Cet article date de plus de cinq ans.

Mozambique : la Renamo, principal parti d'opposition, confirme Ossufo Momade à sa tête

Ossufo Momade a été officiellement élu à la tête de la Renamo pour succéder à Afonso Dhlakama, décédé le 3 mai 2018. Ce dernier était sur le point d’aboutir à un accord de paix avec le gouvernement, après plusieurs mois de négociations.

Article rédigé par franceinfo Afrique
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Ossufo Momade, ancien secrétaire général de la Renamo, principal parti d'opposition au Mozambique, lors d'une conférence de presse à Beira, le 5 mai 2018. M. Momade a pris la tête du parti après la mort d'Afonso Dhlakama deux jours plus tôt.   (ADRIEN BARBIER / AFP)

Ossufo Momade, 58 ans, a reccueilli 410 voix contre 238 à son principal rival Elias Dhlakama, le fils de l'ancien leader historique de l'opposition, Afonso Dhlakama, selon l'AFP. Ossufo Momade est député au Parlement mozambicain depuis 1999. Secrétaire général de Renamo de 2007 à 2012, il a ensuite dirigé le secteur militaire du parti. Depuis le 5 mai 2018, cet ancien guérillero assurait l'intérim à la direction de la Renamo et avait réussi a trouver un terrain d'entente avec le chef de l'Etat Filipe Nyusi.

D'ex-rebelles nommés dans l'armée

A la mi-décembre 2018, trois généraux de la Renamo ont été nommés aux postes clés de directeurs des opérations, de l'information militaire et des communications, selon l'AFP.  Cela doit contribuer à promouvoir "la paix, l'harmonie, la réconciliation nationale et le renforcement de la démocratie et amorcer le processus de désarmement, démobilisation et réintégration des combattants de la Renamo", dans l'armée régulière, a indiqué le ministère de la Défense. Le désarmement et l'intégration d'anciens rebelles de la Renamo dans la police et l'armée était un point clé des pourparlers de paix entre le principal parti d'opposition et le gouvernement mozambicain. Les deux camps rivaux sont également tombés d'accord sur la décentralisation des pouvoirs dans les provinces, qui ferait l'objet d'une importante réforme. 

Mais les relations restent toutefois tendues entre le pouvoir et le principal parti d'opposition. Lors du scrutin municipal du 10 octobre 2018, remporté par le Front de libération du Mozambique (Frelimo) au pouvoir, et même pendant la campagne, la Renamo l'avait accusé de lui avoir "volé" la victoire dans cinq municipalités, mettant en cause de récentes réformes électorales. Des élections générales sont prévues en octobre 2019.

La Renamo a repris les armes en 2013

La mort inattendue d'Afonso Dhlakama en mai 2018 avait pris de court tout un pays. "Je continuerai sur le chemin que nous avons entamé ensemble, celui qui conduit à la paix", avait assuré M. Nyusi en prononçant son éloge funèbre à Beira. Plus dubitatif, Alex Vines, du centre de réflexion britannique Chatham House, estimait que la disparition du chef historique de la Renamo allait "compliquer les efforts de paix". C'est ce qu'il avait déclaré à l'AFP en mai 2018, soulignant que "M. Dhlakama centralisait le pouvoir, au sein de la Renamo".  

Ancienne guérilla transformée en parti politique à la fin de la guerre civile (1977-1992), la Renamo avait repris les armes en 2013 dans le centre du territoire pour dénoncer la mainmise absolue du parti au pouvoir, le Front de libération du Mozambique (Frelimo), depuis l'indépendance du pays en 1975.

Insurrection djihadiste depuis un an

En décembre 2016, M. Dhlakama avait proclamé un cessez-le-feu unilatéral dans le but de faire avancer les négociations de paix avec le gouvernement. L’ancienne rébellion qu'il dirigeait avait combattu le Frelimo lors de la guerre civile, qui a fait plus d'un million de morts.

Outre les négociations de paix avec la Renamo, le président Filipe Nyusi doit faire face depuis plus d'un an à une insurrection djihadiste dans la province du Cabo Delgado, riche en réserves de gaz. Plus d'une centaine de civils ont été tués et des milliers d'autres contraints à quitter leurs villages, systématiquement incendiés.

Ossufo Momade a choisi de vivre dans les montagnes de Gorongosa, au centre du pays. C'est là que s'était réfugié le chef historique de la Renamo, traqué par le régime de Maputo, pour diriger ses opérations militaires de 2013 à 2016. Et c'est là que le parti, qui l'a élu à sa tête, a tenu son Conseil national.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.