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Législatives 2022 : on vous résume la polémique autour de l'investiture du candidat LFI Taha Bouhafs, qui a finalement renoncé

Investi par la coalition de gauche dans la 14e circonscription du Rhône, le candidat a annoncé mardi qu'il renonçait à faire campagne. Cible de nombreuses critiques, le jeune homme dit aussi avoir été victime de menaces de mort.

Article rédigé par franceinfo
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Le journaliste et militant Taha Bouhafs, le 12 février 2019, à Paris. (YANN CASTANIER / HANS LUCAS / AFP)

Il jette l'éponge. Le journaliste et candidat de La France insoumise (LFI) aux législatives Taha Bouhafs a déclaré dans la nuit du lundi 9 au mardi 10 mai qu'il renonçait à briguer un mandat de député dans la 14e circonscription du Rhône. Investi dans le cadre de la Nouvelle Union populaire écologiste et sociale (Nupes) aux législatives, le prétendant à la députation était très critiqué ces derniers jours, y compris au sein de la coalition de gauche. Des membres du Parti communiste notamment, dont le premier d'entre eux, Fabien Roussel, lui avaient reproché d'avoir été condamné pour "injure publique à raison de l'origine". Franceinfo retrace les différents épisodes qui l'ont conduit à renoncer.

Aux origines de la polémique, un tweet datant de juin 2020

Taha Bouhafs a surtout été critiqué pour un message publié sur Twitter en juin 2020 au sujet de Linda Kebbab, déléguée nationale du syndicat de police Unité SGP-FO. Le journaliste avait commenté les déclarations de la syndicaliste en la qualifiant d'"ADS : Arabe de service", après qu'elle eut rejeté toute similarité entre la mort d'Adama Traoré en juillet 2016 à Beaumont-sur-Oise (Val-d'Oise) et celle de George Floyd en mai 2020 à Minneapolis (Etats-Unis). 

Pour ce message, supprimé quelques minutes plus tard car jugé "provocant" par son auteur, Taha Bouhafs a été condamné en septembre 2021 par le tribunal correctionnel de Paris à 1 500 euros d'amende pour "injure publique à raison de l'origine" ainsi que 2 000 euros de dommages et intérêts. Il a depuis fait appel de cette décision.

Une investiture sous la bannière de La France insoumise

Très actif auprès du comité Vérité et justice pour Adama, ainsi que dans divers mouvements antiracistes, Taha Bouhafs s'était progressivement rapproché de La France insoumise lors de l'élection présidentielle de 2017. Jusqu'à se présenter, la même année, sous la bannière LFI aux élections législatives. Il visait alors la 2e circonscription de l'Isère, dont il est originaire, et avait été battu après avoir recueilli 11,12% des suffrages exprimés.

Après cet échec, et en raisons de divergences idéologiques, Taha Bouhafs avait pris ses distances avec le mouvement de Jean-Luc Mélenchon. Mais le 1er mai 2022, il a finalement défilé à Paris auprès du leader de La France insoumise, avant d'annoncer six jours plus tard sur Twitter qu'il avait été officiellement investi candidat dans le cadre de la Nupes pour la 14e circonscription du Rhône (Vénissieux, Corbas, Feyzin, Saint-Fons, Solaize Saint-Priest partie ouest). 

… qui n'arrangeait pas vraiment les communistes

L'attribution de cette circonscription à un candidat LFI a été fraîchement accueillie du côté du Parti communiste (PCF), qui espérait voir Michèle Picard, la maire communiste de Vénissieux, s'y présenter sous la bannière de la Nupes. Lundi 9 mai, le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, a exprimé son "incompréhension" concernant le choix d'investir Taha Bouhafs.

Invité de l'émission "Les 4 Vérités" sur France 2, le député du Nord a par ailleurs révélé qu'il avait demandé à La France insoumise de "revoir" cette candidature, tout en disant "comprendre" le choix de Michèle Picard de se présenter en tant que candidate dissidente

"Ce n'est pas Fabien Roussel qui choisit les candidats des 'insoumis'", a rétorqué le soir-même Manuel Bompard, député européen LFI et directeur de campagne Nupes pour les législatives. Avant de préciser que l'investiture de Taha Bouhafs n'avait, à ce moment-là, pas encore été officialisée par son mouvement.

La France insoumise déplore le retrait de Taha Bouhafs

Le renoncement du militant de 25 ans a suscité l'indignation de plusieurs figures LFI, à commencer par Jean-Luc Mélenchon. L'ex-candidat à la présidentielle a déclaré sur Twitter, mardi, qu'une "meute" s'était "acharnée" sur Taha Bouhafs. "Je m'en veux de ne pas avoir su le réconforter autant que nécessaire", a conclu le chef de file des "insoumis". Il a aussi évoqué les "menaces de mort" dont le jeune homme s'est dit victime dans son communiqué de retrait. 

Plus modéré, François Ruffin s'est dit "peiné" au sujet de cette décision. "Chacun commet des erreurs dans son existence, maintenant il faut les reconnaître", a lancé sur franceinfo mardi matin le député de la Somme, interrogé sur les propos controversés de Taha Bouhafs.

Que va-t-il advenir de l'investiture de la Nupes dans la 14e circonscription du Rhône ? "Dans les négociations, cette circonscription a été attribuée à La France insoumise, donc ce n'est pas la maire communiste de Vénissieux qui sera candidate, mais le candidat choisi par LFI", a rappelé lundi soir Manuel Bompard, qui promet une investiture officielle "dans les jours à venir".

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