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Sahara: l’ONU pour des négociations sans préconditions entre Maroc et Polisario
L'émissaire de l'ONU pour le Sahara occidental, l'ex-président allemand Horst Koehler, va rencontrer du 23 juin au 1er juillet 2018 l'ensemble des parties au conflit afin de pousser à une reprise des négociations de paix «sans préconditions», a annoncé le porte-parole des Nations Unies.
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Nouvelle tournée diplomatique pour l'ancien président allemand, devenu émissaire spécial de l’ONU pour le Sahara occidental, en vue de relancer les négociations de paix dans ce territoire contesté depuis 1975.
L'ONU pour une reprise des négociations «sans préconditions»
Horst Koehler va se rendre «à Alger, Nouakchott, Tindouf, Rabouni, Rabat, Laayoune, Smara and Dakhla», a précisé le 21 juin 2018 le porte-parole adjoint de l'ONU, Farhan Haq, lors du point-presse quotidien des Nations Unies.
«L'objectif de la visite est double: améliorer sa compréhension de la réalité sur le terrain et discuter de la marche à suivre pour le processus politique dirigé par les Nations Unies, conformément à la résolution 2414 du Conseil de sécurité», a ajouté le porte-parole.
Dans cette résolution adoptée en avril, le Conseil de sécurité a renouvelé pour six mois seulement, au lieu d'une année comme précédemment, le mandat de la force de l'ONU au Sahara occidental (Minurso), assurant l'observation du cessez-le-feu entre le Maroc et le Polisario. Il a aussi réclamé la reprise de «négociations sans préconditions».
Le dernier round de négociations entre le Maroc et le Front Polisario remonte à 2008 et Horst Koehler a promis de les relancer en 2018. Ses dernières rencontres avec les parties au conflit du Sahara occidental s'étaient déroulées en début d'année, à Berlin pour le Front Polisario, à Lisbonne pour les autorités marocaines.
Le Front Polisario, indépendantiste, réclame un référendum d'autodétermination pour le Sahara occidental, une étendue désertique de 266.000 km², seul territoire de l'Afrique au statut post-colonial non réglé.
Une tournée diplomatique en pleine remontée des tensions
Le Maroc rejette de son côté toute solution autre qu'une autonomie sous sa souveraineté. Rabat avait pris à partir de 1975 le contrôle de la majeure partie du Sahara occidental au départ de la puissance colonisatrice espagnole estimant qu’il faisait historiquement partie de son territoire.
Le Polisario, qui luttait contre la domination espagnole, y a proclamé en 1976 une République arabe sahraouie démocratique (RASD) et combattu les troupes marocaines, jusqu'à un cessez-le-feu conclu en 1991 sous l'égide de l'ONU.
La tournée d’Horst Koehler intervient en pleine remontée des tensions entre Marocains et Sahraouis. Fin mai 2018, Rabat a procédé au redéploiement des Forces armées Royales et de la gendarmerie dans la zone tampon en raison «des récentes provocations du Polisario dans la zone démilitarisée de Tifariti».
Auparavant, le Maroc avait accusé le Polisario de connivence avec le Hezbollah libanais pro-iranien et rompu ses relations avec Téhéran pour l’occasion. Le front Polisario et l’Algérie, son principal soutien, ont démenti les accusations marocaines.
«Le Polisario n’a jamais eu de relations militaires avec le Hezbollah et l’Iran. C’est un mensonge grotesque… pour se dérober au processus de négociations auquel vient d’appeler le Conseil de sécurité», avait rétorqué Mhamed Khaddad, un haut responsable du Front indépendantiste.
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