Barrage de la Renaissance : Washington propose une médiation à l'Ethiopie et à l'Egypte, en conflit sur la répartition des eaux du Nil
La tension monte entre Le Caire et Addis-Abeba au sujet du grand Barrage de la Renaissance. L'Egypte craint que son remplissage n'entraîne une réduction du débit du Nil.
La question du partage des eaux du Nil empoisonne les relations entre l'Egypte et l'Ethiopie depuis 2012, date du début de la construction du Grand barrage de la Renaissance sur le Nil bleu. Aujourd'hui, l'Ethiopie veut remplir rapidement les eaux de son barrage, le plus grand d’Afrique, l’Egypte s’y oppose. Le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, et le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, tentent vainement depuis des années de trouver un terrain d’entente sur le fond. Ils se sont de nouveau retrouvés à Sotchi, en marge du sommet Russie-Afrique organisé par Vladimir Poutine.
Selon le ministère égyptien des Affaires étrangères, le remplissage, s’il est trop rapide, est susceptible d'entraver l'approvisionnement en eau côté égyptien. Le Grand barrage de la Renaissance est censé devenir la plus grande centrale hydroélectrique d'Afrique, avec une production de 6 000 mégawatts.
Le ton monte entre Le Caire et Addis-Abeba
Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a déclaré le 22 octobre 2019 devant le parlement de son pays "qu’aucune force ne pourrait empêcher l’Ethiopie de finir le barrage". Et d'ajouter : "Si nous devons entrer en guerre, nous pouvons mobiliser des millions de personnes." Des propos belliqueux qui montrent l’exaspération de celui qui vient de recevoir le prix Nobel de la paix. Outre ses mérites personnels, il se peut que ce prix prestigieux ait été attribué au Premier ministre éthiopien en vue de calmer les tensions dans la région.
Le Caire a annoncé avoir accepté "immédiatement" une invitation américaine pour une rencontre entre les ministres égyptien, soudanais et éthiopien des Affaires étrangères afin de "débloquer l'impasse" dans les négociations au sujet du Grand barrage de la Renaissance. Quant à Addis-Abeba, qui a toujours refusé tout intermédiaire dans les négociations, pourrait finalement, face aux réelles menaces de conflit, accepter la proposition américaine d'une rencontre ministérielle avec le Soudan et l'Ethiopie à Washington.
Les dernières discussions, qui se sont déroulées début octobre 2019 à Khartoum entre l'Egypte, le Soudan et l'Ethiopie, avaient une fois encore abouti à une "impasse", selon Le Caire.
Les négociations n’ont pas beaucoup avancé depuis neuf ans
Le Nil Bleu, qui prend sa source en Ethiopie, rejoint le Nil Blanc à Khartoum pour former le Nil, qui traverse le Soudan et l'Egypte avant de se jeter dans la Méditerranée. L'Egypte demande un minimum annuel garanti de 40 milliards de m³ –ce à quoi l'Ethiopie n'a pas donné son accord – et évoque un "droit historique sur le fleuve, garanti par une série de traités".
L'Ethiopie a annoncé que le gigantesque barrage de 4 milliards de dollars devrait commencer à produire de l'électricité d'ici à la fin 2020 et sera complètement opérationnel d'ici à 2022. L’eau du Nil est vitale pour l'Egypte et les autres pays de la région, l'absence d'accord pourrait susciter un grave conflit. L’Egypte, aujourd’hui dotée de plusieurs avions Rafale, a même menacé de bombarder le grand barrage éthiopien.
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