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Disparition du Boeing MH370 : l'hypothèse d'un détournement se renforce

De nouvelles informations indiquent un changement radical de cap et une coupure des systèmes de désactivation, la piste d'un détournement devient crédible. Francetv info fait le point.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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A l'intérieur du cockpit d'un Boeing 787, le 20 mai 2013 à Chigaco (Illinois) aux Etats-Unis. (SCOTT OLSON / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP )

Le Boeing 777 a-t-il été détourné ? Le scénario d'un changement "délibéré" de trajectoire du vol MH370 se renforce samedi 15 mars, ce qui place les pilotes et les passagers au centre de l'enquête. Quand il a disparu des écrans radars, le Boeing se trouvait alors à mi-chemin entre les côtes de Malaisie et du Vietnam, une heure après son décollage de Kuala Lumpur, à destination de Pékin. Il transportait 239 personnes, dont quatre Français. Francetvinfo fait le point sur les avancées de l'enquête.

L'hypothèse d'un détournement se renforce

Vendredi, le New York Times révélait que l'appareil avait subi des changements importants d'altitude et de trajectoire après avoir perdu le contact avec le sol. Un spécialiste de la sécurité aéronautique à la City University de Londres (Royaume-Uni), cité par le quotidien américain, affirme "qu'un acte délibéré dans le cockpit de l'avion pourrait avoir causé ces changements d'altitude (...) Aussi lourds soient les avions, il est très difficile pour eux de chuter abruptement."

Le Premier ministre de Malaisie Najib Razak a annoncé samedi que des données de radars et de satellites indiquaient une désactivation des systèmes de communication et un changement radical du cap du vol MH370 de Malaysia Airlines. L'appareil a continué sa route pendant près de sept heures après la rupture des contacts. Si la Malaisie "ne peut pas confirmer" le détournement de l'avion, les mouvements de l'appareil "sont cohérents avec une action délibérée de quelqu'un à l'intérieur de l'avion", a déclaré Najib RazakLes enquêteurs ont par conséquent "déplacé leur enquête sur l'équipage et les passagers".

Les pilotes au centre de l'enquête

Depuis les attentats du 11 septembre 2001, l'Organisation internationale de l'aviation civile a fixé des règles de sécurité très strictes pour les cockpits. Leurs portes sont blindées pour résister aux balles, et doivent être verrouillées de l'intérieur avant le décollage. Il est donc très difficile pour des passagers de s'introduire dans le cockpit pour détourner un avion.

Paul Yap, expert en aviation à l'école Temasek Polytechnic de Singapour, évoque donc la possibilité de "'l'action délibérée' est l'oeuvre d'un des deux pilotes, ou des deux"Le vol était sous le commandement du pilote Zaharie Ahmad Shah, 53 ans. Samedi, des perquisitions se sont déroulées au domicile du pilote. Plusieurs personnes décrivent un "pilote accompli", passionné d'aviation et d'un naturel doux. Il travaille pour la compagnie malaisienne depuis 1981 et compte 18 365 heures de vol.

Le copilote, Fariq Abdul Hamid, 27 ans, a rejoint Malaysia Airlines à 20 ans. Cette semaine, une Sud-Africaine a indiqué à la télévision australienne avoir été invitée dans le cockpit par Fariq Abdul Hamid en 2011, alors que depuis les attentats de 2001 il est formellement interdit d'inviter tout passager dans la cabine pendant le vol.

Les passagers suspects

Autre hypothèse évoquée par Paul Yap : "Des terroristes obligent les pilotes à changer de trajectoire et coupent par la force les transpondeurs, en menaçant peut-être de tuer des passagers"Le transpondeur, qui transmet vitesse et localisation d'un avion, a été désactivé au moment où l'appareil a atteint sa vitesse de croisière, selon les analystes. Les pirates du 11 septembre 2001 avaient éteint les transpondeurs de trois des quatre avions détournés.

S'il s'agit d'un détournement, les soupçons se porteront sur les deux passagers munis d'un passeport voléInterpol a identifié les deux hommes qui sont Iraniens. Les deux documents avaient été dérobés en ThaïlandeArrivés en Malaisie depuis le Qatar, les jeunes gens comptaient se rendre en Europe via Pékin, avait indiqué Interpol. Le patron de l'organisation internationale, Ronald Noble, estimait qu'il ne s'agissait probablement pas de terroristes, mais sans doute juste des clandestins.

AdamDolnik, professeur à l'université de Wollongong en Australie, doute de la piste terroriste. Une organisation telle qu'al-Qaïda "aimerait beaucoup faire plonger un avion" mais pourquoi prendre pour cible un appareil de Malaysia Airlines ?, s'interroge-t-il en substance. Quant aux passeports volés, ils ont un parfum d'amateurisme, selon lui. Il note aussi qu'aucune revendication n'a été émise jusqu'à présent.

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