Ethiopie : les combats ont repris au Tigré sur plusieurs fronts
"Les forces éthiopiennes et érythréennes ont lancé, le 1er septembre 2022, une offensive conjointe massive dans le nord du Tigré" affirment les rebelles tigréens.
La guerre a repris au sud du Tigré, où des combats opposent depuis le 24 août 2022 troupes pro-gouvernementales éthiopiennes et rebelles tigréens. Selon des sources diplomatiques et humanitaires, les rebelles ont progressé d'une cinquantaine de kilomètres vers le sud, à l'intérieur de la région Amhara, ainsi qu'au sud-est, en région Afar. Le porte-parole des autorités du Tigré, Getachew Reda, a expliqué que les rebelles tigréens, après voir initialement "défendu (leurs) positions", avaient lancé une contre-offensive au-delà des frontières du Tigré.
Selon plusieurs témoignages, ces affrontements poussent les populations à fuir, sur une large ligne de front, allant de la ville de Kobo à Weldiya, non loin de Lalibela. L'armée éthiopienne affirme s'être retirée de Kobo, pour "éviter des pertes massives parmi les civils".
Les autorités éthiopiennes accusent également les Tigréens d’avoir lancé une offensive en direction de walkaite, à la frontière avec le Soudan et indiquent avoir abattu un avion venant du Soudan, chargé d’armes destinées aux rebelles tigréens.
Un nouveau front avec l'Erythrée ?
Le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) dénonce également une alliance militaire entre l’Erythrée et le gouvernement fédéral éthiopien. Selon le commandant des forces rebelles, les forces éthiopiennes et érythréennes ont lancé le 1er septembre 2022 une offensive "conjointe" massive contre la région dissidente. L'Ethiopie, "après avoir repositionné une force militaire massive en Erythrée, a désormais lancé une offensive conjointe avec les forces d'invasion de l'Erythrée" contre le nord du Tigré, frontalier de l'Erythrée, a annoncé le commandement des forces rebelles dans un communiqué.
"Les deux armées attaquent depuis l'Erythrée"
Kindeya Gebrehiwot, porte-parole des rebelles du TigréAFP
Echec des négociations
Malgré la succession d'émissaires américain, européen et onusien à Mekele, capitale du Tigré, début août, et des "rencontres secrètes" plus récentes à Djibouti et aux Seychelles entre les deux camps ennemis, les négociations sont au point mort. Le TPLF demande comme préalable à toute réelle négociation la levée totale du blocus humanitaire du Tigré où 8 millions de personnes ont un besoin urgent d’aide alimentaire. Le mouvement rebelle demande également le remplacement du médiateur de l’Union africaine, Olusegun Obasanjo, jugé trop partisan.
Le TPLF aurait également refusé la présence de l’Erythrée, son ennemi historique, à la table des négociations. En plus du risque d’internationalisation du conflit, l’armée éthiopienne se bat sur plusieurs fronts en interne : "L’armée fédérale éthiopienne est engagée depuis plusieurs mois dans un autre conflit qui l’oppose au front libération de l’Oromo, avec des massacres et des villages brûlés", constate le chercheur Medhi Labzaé, du Centre français d’étude éthiopienne d’Addis-Abeba interrogé par RFI.
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