de 100 000  Arméniens ont fui l’enclave du Haut-Karabach sur 120 000 habitants officiels, après l'offensive victorieuse de l'Azerbaïdjan et le décret proclamant la cessation d’existence de la république autoproclamée. Cette région à majorité chrétienne, qui avait fait sécession de l'Azerbaïdjan à majorité musulmane à la désintégration de l'URSS, s'est en effet opposée pendant plus de trois décennies à Bakou. 

>> Haut-Karabakh : sept questions pour comprendre pourquoi l'Azerbaïdjan et des séparatistes soutenus par l'Arménie se disputent cette région

De grandes tentes ont été dressées par la Croix-Rouge mais il n’y a pas de place pour tout le monde. L’association d'aide humanitaire a demandé un peu plus de 20 millions d'euros pour répondre aux besoins humanitaires croissants face à cet exode massif auquel l’Arménie n’est absolument pas prête à faire face. 

Navart, 64 ans, originaire de Stepanakert, a, elle, réussi à trouver une place. Elle est assise sur une chaise, emmitouflée dans une couverture. "La priorité maintenant c'est de trouver un abri, confie la femme. Mais il n'y en a pas assez pour tout le monde. On ne sait pas ce qu'on va faire dans les jours qui viennent". À ses côtés, sa fille explique qu'elles ne veulent plus vivre à proximité de l'Azerbaïdjan. "On nous a proposé un hébergement dans des villages proches de la frontières mais nous avons peur de nous y installer car nous craignons de nouvelles attaques." 

Chacun pour soi

Beaucoup font le choix de partir vers le nord, pour la capitale, Erevan, à environ quatre heures de route. C'est le cas de Tobin qui raconte : "On a passé la première nuit dans la voiture à conduire. On va essayer de trouver quelque chose à Erevan. Quelque chose à louer, pour y rester un moment. Après, rien n'est clair. Mais nous avons confiance en Dieu."

Sur la route entre Goris et Erevan, des milliers de réfugiés du Haut-Karabakh tentent de rejoindre la capitale arménienne, le 29 septembre 2023. (TIMOUR OZTURK / RADIO FRANCE)

Ce jeune trentenaire aux yeux bleus n'attend pas grand-chose du gouvernement arménien qui a annoncé le versement de 100 000 drams, l'équivalent de 250 euros, à chaque réfugié. "Apparemment, c'est chacun pour soi. C'est une question politique, c'est difficile d'y répondre", admet-il. 

"Qu'est-ce que ça veut dire de donner 250 euros à des gens qui ont perdu leurs maisons et leurs terres?"

Tobin, un réfugié du Haut-Karabakh

à franceinfo

Sur la place de la mairie de Goris, une femme âgée qui n’a pas trouvé de place dans une tente fond en larmes. Un jeune volontaire de la Croix-Rouge la prend dans ses bras pour la consoler.

Haut-Karabakh : reportage de Timour Ozturk avec les réfugiés en route vers Erevan

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