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Sahara Occidental: la table ronde sans précédent de l'ONU s'achève sans résultat

Nouveau coup d'épée dans le sable sur le conflit du Sahara Occidental. La première table ronde à quatre, Algérie, Front Polisario, Maroc et Mauritanie, organisée par l'envoyé spécial de l'ONU, Horst Kohler, pour relancer les négociations s'est achevée sans autre résultat qu'un engagement à poursuivre le dialogue en 2019. 

Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
L'ancien président allemand et envoyé spécial des Nations unies pour le Sahara Occidental, Horst Kohler, lors de la conférence de presse clôturant les deux jours de pourparlers à quatre à Genève, le 6 décembre 2018. (FABRICE COFFRINI / AFP)

L'initiative de Horst Kohler, ex-président allemand et envoyé spécial de l'ONU au Sahara occidental était jusque là totalement inédite et partait d'une bonne intention. En l'occurrence réunir les quatre parties impliquées au conflit autour d'une même table, les 5 et 6 décembre au Palais des Nations, siège de l'ONU à Genève pour sortir de l'impasse un conflit vieux de 43 ans.

Le blocage reste entier entre les protagonistes

Une rencontre présentée par les Nations Unies comme "un premier pas vers un processus renouvelé de négociations en vue de parvenir à une solution juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l'autodétermination du peuple du Sahara Occidental", mais qui n'a pas vraiment porté ses fruits.

Sans précédent depuis 2012, la table ronde qui a regroupé les ministres des Affaires étrangères algérien, marocain, mauritanien et le président du "parlement" sahraoui,  s'est achevée sans autre résultat que l'engagement de se revoir début 2019 pour parler du statut du Sahara Occidental.

A l'issue de ces premières discussions directes en 6 ans, Horst Kohler s'est félicité que les parties se soient "engagées ouvertement et dans un esprit de respect mutuel" sans toutefois réussir à cacher que le blocage demeurait entier entre les protagonistes.

Le Maroc, qui contrôle de fait 80% de ce territoire désertique de 266 000 km2, continue de considérer le Sahara Occidental comme partie de son territoire historique et rejette toute solution autre qu'une autonomie sous sa souveraineté.

 

L'autodétermination est une chose, le référendum en est une autre. L'autodétermination se fait par les négociations. Le référendum n'est pas à l'ordre du jour

Nasser Bourita, ministre marocain des Affaires étrangères

AFP

Même s'il a relevé "la très bonne atmosphère" durant les discussions, le chef de la diplomatie de Mohamed VI a prévenu que son pays "n'est pas près à s'engager dans des réunions sans fin".

Une fin de non recevoir à l'adresse du Front Polisario. Le mouvement indépendantiste qui ne contrôle, lui, qu'un cinquième de cette ancienne colonie espagnole où il a proclamé en 1976 une République arabe sahraouie démocratique (RASD), reste en effet attaché à un processus référendaire.

Le Front Polisario intransigeant sur son droit à l'autodétermination

"Si les Marocains ont vraiment la réelle volonté d'en finir avec cela et de façon plus rapide qu'en organisant un référendum, ils doivent reconnaître la République sahraouie", a déclaré Khatri Addhousi le président du "parlement" de la RASD.

Intransigeant sur son droit à l'autodétermination, le Front Polisario s'est malgré tout félicité du soutien des Etats-unis et de l'Union africaine au dialogue mené sous l'égide de l'ONU tout en s'en prenant à l'Union européenne.

Il lui reproche "de déployer des efforts constants, illégaux et sans compromis pour conclure des accords commerciaux avec le Maroc qui concernent le territoire du Sahara occidental, en violation des décisions de la Cour européenne de justice"

En campant sur leurs positions malgré la demande du secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, de se présenter à la table ronde "de bonne foi et sans pré-conditions", le Maroc et le Front Polisario ont montré qu'ils n'étaient pas sensibles à la pression de l'ONU.

L'organisation internationale a en effet récemment réduit à 6 mois, contre 12 précédemment, le mandat des casques bleus de la Mission des Nations Unies au Sahara occidental (MINURSO), chargée de surveiller le cessez-le-feu en vigueur depuis 1991.

Dans l'attente d'un règlement, de 100 000 à 200 000 réfugiés, selon les sources, en l'absence de recensement officiel, vivent dans des conditions précaires dans des camps près de la ville algérienne de Tindouf, à 1 800 km au sud-ouest d'Alger, non loin des frontières avec le Maroc et le Sahara occidental.

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