Présidentielle 2022 : "Je souhaite que nous soyons au moins capables de nous rassembler aux législatives", déclare le directeur de campagne de Fabien Roussel
Des Insoumis reprochent au candidat communiste d'avoir rassemblé des voix qui ont manqué à Jean-Luc Mélenchon pour se qualifier pour le second tour. Ian Brossat rejette ces accusations et veut travailler avec les formations de gauche pour les législatives.
"Je souhaite que nous soyons au moins capables de nous rassembler aux élections législatives", a déclaré Ian Brossat, directeur de campagne de Fabien Roussel, sur franceinfo lundi 11 avril. Le candidat communiste n'a remporté que 2,2% des voix et un vent de reproche s'élève chez des Insoumis. Ils estiment que ces voix pouvait permettre à Jean-Luc Mélenchon de se qualifier au second tour au lieu de terminer à la troisième place, avec 21,95%.
>> Suivez dans notre direct les réactions au lendemain du premier tour de la présidentielle
Mais Ian Brossat veut voir plus loin et appelle à un rassemblement de la gauche lors des élections législatives : "Ce qu'on n'a pas été capables de faire pour l'élection présidentielle, soyons capables de le faire aux élections législatives !"
franceinfo : Fabien Roussel a récolté environ 800 000 voix dimanche. Est-ce que ce sont les voix qui ont manqué à Jean-Luc Mélenchon ?
Ian Brossat : Non, je ne pense pas. On ne construit rien de positif et de grand avec de l'aigreur. J'entends bien le procès qu'un certain nombre de gens instruisent depuis dimanche. Je n'ai pas envie d'être dans le règlement de comptes.
"Je vois que 12 millions de personnes se sont abstenues. Donc, je trouve un peu facile d'accuser les 800 000 personnes qui ont voté Fabien Roussel d'avoir empêché la gauche d'accéder au second tour."
Ian Brossat, PCFà franceinfo
S'il y avait des réserves de voix pour permettre à la gauche d'être au second tour, il faut regarder du côté des 12 millions d'abstentionnistes, bien plus qu'aux 800 000 personnes qui ont glissé un bulletin de vote pour Fabien Roussel.
C'est pourtant ce que vous reproche les grandes figures de La France insoumise comme Adrien Quatennens sur franceinfo. Selon lui, le deuxième tour était à portée de main, avec les voix communistes...
Il faut respecter le suffrage universel. Au final, ce n'est pas Fabien Roussel qui décide, ce sont les électeurs. S'ils ont voté pour Fabien Roussel, malgré la pression très forte du vote utile, c'est parce qu'ils approuvaient son programme et sa candidature et qu'ils ne voulaient pas voter pour un autre candidat.
Il y a des électeurs qui avaient choisi de voter pour Fabien Roussel et qui, au dernier moment, ont fait le choix de voter pour Jean-Luc Mélenchon, parce qu'il y a eu ce mouvement de vote utile. Je ne leur en veux pas, je respecte tout le monde. Simplement ceux qui, jusqu'au bout, ont fait le choix de voter pour Fabien Roussel, n'auraient pas voté pour un autre candidat.
Quand vous avez vu le score de Fabien Roussel, d'Anne Hidalgo et de Yannick Jadot ce matin, qu'est-ce que vous vous êtes dit ?
Je me dis que la gauche a beaucoup de travail parce qu'elle doit à nouveau retrouver les classes populaires et les classes moyennes qui s'en sont détourné. On a du boulot dans les années qui viennent, incontestablement. Il y a sans doute une responsabilité collective, mais en tout cas, on a une perspective immédiate qui est la question des élections législatives.
Je souhaite que nous soyons au moins capables de nous rassembler aux législatives. Ce qu'on n'a pas été capables de faire pour l'élection présidentielle, soyons capables de le faire aux élections législatives ! Nous avons dit dès le départ que nous étions prêts à travailler avec l'ensemble des forces de gauche. Fabien Roussel a aujourd'hui contacté les autres candidats Anne Hidalgo, Jean-Luc Mélenchon, Yannick Jadot, en leur proposant que nous puissions travailler ensemble. Maintenant, nous attendons évidemment la réponse.
Pourquoi l'union de la gauche fonctionne à l'échelle des collectivités locales, mais pas à l'échelle du dessus ?
Dans les collectivités locales, nous sommes capables de travailler ensemble. Aux dernières élections régionales, nous avons gagné parce que nous avons été capables de travailler ensemble. Ce que nous sommes capables de faire localement, soyons capables de le faire à l'échelle nationale. Ces dernières années, il n'y pas eu que des échecs, il y a aussi eu des victoires parce que nous avons su travailler ensemble.
"Ce n'est pas uniquement une question d'ego, contrairement à ce que certains racontent. Il y a des sujets de fond qui sont plus difficiles à régler à l'échelle nationale comme par exemple le rapport à l'Union européenne."
Ian Brossat, PCFà franceinfo
Nous ne pensons pas tous la même chose des traités européens et donc cela pèse inévitablement. Mais malgré ces divergences, on devrait être capable de travailler ensemble.
Je ne crois pas du tout à la thèse des gauches irréconciliables et je suis convaincu qu'on peut faire des choses de concert. Mais encore faut-il qu'on puisse se parler. De toute façon, l'une des leçons qu'on peut tirer de ces deux échecs à la présidentielle pour la gauche, c'est que personne ne peut gagner seul. Donc, nous sommes condamnés à travailler ensemble puisque cette situation est là, alors faisons le.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.