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Présidentielle 2022 : comment le temps de parole d'Emmanuel Macron est-il décompté par le CSA ?

Article rédigé par Thibaud Le Meneec
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Le président de la République, Emmanuel Macron, lors d'une allocution télévisée, le 31 mars 2021. (MARTIN BUREAU / AFP)

L'opposition s'emporte contre l'interview du chef de l'Etat sur TF1 et LCI, qui sera diffusée mercredi 15 décembre, estimant qu'il profite de cette exposition pour défendre sa probable candidature. Valérie Pécresse a demandé au CSA de "rétablir l'égalité du temps de parole".

"Où va la France ?" C'est la question qui sera posée mercredi 15 décembre à Emmanuel Macron, invité de TF1 pour une interview enregistrée de deux heures. Un rendez-vous important pour le président de la République, à quelques jours de Noël et avant le début de la présidence française de l'Union européenne, le 1er janvier 2022. Depuis l'annonce de cet entretien fleuve, l'opposition de droite et de gauche s'insurge contre l'exposition dont bénéficiera le chef de l'Etat à une heure de grande écoute. Valérie Pécresse, la candidate des Républicains, a ainsi saisi le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) pour demander un décompte de ce temps de parole. Lequel existe déjà dans les faits. 

Jusqu'au 1er janvier 2022, début de la période électorale, ce sont en effet les règles communes définies hors période électorale qui sont appliquées par le CSA, organe qui contrôle les décomptes réalisés par les chaînes de télévision et de radio. Ainsi, le président de la République, ses collaborateurs et le gouvernement disposent d'un tiers du temps de parole total des responsables politiques à la télévision et à la radio. Précision notable : les prises de parole du chef de l'Etat sur le débat politique national sont comptabilisées, mais pas les interventions relevant de ses fonctions régaliennes. Lorsqu'il énonce les mesures prises pour lutter contre le Covid-19, par exemple, Emmanuel Macron ne voit pas son temps de parole régulé par le CSA.

En face, l'ensemble des formations politiques, qu'elles soient membres de la majorité ou de l'opposition, se partagent les deux tiers restants, en fonction de leur représentativité (résultats obtenus aux récentes élections, nombre d'élus ou encore sondages d'opinion).

Son temps de parole est déjà décompté

Mercredi soir, sur TF1 et LCI, le chef de l'Etat devrait s'exprimer sur "la manière dont il a vécu son quinquennat. [Il] livrera sa vision de l'avenir et répondra aux questions que se posent les Français", détaille le communiqué de la chaîne à propos de ce rendez-vous diffusé à 21h05. Des thèmes a priori éloignés de l'aspect régalien de sa fonction. Mais Valérie Pécresse peut se rassurer : s'il parle de politique nationale et défend son bilan, Emmanuel Macron devrait alors voir son temps de parole décompté, conformément à la règle.

C'est déjà ce qu'avait préconisé le CSA après l'allocution présidentielle du 9 novembre, qui avait donné lieu à des critiques de La France insoumise. Le député Manuel Bompard, qui fustigeait avec son camp, notamment sur Twitter, "les arrangements du candidat-président", avait saisi le CSA pour qu'il comptabilise le temps de parole d'Emmanuel Macron "comme candidat à la présidentielle". En réponse, l'organisme avait expliqué qu'une large partie de cette prise de parole devait en effet être décomptée.

"La part de l'allocution prononcée susceptible d'être décomptée au titre du débat politique national devrait représenter environ les trois quarts de la séquence."

Le Conseil supérieur de l'audiovisuel

sur l'allocution du 9 novembre

Qu'adviendra-t-il pour le temps de parole du locataire de l'Elysée à partir du 1er janvier, date à laquelle s'ouvre la période électorale définie par le CSA ? "Si le président de la République est candidat déclaré ou présumé, toutes ses interventions relevant du débat politique sont, sauf circonstances exceptionnelles, prises en compte", a détaillé le CSA dans ses recommandations en vue de l'élection, présentées début octobre. Qu'Emmanuel Macron se déclare ou pas, il sera présumé déclaré dès janvier par le CSA car il "recueille des soutiens publics et significatifs en faveur de sa candidature". 

La stricte égalité entre candidats,
du 28 mars au 8 avril

Du 1er janvier au 28 mars, le président verra donc son temps de parole décompté selon les principes de l'équité, sur la base de la représentativité des candidats (score aux élections, sondages...). Et si l'officialisation de sa candidature a de fortes répercussions politiques, elle ne change strictement rien aux yeux du régulateur. La règle s'appliquera de la même manière. 

Là encore, deux nuances sont à apporter sur le décompte de la parole présidentielle en campagne. "Les interventions qui relèvent de l'exercice de sa charge ne sont pas prises en compte", précise le CSA dans sa recommandation du 6 octobre. "Il en va de même des interventions qui relèvent de l'exercice de la présidence du Conseil de l'Union européenne, à l'exception de celles qui sont susceptibles, en fonction du contenu et du contexte, de relever du débat politique." Ce sera aux chaînes qui diffusent les prises de parole présidentielles de faire cette distinction dans leurs décomptes transmis au CSA. 

En saisissant le CSA, Valérie Pécresse demande par ailleurs à l'instance de "rétablir l'égalité du temps de parole" de l'opposition par rapport au chef de l'Etat. Sauf que cette stricte égalité n'intervient en réalité que lors de la campagne électorale à proprement parler, soit du 28 mars au 8 avril. Là, chaque candidat, y compris Emmanuel Macron s'il se déclare, disposera du même temps de parole, à des horaires de diffusion comparables. Ce dispositif vaut aussi pour le temps d'antenne, qui comprend "les interventions de soutien à sa candidature et l’ensemble des séquences qui lui sont consacrées, dès lors qu’elles ne lui sont pas explicitement défavorables", explique le CSA. Qui n'a pas fini d'être interpellé sur ce sujet hautement sensible durant les prochains mois.

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