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"Ils craignent davantage notre unité que nos frappes aériennes" : le témoignage de Nicolas Hénin, ex-otage de l'Etat islamique

Le journaliste écrit sur le site du "Guardian". 

Article rédigé par franceinfo
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Nicolas Hénin, le 6 septembre 2014, à Paris.  (ALAIN JOCARD / AFP)

"Ils veulent provoquer des représailles, ne tombons pas dans le piège." C'est le message d'un billet d'opinion publié par le Guardian lundi 16 novembre. Il est signé de Nicolas Hénin, retenu en otage pendant dix mois à Raqqa par des jihadistes de l'Etat islamique. Le journaliste français fait part de ce qu'il a appris aux contacts de ses geôliers, qu'ils qualifient de "plus bêtes que méchants", "même s'il ne faut pas minimiser le potentiel meurtrier de la bêtise".   

Dans ce billet, l'ex-otage, libéré en avril 2014, adresse une mise en garde : la réponse aux attentats de Paris par la force et les bombardements aériens est "une erreur". "La vengeance était peut-être inévitable (...) mais je crains que cela ne fasse qu'empirer la situation", écrit-il, alors que Paris a relancé son offensive dès dimanche soir et que François Hollande a promis une intensification des frappes

"Ils nous ont piégés"

Pour Nicolas Hénin, les terroristes obtiennent ainsi ce qu'ils veulent : "Ils nous ont piégés. Ils sont venus à Paris avec des kalachnikovs, affirmant qu'ils voulaient arrêter les bombardements, mais en sachant très bien que l'attaque nous obligerait à poursuivre ou même à intensifier les bombardements. Voilà ce qui se passe."

Pour le journaliste, la solution passera par l'éviction de Bachar Al-Assad, qu'il juge responsable de la montée de l'Etat islamique en Syrie. "Tant que son régime reste en place, Daech ne pourra pas être éradiqué."

Nicolas Hénin dresse au passage le portrait peu flatteur de jihadistes "pathétiques", "ivres d'idéologie et de pouvoir", qui surveillent avec attention les réactions aux actions terroristes. "Ils seront encouragés par tous les signes de réaction excessive, de division, de peur, de racisme, de xénophobie" qui les conforteraient dans leur croyance que les autres communautés ne peuvent pas vivre en harmonie avec les musulmans. Et le journaliste de conclure : "Nos bombardements, ils les attendent. Ce qu'ils craignent, c'est notre unité."

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