Visas pour les pays du Maghreb : "décision injustifiée" pour le Maroc, "disproportionnée" pour l'Algérie
Rabat et Alger "prennent acte" de la décision de Paris de réduire le nombre de visas accordés aux ressortissants du Maroc, de l'Algérie et de la Tunisie.
Le Maroc a déploré la décision de la France de durcir les conditions d'obtention des visas à l'égard des ressortissants du royaume. "Nous avons pris acte de cette décision, nous la considérons comme injustifiée", a déclaré le chef de la diplomatie marocaine Nasser Bourita, lors d'une conférence de presse avec son homologue mauritanien Ismaël Ould Cheikh Ahmed. Paris a annoncé la réduction du nombre de visas accordés aux ressortissants du Maroc, de l'Algérie et de la Tunisie en raison du "refus" de ces pays du Maghreb de délivrer les laissez-passer consulaires nécessaires au retour des immigrés refoulés de France. Selon le ministère français de l'Intérieur, le Maroc a délivré 138 de ces documents entre janvier et juillet, avec "un taux de coopération" de 25%.
"La décision (de la France) est souveraine. Le Maroc va l'étudier, mais les raisons qui la justifient nécessitent de la précision, un dialogue, car elles ne reflètent pas la réalité"
Nasser Bourita, ministre marocain des Affaires étrangèreslors d'une conférence de presse
La France a délivré 18 579 visas en 2021 pour 24 191 demandés par des Marocains, un nombre par ailleurs très nettement en baisse. A titre de comparaison, en 2019, avant la pandémie de coronavirus, elle en délivrait 346 000 pour 420 000 demandes.
"Décision malencontreuse"
A Alger, la décision française a été jugée "disproportionnée" et "malencontreuse" par Amar Belani, envoyé spécial du gouvernement chargé de la cause du Sahara occidental et des pays du Maghreb Arabe. "Nous prenons acte de cette décision disproportionnée et nous la déplorons", a déclaré ce haut responsable à l'agence officielle APS.
"(La décision) est malencontreuse car elle intervient à la veille du déplacement d'une délégation algérienne à Paris dans le but de faire le point sur tous les cas en suspens et de déterminer le mode opératoire le plus satisfaisant en vue de renforcer la coopération dans le domaine de la gestion de l'immigration irrégulière"
Amar Belani, envoyé spécial chargé de la cause du Sahara occidental et des pays du Maghreb arabeà l'APS
Selon les chiffres du ministère de l'Intérieur, l'Algérie a délivré entre janvier et juillet 2021 un total de 31 laissez-passer consulaires pour 7 731 obligations de quitter le territoire français (OQTF) prononcées, et 22 expulsions réalisées, soit un taux d'exécution de 0,2%.
Pas de réaction à Tunis
La Tunisie n'a pas officiellement réagi. En 2021, le taux d'éloignement, soit le ratio entre le nombre de personnes sous OQTF et le nombre de personnes effectivement expulsées, est tombé à 4% en 2021 pour la Tunisie contre 8% en 2020, 19% en 2019. Entre janvier et juillet cette année, 131 Tunisiens ont été expulsés sur les 9 000 obligations à quitter le territoire français. Pour le quotidien La Presse, cette réaction si "dure" de la France s'expliquerait par "le calendrier politique".
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