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Mozambique: l'exode des populations du nord à cause de la violence islamiste
La province de Cabo Delgado, dans le nord du Mozambique, continue à être touchée par la violence islamiste. Qui provoque désormais un véritable exode de la population locale. Plusieurs milliers de personnes auraient ainsi quitté la région pour échapper aux violences. Les victimes mettent en cause la lenteur des autorités à réagir.
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Pour protéger ses cinq enfants, elle n'a pas eu d'autre choix que la fuite. Face à l'océan Indien, Fatima Uaide attend désormais un bateau qui voudra bien l'emmener au large. Loin de la terreur islamiste qui sévit dans l'extrême nord du Mozambique.
«Je vais sur l'île de Matemo», explique l'agricultrice, les pieds dans l'eau dans l’attente de l’embarcation. Il y a quelques jours, elle a quitté précipitamment son village de Nathuco visé par les shababs. Ces jeunes musulmans fondamentalistes multiplient les attaques meurtrières dans la province du Cabo Delgado. «J'ai tout laissé derrière moi. C'est la saison de la récolte du riz et je vais tout perdre. On va sûrement avoir faim mais il vaut mieux partir pour sauver les enfants», raconte Fatima.
Comme elle, ils seraient plusieurs milliers à avoir pris la route de l'exode pour échapper aux violences islamistes.
Le bilan de la récente vague de raids dans cette région mozambicaine à majorité musulmane fait froid dans le dos: plus d'une trentaine de civils tués, certains décapités, de nombreux blessés, des centaines de maisons pillées et brûlées...
Prise de panique, la population a déserté de nombreux hameaux de la région. Certains ont pris la direction de la côte pour rallier tant bien que mal les îles de l'archipel des Quirimbas, d'ordinaire réservées aux touristes fortunés. D'autres ont trouvé refuge à Macomia, le chef-lieu du district du même nom, où l'armée s'est déployée en force. Certains ont pris la fuite vers Pemba, la capitale de la province, à 200 km au sud.
«Nous n’avons encore reçu aucune aide»
«J'ai préféré quitter le village pour des raisons de sécurité, (…) en attendant que la situation s'améliore», confie Atanasio Nacir, le directeur de l'école publique de Naunde, cible d'une récente attaque.
Plus de la moitié des quelque 2300 habitants de son village ont fait de même, dans la plus totale confusion. «Nous vivons des jours très difficiles à cause des attaques barbares qui ont déstabilisé la région et provoqué de nombreuses morts, des déplacements, l'abandon de villages et la fin de la vie normale», résume le père Luiz Fernando Lisboa, du diocèse catholique de Pemba.
De nombreux habitants du district de Macomia ont été subitement plongés dans la plus extrême précarité. Ils se sont retrouvés sans toit, sans nourriture, sans accès à l'eau. «Ce dont nous avons avant tout besoin, ce sont des tentes pour abriter ceux dont les maisons ont été brûlées», s'inquiète le chef du village de Naunde, Mauricio Miranda. «Beaucoup de familles sont contraintes de dormir à la belle étoile, sous les arbres. Nous n'avons encore reçu aucune aide», ajoute-t-il.
Les conditions de survie des déplacés qui ont réussi à gagner les îles de Matemo et Ibo semblent tout aussi difficiles. «Certaines familles hébergent sous leur toit plus de dix personnes. La situation est totalement chaotique, les déplacés ne bénéficient d'aucune aide», rapporte un tour-opérateur local sous couvert d'anonymat.
«Pas de réponse adéquate à la crise»
Mises en cause pour la lenteur de leur réaction, les autorités locales et le gouvernement affirment avoir pris la mesure de la situation et organisé la riposte. Le 13 juin 2018, les premiers camions d'aide sont arrivés dans la localité de Naunde, dévastée par les islamistes dans la nuit du 4 au 5 juin. Avec l'aide des militaires, les véhicules ont apporté nourriture, vêtements, seaux, outils et matériaux pour la reconstruction des maisons.
«Ce soutien est la manifestation de la solidarité du gouvernement et de la population de la province du Cabo Delgado. Après cette tragédie (...), nous appelons tout le monde à avancer et à reprendre au plus vite une vie normale», souligne la chef du district de Macomia, Joaquina Nordine.
Cette aide d'urgence n'est toutefois pas totalement désintéressée. En échange, les autorités espèrent une meilleure collaboration des populations dans la traque aux islamistes. «Nous appelons la population (...) à aider le gouvernement à combattre et éliminer totalement ce mal», déclare ouvertement Mme Nordine.
Mais l'arrivée des premiers secours est loin d'avoir calmé les critiques. «Malheureusement, ces terribles événements n'ont pas reçu de réponse adéquate du gouvernement central», déplore, amer, le père Luiz Fernando Lisboa. Et de remarquer que l’Institut national de gestion des calamités n'a pas été mobilisé pour venir en aide aux victimes des attaques islamistes. Car elle attend toujours que le gouvernement déclare l'état d'urgence. Et sur son site, on peine à trouver une référence à la crise…
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