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Rémunération des patrons : Macron contredit (encore) Valls et Hollande

Alors que le président de la République et le Premier ministre envisagent de légiférer sur le sujet, le ministre de l'Economie estime que ce n'est pas "la bonne méthode".

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron (à droite), quitte l'Elysée sous les regards du président François Hollande et du Premier ministre Manuel Valls, le 3 février 2016 à Paris. (CHAMUSSY / SIPA)

Emmanuel Macron contre le gouvernement, saison 2, épisode 12. Le ministre de l'Economie a une nouvelle fois pris ses distances avec la ligne du gouvernement, jeudi 19 mai, à propos de la rémunération des grands patrons.

Francetv info reprend le fil de cet énième couac gouvernemental.

Acte 1 : Hollande menace (à nouveau) les patrons de légiférer pour encadrer leur rémunération

Interrogé sur Europe 1 mardi 17 mai sur le salaire de Carlos Ghosn (15 millions d'euros), François Hollande a brandi la menace d'une loi. "Il m’avait été dit par le Medef qu’il y aurait un code de bonne conduite. Je demande qu’il s’applique. S’il ne s’applique pas, il y aura des conséquences", explique-t-il, avant d'inviter l'organisation patronale à modifier son code pour que le vote des actionnaires soit contraignant.

"Quand les assemblées générales d’actionnaires disent 'nous voulons limiter la rémunération', alors toute décision de l’assemblée générale sera exécutoire. C’est maintenant aux autorités du patronat, des employeurs d’avoir cette exigence morale et à la loi d’intervenir s'il ne se passe rien", a-t-il déclaré. Depuis 2012, le gouvernement, qui a limité les rémunérations dans les groupes publics, a régulièrement brandi cette menace, sans la mettre à exécution.

Acte 2 : "Maintenant, il faut légiférer", renchérit Valls

Deux jours plus tard, jeudi 19 mai sur RTL, le Premier ministre se montre encore plus ferme. Pour le secteur privé, "nous avons fait le choix dans un premier temps de mettre les entreprises face à leurs responsabilités, en l'occurrence le patronat. Force est de constater que cela n'a pas été respecté. Donc maintenant, il faut légiférer", estime Manuel Valls.

Le Premier ministre a expliqué qu'il approuvait les députés : ceux-ci ont décidé, mercredi en commission, de rendre contraignants les votes des assemblées générales d'actionnaires sur les rémunérations des dirigeants d'entreprises. Manuel Valls a également salué l'appel lancé dans Libération par quarante personnalités, dont le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis, qui "montre bien le chemin qu'il faut prendre".

Acte 3 : "Ce n'est pas la bonne méthode", répond Macron 

Quelques heures plus tard, Emmanuel Macron a répliqué. "Je pense que la loi n'est pas la bonne méthode", a déclaré le ministre de l'Economie, devant une conférence d'investisseurs. "C'est au monde économique de montrer qu'il est à la hauteur de cela, sinon, celles et ceux qui proposent aujourd'hui une loi seront légitimes dans quelque temps à la faire", a-t-il ajouté.

Une sortie surprenante puisque le 3 mai, à l'Assemblée nationale, Emmanuel Macron avait lui-même... menacé de légiférer à propos de Carlos Ghosn, rappelle Europe 1.  Il faut "en tirer toutes les conséquences dans les prochaines semaines, sans quoi nous serions conduits en effet à légiférer", avait-il déclaré.

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