"L'Egypte pourrait vouloir détruire le Grand barrage éthiopien s'il devient une menace", affirme Donald Trump
Le Soudan, l'Egypte et l'Ethiopie ont repris leurs laborieuses négociations sur la mise en eau du Grand barrage éthiopien de la Renaissance (GERD), a annoncé le ministère soudanais de l'Irrigation.
Les pourparlers entre l'Egypte, le Soudan et l'Ethiopie sur le Grand barrage éthiopien de la Renaissance (GERD), au point mort depuis trois mois, ont repris par visioconférence le 27 octobre 2020. Lancé en 2011 par l'Ethiopie, le GERD suscite de vives tensions en particulier avec l'Egypte, pays de plus de 100 millions d'habitants qui dépend à 97% du Nil pour son approvisionnement en eau. Le président américain Donald Trump a défendu le droit de l'Egypte à l'eau du Nil, exigeant que l'Ethiopie mette fin à son "intransigeance" dans les négociations.
Echec de la tentative de médiation de Washington
Les discussions suspendues achoppent sur les modalités de remplissage du barrage, même si l'Ethiopie a annoncé le 21 juillet avoir atteint son objectif de volume d’eau pour 2020. Addis Abeba, qui juge le GERD essentiel à son électrification et à son développement, refuse un accord de cogestion du barrage demandé par Khartoum et Le Caire. L'Ethiopie a quasiment financé la totalité de la construction de l'ouvrage pour plus de 4 milliards de dollars.
La tentative de Washington de faire office de médiateur dans ce dossier a échoué, l'Ethiopie accusant Donald Trump de favoriser l'Egypte.
Les Etats-Unis ont annoncé début septembre la suspension d'une partie de leur aide financière à l'Ethiopie, après qu'Addis Abeba a décidé unilatéralement de remplir le barrage.
Trump met la pression sur Addis Abeba
Le président américain a défendu le droit de l'Egypte à l'eau du Nil, exigeant que l'Ethiopie mette fin à son "intransigeance" dans les négociations sur le Grand barrage éthiopien de la Renaissance.
Addis-Abeba a rappelé son ambassadeur à Washington.
Devant l’échec des discussions, la tension est montée dans la région. Donald Trump a évoqué, en marge d'une cérémonie dédiée à l'accord de normalisation des relations diplomatiques entre Israël et le Soudan, le risque que l'Egypte détruise le barrage s'il devient une menace.
C'est une situation très dangereuse, car l'Egypte ne sera pas en mesure de vivre de cette façon… Ils finiront par faire sauter le barrage. Je le dis haut et fort : ils feront sauter ce barrage
Donald Trump, président des Etats-Unisà l'AFP
L'Ethiopie a vivement réagi le 24 octobre accusant Donald Trump d'"incitation à la guerre". "L'Ethiopie ne cèdera à aucune agression d'aucune sorte, a affirmé le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed dans un communiqué publié en anglais. Ces menaces et affronts à la souveraineté éthiopienne sont mal avisés, improductifs, et en claire violation des lois internationales."
L'autorité de l'aviation civile éthiopienne a décidé l'interdiction de tous les vols au-dessus du barrage, pour des raisons de sécurité. Le général Yilma Merdasa, commandant de l'armée de l'air éthiopienne, a averti que cette dernière était prête à défendre le barrage. On se souvient que l'Egypte a acheté des avions Rafale à la France.
Josep Borrell, le chef de la diplomatie de l'Union européenne, a de son côté déclaré dans un communiqué qu'un accord était "à portée de main sur le barrage". "Maintenant, c'est le moment d'agir, pas d'accroître les tensions", a-t-il ajouté.
Un accord est possible
Le ministre égyptien de l'Irrigation, Mohammed Abdel Attay, a affirmé que l'Egypte restait désireuse de voir l'Ethiopie atteindre ses objectifs de production d'énergie, d'offrir une coopération et de parvenir à un accord.
"Chaque pays a ses priorités et cherche à atteindre ses propres intérêts : le Soudan est préoccupé par la sécurité du barrage, nous (Egyptiens) sommes principalement intéressés par la coopération pendant les périodes de sécheresse et l'Ethiopie est intéressée à générer l'électricité. Donc, les objectifs sont clairs et chaque pays a son propre programme", a ajouté M. Abdel Attay. Reste à trouver un terrain d'entente.
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