Visas France/Maghreb : "Cela m'inspire beaucoup de révolte", s'insurge le président de la Cimade
La France durcit les conditions d'obtention des visas à l'égard du Maroc, de l'Algérie et de la Tunisie car ces pays "n'acceptent pas de reprendre des ressortissants" expulsés par la France, a justifié mardi Gabriel Attal, le porte-parole du gouvernement.
Le durcissement des conditions d'obtention de visas à l'égard de la Tunisie, du Maroc et de l'Algérie "m'inspire beaucoup de révolte", a réagi mardi 28 septembre sur franceinfo Henry Masson, président de la Cimade, association de soutien aux migrants. Il a regretté que cette politique ressemble à "une sorte de contrepartie, de négociation, d'une coopération avec ces pays à la lutte contre l'immigration clandestine".
Henry Masson rappelle la signature en 1962 des accords d'Évian avec l'Algérie qui prévoyaient "la libre circulation entre nos deux pays", puis précise que "bien entendu cela n'a pas duré longtemps, mais aujourd'hui nous avons une décision qui va tout à fait à l'encontre de cette libre circulation qui avait été remise en cause assez rapidement". Pour le président de la Cimade, "c'est aussi l'application d'une politique européenne qui avait déjà donné lieu à des accords avec le Maroc et la Tunisie. 'Je te donne plus de visas, mais en même temps tu me donnes des autorisations de réadmissions sur ton territoire de personnes que nous ne souhaitons pas sur le territoire français'". Henry Masson ajoute que cette politique s'est "renforcée" avec "les nouveaux codes des visas Schengen qui datent de 2020".
"C'est la première fois que la France assume cette politique et l'affirme clairement"
Henry Massonfranceinfo
Henry Masson trouve "particulièrement choquant" d'appliquer cette politique "particulièrement avec trois pays avec lesquels nous avons des relations très fortes depuis extrêmement longtemps".
Le président de la Cimade a par ailleurs appelé à "changer très profondément les grands thèmes de notre politique migratoire". Il a comparé la politique migratoire française à celle adoptée en Allemagne et où l'on "prononce beaucoup moins d'obligations de quitter le territoire que la France".
"Dès que quelqu'un se trouve illégalement sur le territoire allemand, on s'interroge assez longuement sur la capacité qu'aurait le pays à lui accorder un titre de séjour. En France, lorsque quelqu'un est en situation irrégulière, automatiquement on prononce une obligation de quitter le territoire français. Ça n'a pas de sens", a-t-il expliqué. Pour Henry Masson, "il faut changer très profondément le principe de décision d'expulsion".
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