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Faut-il négocier avec les jihadistes ? Les pays du Sahel en ordre dispersé

Confrontés à la menace jihadiste depuis des années, le Mali, le Niger et le Burkina Faso adoptent des stratégies différentes.

Article rédigé par franceinfo Afrique avec AFP
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Des soldats nigériens en patrouille dans le désert d'Iferouane, le 12 février 2020.  (SOULEYMANE AG ANARA / AFP)

Le tout sécuritaire ne suffit plus pour sortir de l'impasse, tel semble être le diagnostic de certains dirigeants du Sahel. Le retour à la paix pourrait passer par un dialogue avec des groupes armés. Faut-il négocier avec les jihadistes ? Si oui, avec qui ? Et pour quels résultats ?

Burkina : discuter avec les "combattants locaux"

La junte, qui a renversé le 24 janvier 2022 le président élu Roch Marc Christian Kaboré, avait justifié le coup d'Etat par l'incompétence des autorités à endiguer la violence jihadiste qui frappe le Burkina Faso depuis près de sept ans. Trois mois plus tard, des pans entiers du pays continuent d'échapper au contrôle de Ouagadougou. La menace jihadiste, loin de se résorber, ne cesse de s'étendre. En sept ans, les violences jihadistes ont fait plus de 2 000 morts et contraint au moins 1,8 million de personnes à fuir leurs foyers au Burkina Faso. Comme au Mali et au Niger, s'est vite posée la question : faut-il prendre langue avec les groupes armés Contrairement à Niamey, Ouagadougou exclut toute négociation avec Al-Qaïda et l'Etat islamique (EI), mais se résoud à dialoguer avec les combattants locaux, qui souhaiteraient déposer les armes, selon les autorités. 

"La raison de ce dialogue c'est qu'on est dans l'impasse. Le chemin dans lequel ils se sont engagés est un chemin sans avenir, c'est le constat fait par ces jeunes."

Yéro Boly, ministre burkinabè de la Réconciliation nationale

à l'AFP

Niger : "Main tendue" à tous les jihadistes

Les armes ne suffisent pas, il faut aussi parler avec les jihadistes, et tous les jihadistes, organisations transnationales comprises. Fervent défenseur de cette ligne, le président nigérien Mohamed Bazoum a amorcé ces derniers mois des discussions avec des éléments du groupe jihadiste Etat islamique au Grand Sahara (EIGS) responsable d'attaques meurtrières récurrentes dans l'ouest du pays. Depuis l'annonce mi-février par la France du retrait du Mali des forces Barkhane et européenne Takuba, Niamey redoute une nouvelle poussée jihadiste dans l'immense région enclavée de Tillabéri (ouest), dans la zone dite des Trois frontières. 

"De tous temps, nous avons dit qu'il faut discuter avec les compatriotes qui sont dans l'EIGS ou Al-Qaïda, voir ceux qu'on peut récupérer."

Boubacar Diallo, le président du Conseil des éleveurs du Nord-Tillabéri

à l'AFP

Pour Niamey, l'objectif est double : assécher le recrutement de nouvelles recrues et réinsérer ceux qui rendent les armes en s'attaquant aux raisons structurelles. 

Mali : les limites de "la solution Wagner" 

L'heure n'est pas au dialogue à Bamako mais aux communiqués triomphalistes. Le cercle vicieux d'attaques jihadistes suivies de représailles militaires, avec son lot de massacres de civils, ne semble pas prêt de s'arrêter. Et la présence du groupe paramilitaire russe Wagner confirme la volonté des autorités maliennes de chercher une victoire militaire contre les jihadistes. Avant de négocier ? Car les relations n'ont jamais été rompues. En 2020, l'ancien président Ibrahim Boubacar Keïta avait demandé l'envoi d'émissaires vers deux chefs jihadistes et le sujet avait refait surface après le départ de la France, qui s'est toujours opposée à une telle stratégie. 

Quels résultats ?

Il est encore tôt pour parler de résultats. Les trois pays, notamment le Mali, continuent régulièrement de faire face aux groupes jihadistes affiliés à Al-Qaida et le groupe Etat islamique, qui contrôlent de larges territoires. Niamey, Ouagadougou et Bamako n'arrivent à définir une stratégie commune face aux jihadistes. Sur le plan militaire, le Burkina Faso et le Niger mènent des opérations conjointes, essentiellement à leurs frontières.

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