Présidentielle 2022 : pourquoi la semaine de Valérie Pécresse a été compliquée
Deux mois après avoir été désignée candidate des Républicains, Valérie Pécresse tente difficilement de faire décoller sa campagne. Son grand meeting à Paris, dimanche, doit faire oublier les vents contraires de ces derniers jours.
"Les choses se déroulent comme elle le souhaitait" : selon son entourage, Valérie Pécresse suit un plan de vol bien rôdé. A moins de deux mois du premier tour de l'élection présidentielle, la candidate des Républicains compte sur son meeting au Zénith de Paris, dimanche 13 février, pour reprendre de l'altitude sur ses concurrents.
Depuis plusieurs jours, c'est pourtant une zone de turbulences que traverse la championne de la droite, au point de faire de son grand rendez-vous parisien un moment décisif de son aventure présidentielle. Face à 8 000 partisans, il s'agit pour elle d'effacer les obstacles récemment amoncelés sur sa route vers l'Elysée.
Une accumulation de sondages mitigés
Les difficultés de Valérie Pécresse s'observent d'abord dans les nombreux sondages réalisés en vue du scrutin. Alors qu'elle avait clairement bénéficié d'une rampe de lancement après le Congrès LR, la présidente de la région Ile-de-France a vu sa courbe s'infléchir semaine après semaine. Désormais distancée par Marine Le Pen, elle voit se rapprocher dans son rétroviseur Eric Zemmour, lequel a stabilisé ses intentions de vote autour des 14% après un petit trou d'air en décembre.
La dernière édition du sondage quotidien de l'Ifop pour Paris Match, publiée vendredi, montre même que les deux candidats s'établissent au même niveau, à 15%, ce qui n'était jamais arrivé depuis la désignation de Valérie Pécresse début décembre. "Il faut voir le chemin parcouru en trois mois et la dynamique qui s’est créée. Nous sommes désormais sur un socle solide", affirme son porte-parole, Othman Nasrou, au Journal du dimanche.
De multiples défections en faveur de Macron
La semaine de Valérie Pécresse a aussi été marquée par les ralliements de plusieurs personnalités de droite à Emmanuel Macron. Ces défections ont même constitué un petit feuilleton : l'ancien ministre du Budget de Nicolas Sarkozy, Eric Woerth, a annoncé son départ mercredi après-midi, avant que la maire LR de Calais, Natacha Bouchart, n'annonce son intention de rejoindre le camp du chef de l'Etat, jeudi soir. Vendredi matin, c'est Nora Berra, ex-secrétaire d'Etat chargée des Aînés sous Nicolas Sarkozy, qui a affirmé son ralliement à la majorité, dénonçant une "course de petits chevaux" à la radicalité.
Pour minimiser l'importance de ces départs, le camp de Valérie Pécresse évoque des "non-événements" qui ne viennent pas bousculer celle qui a passé son mois de décembre à rassembler les courants de sa famille politique. "Ça n'a pas tant d'importance que ça puisque ce sont des avatars", fustige auprès de franceinfo Valérie Debord. La vice-présidente LR de la région Grand Est ne se dit pas inquiète des futurs débauchages promis au Monde par Thierry Solère, proche d'Emmanuel Macron venu des rangs de LR.
"Le camp présidentiel débauche beaucoup d'énergie pour ça, ce qui montre que Valérie Pécresse est la principale menace du chef de l'Etat."
Valérie Debord, vice-présidente de la région Ile-de-Franceà franceinfo
Pas de soutien officiel de Nicolas Sarkozy
Lui n'a pas rejoint Emmanuel Macron. Le fera-t-il ou restera-t-il fidèle aux siens ? Nicolas Sarkozy n'a pas encore officiellement soutenu Valérie Pécresse. Il a toutefois rencontré la candidate Les Républicains, vendredi en milieu de journée. Cette "conversation franche et affectueuse", selon Valérie Pécresse, intervient alors que les intentions de l'ancien chef de l'Etat restent floues en vue de l'élection présidentielle. "Je n'ai aucun doute sur le fait que Nicolas Sarkozy soutienne sa famille politique, assure Valérie Debord. Il n'y a pas de sujet."
Reste que les mots de l'ancien président de la République se font attendre, la plupart de ses lieutenants étant déjà au cœur de la campagne de Valérie Pécresse. "On n'imposera pas à Macron la date de sa déclaration de candidature, comme on n'imposera pas à Sarkozy la date à laquelle il apportera son soutien", balaie auprès du Monde Franck Louvrier, l'un de ses proches et maire LR de La Baule (Loire-Atlantique).
Le tacle sévère de Rachida Dati à Patrick Stefanini
En attendant le soutien de Nicolas Sarkozy, Valérie Pécresse doit déjà composer avec des critiques internes qui peuvent polluer sa campagne. Patrick Stefanini en a fait les frais cette semaine. Le directeur de campagne de Valérie Pécresse avait répondu, jeudi 3 février, à une interview donnée la veille par Rachida Dati au Figaro (réservé aux abonnés). La maire du 5e arrondissement de Paris avait mis en garde la candidate LR contre les "postures technocratiques" et le trop-plein de "mesures techniques". "Rachida Dati a été candidate aux municipales il y a deux ans, tous les Français se souviennent de la façon dont ça s'est terminé", avait rétorqué Patrick Stefanini.
"Je n'ai pas de leçons à recevoir de monsieur Stefanini", a taclé Rachida Dati sur franceinfo, jeudi, le qualifiant de "loser" et de "déserteur". "Il faut arrêter avec la légende qu'il a fait gagner des candidats, il n'a jamais fait gagner Jacques Chirac", a-t-elle critiqué à propos de Patrick Stefanini. Ce dernier était auparavant revenu sur ses propos tenus la semaine précédente, évoquant la "campagne courageuse et dynamique" de Rachida Dati aux municipales de 2020, une rectification "assez pathétique" aux yeux de l'élue parisienne. "Ça n'aura aucun impact sur la campagne, c'est de l'escarmouche qui ne prend pas", évacue Valérie Debord, qui attend avec impatience le meeting parisien de dimanche. Chez Les Républicains, à chaque jour suffit sa peine.
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