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Affaire Théo : pour la secrétaire d'Etat à la Ville, il faut "recréer du lien avec les plus jeunes"

L'arrestation très violente du jeune Théo à Aulnay-sous-Bois suscite depuis plusieurs jours la colère des habitants des quartiers populaires et inquiète les pouvoirs publics, qui craignent un embrasement. Franceinfo a interrogé Hélène Geoffroy, secrétaire d'Etat chargée de la Ville. 

Article rédigé par franceinfo - Propos recueillis par Margaux Duguet
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Hélène Geoffroy, secrétaire d'Etat chargée de la Ville, le 3 juin 2016 à Paris. (IBO / SIPA)

Son nom est peu connu du grand public. Hélène Geoffroy est pourtant secrétaire d'Etat à la Ville et, à ce titre, directement concernée par l'affaire Théo, du nom de ce jeune homme victime le 2 février d'une arrestation très violente à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Si les quatre policiers ont été mis en examen, trois pour "violences volontaires en réunion" et le quatrième pour "viol", la colère des habitants n'est pas retombée.

Alors que la majorité exprime pacifiquement son ras-le-bol des violences policières, des casseurs se sont mêlés aux manifestations, comme samedi à Bobigny. Des heurts qui font craindre un embrasement. Interviewée par franceinfo, Hélène Geoffroy détaille le travail qu'il reste à faire, selon elle, pour "apaiser les tensions". 

Franceinfo : Est-ce que vous reprendriez les mots du Défenseur des droits, qui parle aujourd'hui de "fait de société" pour qualifier l'affaire Théo ? 

Hélène Geoffroy : Il faut continuer à traiter cette question qui est en train d'interroger en profondeur ce qui touche à la fois à nos quartiers populaires et à leur relation supposée aux institutions. Contrairement à ce que j'entends dire, les habitants de ces quartiers sont en attente de sécurité. Ils ont été les premières victimes de la disparition de la police de proximité et de la diminution des effectifs de police. Ce qui se joue aujourd'hui, c'est renouer du lien entre les jeunes et la police, des liens qui se sont distendus. 

Vous sortez d'une réunion à Matignon avec des associations de lutte contre le racisme. Qu'est-ce qui y a été dit ? 

Les associations ont émis le souhait d'amplifier ce qui a été fait sur le terrain et de mobiliser les habitants. Nous allons demander aux préfets d'organiser des réunions sur tout le territoire pour permettre aux acteurs de terrain d'expliquer ce qui se fait et de voir ce qui doit être amélioré. Il y aura les associations mais aussi les forces de l'ordre.  

Craignez-vous un embrasement de la situation comme en 2005 ? 

Je pense que les habitants ont à cœur que la situation puisse s'apaiser. Je connais leur capacité à résister à des phénomènes qui seraient extrêmes. Je sais combien ils sont attachés à ne pas être stigmatisés. Chaque fois qu'une voiture brûle, il y a des jeunes qui ont encore plus de mal à trouver du travail. Je salue d'ailleurs le message exemplaire de Théo et de sa famille. La justice sera au rendez-vous. L'essentiel, c'est que chaque habitant des quartiers populaires soit convaincu que la justice sera présente. Il serait terrible d'avoir la conviction que la justice n'est pas la même pour tous. 

Le dialogue est-il rompu entre la police et les habitants ?

Le dialogue n'est pas rompu, mais il peut être difficile, avec les jeunes en tout cas, car il y a une méconnaissance réciproque. Mais les adultes sont là aussi et ils sont les garants du pacte républicain. La police est un garant tant qu'elle est correctement formée et qu'elle applique correctement les droits et les devoirs. Aujourd'hui, ce n'est pas un affrontement entre la police et la population. La plus grande majorité des policiers sont totalement au travail et une partie d'entre eux viennent de nos quartiers populaires. Mais nous devons apaiser les tensions et recréer du lien avec nos plus jeunes. 

Vous n'êtes intervenue qu'une fois dans les médias depuis le début de cette affaire. Pourquoi n'êtes-vous pas plus sollicitée, en tant que secrétaire d'Etat chargée de la Ville ? 

C'est vous qui pourriez me le dire. Ce qui est sûr, c'est que je suis sur le terrain. Si je suis capable de vous parler de ces questions-là, pas de façon théorique mais pratique, c'est parce que je n'ai cessé de me déplacer et de rencontrer les acteurs. Ils m'ont décrit des réalités plus complexes que celles que l'on peut caricaturer parce que c'est plus commode. J'habite Vaulx-en-Velin [dans la banlieue lyonnaise], j'ai une histoire particulière qui me rend très sensible à ce qui se passe aujourd'hui.

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