Ce que l'on sait de l'arrestation d'un homme agité dans un TGV Annecy-Paris, durant laquelle un coup de feu a été tiré
Plus de peur que de mal à bord du TGV Annecy-Paris. Un coup de feu a été tiré accidentellement à bord du train, jeudi 13 juillet, alors qu'un policier (qui voyageait armé hors service) intervenait pour maîtriser un homme agité. Ce dernier venait de briser une vitre du train. Il a finalement été interpellé et placé en garde à vue, notamment pour "tentative de meurtre". Personne n'a été blessé dans l'altercation. Franceinfo vous résume ce que l'on sait de cet incident.
Le passager était armé d'un couteau
Les faits se sont produits à la mi-journée. Alors que le TGV était en marche et "circulait à pleine vitesse", un homme qui se trouvait à bord a cassé "la vitre d'une porte d'accès au train, à l'aide d'un marteau brise-glace", a expliqué Angélique Depetris, la vice-procureure de Chalons-sur-Saône, dans un communiqué.
Stéphanie, une passagère du train, l'a ensuite vu rentrer dans sa rame "l'air complètement hagard". "Ça m'a interpellée, raconte-t-elle. Il s'est retourné pour sortir et il avait les mains pleines de sang." Selon cette témoin, un de ses voisins de wagon "est allé voir dans le sas et a vu que la vitre de la porte était en mille morceaux" et a observé "un couteau à cran d'arrêt" au sol.
D'après Stéphanie, le train venait de s'arrêter à Mâcon, sa dernière halte avant Paris. "Visiblement, c'était un gars qui a paniqué, qui à un moment donné voulait sortir, sûrement dans un état second", témoigne une autre voyageuse interrogée par France 2.
Un policier présent à bord est intervenu
Un passager et les contrôleurs du train ont alors tenté d'intervenir, sans parvenir à maîtriser l'auteur des dégradations, explique la vice-procureure, qui relève "le danger évident de la situation". Les agents de la SNCF ont alors sollicité, quelques voitures plus loin, un policier qui n'était pas en service, mais qui voyageait avec son arme, comme le prévoit le dispositif "voyager-protéger". "Il est tout de suite intervenu", témoigne Stéphanie.
Mais lui non plus n'a pas réussi à maîtriser l'individu. Selon le communiqué du parquet, le passager a d'abord enfilé son brassard et annoncé "sa qualité" de policier. Mais l'homme qu'il tentait de raisonner "demeurait excité et incontrôlable". Stéphanie le décrit comme "très agressif". Elle affirme que l'altercation a duré "de très longues minutes".
Un coup de feu est parti lors de la lutte
Toujours selon le parquet, le policier hors service a alors sorti l'arme à feu qu'il portait et "procédé aux sommations d'usage", là encore sans succès. Son opposant s'est alors "jeté sur lui", et a réussi à "s'emparer" du pistolet. C'est cet homme qui a "chambré", c'est-à-dire préparé l'arme à tirer.
D'après le communiqué de la vice-procureure, le policier est toutefois parvenu "à maintenir l'arme vers le sol" mais "au cours de la lutte, un coup partait et venait se loger dans le sol". Le parquet n'a pas établi lequel des deux hommes a appuyé sur la détente, volontairement ou non.
Dans son récit des faits, le parquet évoque un unique tir. Stéphanie, comme d'autres passagers, assurait avoir entendu "deux coups de feu". "Nous nous sommes tous couchés, nous étions sous les sièges", raconte-t-elle. Personne n'a été blessé.
Le voyageur a été placé en garde à vue
Après le coup de feu, le policier a finalement réussi à "écarter l'arme" puis à maîtriser son agresseur "avec l'aide de quelques passagers", explique le parquet. "Des gens ont enlevé leurs ceintures" pour l'attacher et le contenir, explique une voyageuse à France 2. "U ne fois maîtrisé, il était très sage", assure Stéphanie, sollicitée comme interprète pour communiquer en anglais avec lui – le parquet le décrit comme "de nationalité étrangère" sans préciser laquelle. "On ne sait pas ce qui lui est passé par la tête, il n'avait pas de revendication" et a gardé le silence, poursuit la passagère.
Le train s'est finalement arrêté en gare de Montchanin-Le Creusot TGV ( Saône-et-Loire), et l'individu a été remis à la gendarmerie. Jeudi, en fin de journée, il se trouvait en garde à vue à Autun, pour "tentative de meurtre sur personne dépositaire de l'autorité publique", "dégradation de bien d'utilité publique" et "port d'arme de catégorie D", un couteau à cran d'arrêt ayant été retrouvé sur lui lors d'une fouille.
Les passagers, eux, ont rejoint Paris à bord d'un autre train, affrété spécialement, tandis que les rames dans lesquelles ils voyageaient ont été immobilisées pour les besoins de l'enquête. Une assistance psychologique leur a été proposée.
Le gouvernement salue le courage du policier
Le ministre délégué aux Transports Clément Beaune et le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin ont félicité sur Twitter les agents de la SNCF et le policier.
Merci au policier hors service qui est intervenu courageusement dans ce train pour interpeller un individu menaçant. Il a été requis par le personnel SNCF au titre du programme « voyager-protéger » mis en place l’an dernier. Grâce à celui-ci, les policiers ont la possibilité de… https://t.co/u2EIQ6Unxm
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) July 13, 2023
Le programme "voyager-protéger" évoqué par Gérald Darmanin sur Twitter a été mis en place par le ministre de l'Intérieur en 2021 en réponse à la demande de syndicats policiers. Le dispositif est en vigueur depuis le 1er janvier 2022. Il permet aux membres de la police nationale de bénéficier de réductions sur les TGV et les Intercités, pouvant aller jusqu'à la gratuité.
En échange, ils doivent se présenter au personnel du train en amont, être munis de leur carte professionnelle et de leur brassard, et porter leur arme, "de manière discrète afin de ne pas susciter de réaction de crainte ou de méprise des voyageurs", comme le précise une note de la Direction générale de la police nationale (PDF).
En cas de danger, le policier peut agir de sa propre initiative ou à la demande du personnel de la SNCF. Plusieurs interventions ont déjà eu lieu dans ce cadre et les agents ont bénéficié de 240 000 trajets à prix réduit en 2022.
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