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Hollande, Macron, Valls : comment ils se préparent pour 2017

En attendant de savoir si François Hollande se portera candidat, Emmanuel Macron et Manuel Valls se livrent une féroce bataille pour endosser le rôle du recours.

Article rédigé par Ilan Caro
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Manuel Valls, François Hollande et Emmanuel Macron, le 16 juin 2015 à l'Elysée. (LIONEL BONAVENTURE / AFP)

Qui représentera la gauche au premier tour de l'élection présidentielle, dans désormais moins d'un an ? Si François Hollande rêve de relever le défi un peu fou d'une victoire en 2017, Emmanuel Macron et Manuel Valls sont en embuscade au cas où le chef de l'Etat jetterait l'éponge. Alors que ses relations avec le locataire de Bercy se détériorent ostensiblement, le Premier ministre a lancé mercredi 18 mai une contre-offensive politique. Tour d'horizon des stratégies de ces trois protagonistes.

François Hollande : rassembler la gauche

Le slogan "Hé oh la gauche !"

L'entourage Il a beau avoir été lâché par une partie de sa majorité et par plus de 80% des Français, François Hollande peut encore compter sur son carré de soutiens historiques. Fidèle parmi les fidèles, Stéphane Le Foll a organisé fin avril un meeting pour promouvoir le bilan du président, à grand renfort de ministres comme Marisol Touraine ou Najat Vallaud-Belkacem. Dans son cercle d'inconditionnels, François Hollande peut compter sur les ministres Jean-Yves Le Drian et Michel Sapin, des poids lourds qui sauront répondre présents lorsqu'il se lancera dans la bataille de 2017.

La stratégie Distancé dans les sondages, donné battu dès le premier tour dans tous les cas de figure, François Hollande a joué gros en liant son destin présidentiel à une hypothétique inversion de la courbe du chômage avant 2017. En réalité, le chef de l'Etat sortant est déterminé à tout faire pour être en capacité de se présenter, et de gagner. Premier objectif : redevenir crédible à gauche en multipliant annonces et signaux en direction de cet électorat perdu.

Dans le même temps, François Hollande va manœuvrer en coulisses pour tuer dans l'œuf toute velléité de candidature alternative, s'assurer de l'échec du projet de primaire à gauche, et apparaître en définitive comme le seul capable de fédérer la gauche réformiste. Un défi ardu, mais qui reste dans les cordes de celui qui fut le champion de la synthèse durant ses onze années passées à la tête du Parti socialiste. Côté calendrier, François Hollande attendra décembre ou janvier pour se déclarer. Il saura alors quel sera son adversaire de droite, désigné en novembre. La primaire de la droite sera, espère-t-il, l'occasion de ressouder son camp en soulignant les orientations ultralibérales des différents prétendants.

Emmanuel Macron : briser les lignes

Le slogan "En marche !"

L'entourage Le ministre de l'Economie, qui n'a pas sa carte au PS, ne dispose pas de gros bataillons de soutiens. Ses principaux relais à l'Assemblée nationale se nomment Pascal Terrasse et Richard Ferrand, deux députés PS. Il vient aussi d'obtenir le soutien du sénateur-maire de Lyon, Gérard Collomb. Le réseau d'Emmanuel Macron se constitue de manière horizontale, en tissant des liens avec des chefs d'entreprise, des artistes, des intellectuels… Plutôt que de rallier à sa cause des dizaines de parlementaires, l'ex-banquier de chez Rothschild multiplie rencontres et discussions informelles.

La stratégie Le lancement de son mouvement En Marche !, début avril, a révélé au grand jour les ambitions du ministre. Emmanuel Macron se défend de vouloir porter "une énième candidature à la présidentielle". Il n'empêche : son initiative s'inscrit dans le timing d'une pré-campagne présidentielle, avec une "Grande Marche" à venir à travers la France.

Par ailleurs, on voit mal comment il pourrait atteindre des objectifs aussi ambitieux que "lever les blocages de la société" ou "dépasser le clivage gauche-droite" sans passer par la case "élection présidentielle". Autre indice : Macron collecte des fonds, officiellement pour subvenir au fonctionnement d'En Marche !, officieusement pour financer une éventuelle campagne. En attendant de révéler ses intentions, le ministre de l'Economie continue à distiller les sorties polémiques et à jouer les électrons libres au sein du gouvernement. Un rôle qui semble plaire, à en croire les enquêtes d'opinion.

Manuel Valls : voir plus loin

Le slogan "La France est belle".

L'entourage Le Premier ministre n'a pas véritablement de courant propre au sein du Parti socialiste. Il peut toutefois s'appuyer sur de fidèles lieutenants, au premier rang desquels les parlementaires franciliens Carlos Da Silva et Luc Carvounas. Quant à Philippe Doucet et Malek Boutih, ils clament haut et fort leur préférence pour Valls plutôt que pour Hollande en 2017. L'ancien maire d'Evry (Essonne) peut aussi compter sur une cellule de communication aux petits soins depuis de nombreuses années.

La stratégie Face à l'offensive Macron, Manuel Valls se devait de réagir afin de ne pas se retrouver marginalisé. C'est chose faite depuis la réunion publique organisée le 18 mai dans sa ville d'Evry. Un événement très politique qui ne figurait évidemment pas à l'agenda officiel du Premier ministre. Jusqu'à six réunions de ce type, sous forme de questions-réponses avec la salle, doivent être organisées dans les prochaines semaines. Pour l'occasion, l'équipe de Manuel Valls a dégainé un compte Twitter et une formule, "La France est belle", qui ressemble à s'y méprendre à un slogan de campagne.

Pour Manuel Valls, il s'agit d'apparaître comme un recours naturel au cas où François Hollande renoncerait à sa candidature, tout en se montrant loyal avec le chef de l'Etat. "Manuel Valls ne provoquera rien, confie ainsi son lieutenant Carlos Da Silva dans le livre Le Pari, des journalistes Charlotte Chaffanjon et Bastien Bonnefous (Plon). C'est comme quand votre grand-mère tombe dans les escaliers et meurt, vous héritez de la maison, mais ça ne veut pas dire pour autant que c'est vous qui l'avez poussée." L'urgence du moment est donc d'éviter à tout prix qu'Emmanuel Macron, avec lequel ses relations sont exécrables, ne s'impose comme l'alternative à François Hollande. Pour le Premier ministre, une candidature Hollande ne serait d'ailleurs pas forcément une mauvaise nouvelle. En cas de défaite du président sortant, il aurait la possibilité de s'imposer comme le chef de l'opposition. Et de s'ouvrir le chemin de l'Elysée en 2022 ?

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