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Sahara Occidental : une visite de l’ancien émissaire de l’ONU Christopher Ross à Tindouf irrite le Maroc

Au moment où le Conseil de sécurité de l’ONU renouvelle pour un an le mandat de la MINURSO au Sahara occidental, une visite de l’ancien émissaire des Nations Unies aux camps sahraouis dans le sud de l’Algérie soulève des critiques marocaines.

Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3 min
Photo d'archives de l'envoyé spécial des Nations Unies au Sahara occidental Christopher Ross (C) escorté par des responsables du Front Polisario et des militaires peu de temps après son arrivée à Tindouf, le 22 février 2009. (STR / AFP)

Par 13 voix pour et deux abstentions, celles de la Russie et l’Afrique du sud, le Conseil de sécurité de l’ONU a renouvelé le 30 octobre 2019 pour un an la mission de la MINURSO chargée d’organiser un référendum sur l’avenir du Sahara occidental.

Un changement par rapport à 2018 quand Washington avait réussi, sous l’impulsion de John Bolton, l’ex-conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump (qui menaçait, lui, de carrément supprimer la mission), à imposer contre l’avis de la France et du Maroc des renouvellements de six mois en six mois, "pour mettre la pression sur les parties", souligne l’AFP.

Un revirement dû à l’absence d’émissaire de l’ONU sur le dossier depuis la démission "pour raisons de santé" de Horst Kohler, l’ancien président allemand, en mai 2019. Avant de jeter l’éponge, il avait réussi à organiser en Suisse des tables rondes avec le Maroc, le Front Polisario, l’Algérie et la Mauritanie, en décembre 2018 et en mars 2019. Mais celles-ci étaient demeurées sans résultats.

En attendant la nomination, "au plus tôt" comme le réclame Washington, d’un successeur à Horst Kohler, son prédécesseur, nommé par Ban Ki-Moon en son temps, a fait le jour même du vote une réapparition dans la région, aussitôt critiquée par le Maroc.

La "mystérieuse visite" de Christopher Ross

En effet, quatre ans après avoir démissionné lui aussi de ce poste, qu’il a occupé de janvier 2009 à avril 2017, Christopher Ross s’est rendu du 29 octobre au 1er novembre dans les camps de réfugiés sahraouis à Tindouf dans le sud algérien où il accompagne une importante délégation de professeurs et d’étudiants de l’université américaine de Princeton dans le New Jersey.

Un déplacement présenté par le journal marocain en ligne 360 comme une "mystérieuse visite" de celui qui a également été ancien ambassadeur des Etats-Unis à Alger de 1988 à 1991.

Dès le 28 octobre, ce site a publié un document de la "pseudo-RASD", comme il appelle la République Arabe Sahraouie Démocratique, qu’il affirme s’être procuré, détaillant le programme de l’ancien diplomate. Un calendrier qui prévoit des rencontres avec des membres de la société civile et avec Brahim Ghali, le président de la RASD, arrangées par le Front Polisario.

Pour 360, même si la visite de Christopher Ross n’a aucun caractère officiel son initiative "entre dans le cadre de l’action de lobbying que l’ex-émissaire de l’ONU déploie auprès des Américains, au service (rémunéré, bien entendu !) de la chimérique République sahraouie".

"Je ne suis pas un lobbyiste"

Interrogé par le site marocain Morocco World News (MWN) sur ces rencontres qui feraient de lui, selon le journal pro-Polisario Futuro Sahara, un soutien implicite des séparatistes sahraouis, Christopher Ross a fermement démenti tout engagement de sa part.

"Je ne suis pas un lobbyiste et je n’ai rien eu à faire avec l’organisation de cette visite", a-t-il dit à MWN, précisant que son seul rôle était d’avoir fait jouer ses relations avec l’Algérie pour faciliter le voyage d’un groupe d’étudiants de troisième cycle travaillant sur le Sahara occidental comme "cas d’un conflit gelé".

"La moitié du groupe se rendant en Algérie et dans les camps de réfugiés sahraouis, l'autre moitié se rendant à Rabat et à Laayoune, l'Université de Princeton m'a demandé d'accompagner le groupe qui se rendait en Algérie pour faciliter les introductions et assurer leur bien-être. Les étudiants ont géré leur propre agenda et leurs propres réunions. J'étais présent mais je n'étais pas un participant actif ", a-t-il ajouté.

Accusé par le Maroc de partialité en faveur des Sahraouis dans la manière de mener sa mission, le diplomate américain s’est défendu de tout parti pris. "En tant que médiateur, j'étais strictement neutre. Je n'ai pas fait pression pour l'autonomie ou pour un référendum. J'ai fait pression pour de véritables négociations. En raison de la rigidité des deux parties, celles-ci ne se sont jamais produites - et ne se sont pas produites jusqu'à présent", a-t-il conclu.

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