Trois questions sur l'arrivée de FlixTrain sur le marché ferroviaire français
La compagnie allemande, qui exploite les lignes d'autocars FlixBus, a déposé cinq projets de trains grandes lignes, dont un de nuit entre Paris et Nice.
La bataille commerciale a commencé. La compagnie allemande FlixTrain a officiellement posé sa candidature, lundi 17 juin, pour exploiter cinq lignes ferroviaires françaises, a annoncé l'Autorité de régulation des activités ferroviaires et routières. "On a analysé le marché, on estime que ce sont des lignes à fort potentiel", explique Raphaël Daniel, porte-parole de FlixMobility en France, qui promet d'offrir des tarifs plus avantageux et un meilleur service que la SNCF. Cette manifestation d'intérêt donne le coup d'envoi d'un processus d'ouverture à la concurrence de dix-huit mois, durant lequel l'Etat et les régions concernées auront leur mot à dire. Franceinfo vous en dit plus sur FlixTrain et sur les prochaines étapes de cette libéralisation du rail.
Qui est FlixTrain ?
Son nom vous rappelle sans doute quelque chose : cette compagnie de transport allemande est déjà présente en France avec FlixBus. Depuis 2015, date de l'ouverture du marché de l'autocar longue distance impulsé par la loi Macron, le leader européen du bus s'est imposé comme le numéro un en France avec ses prix cassés. Si FlixBus ne révèle aucun chiffre d'affaires, on sait que ses autocars ont transporté 7,3 millions de clients en 2018 sur un total de 210 destinations dans l'Hexagone.
La conversion de la start-up munichoise dans le rail est récente puisque FlixTrain a été créé en 2018 outre-Rhin. Ses trains de couleurs vertes circulent pour l'instant seulement sur trois lignes et son modèle économique repose sur des sous-traitants. C'est ainsi l'opérateur tchèque Leo Express qui assure ainsi la liaison Stuttgart-Berlin pour le compte de FlixTrain et HKX la liaison Hambourg-Cologne. En France, la compagnie appliquera le même modèle et se focalisera sur la planification du réseau et la vente des billets.
Quelles lignes vise la compagnie ?
Le groupe FlixMobility s'intéresse à cinq axes ferroviaires : Paris-Nord/Bruxelles-Nord, Paris-Bercy/Lyon Perrache, Paris-Bercy/Nice, Paris-Bercy/Toulouse et Paris-Austerlitz/Bordeaux, selon l'Autorité de régulation des activités ferroviaires. "On estime qu'il est possible de générer sur ces axes-là énormément de demande supplémentaire par rapport à ce qui existe", explique Yvan Lefranc-Morin, directeur-général France de FlixBus.
Alors que ces trajets pourraient être couverts par des TGV, FlixTrain choisit de proposer une offre "équivalente aux trains Intercités". Selon les projets déposés, un trajet Paris-Lyon prendra 4 heures et 22 minutes et relier Paris à Toulouse prendra 6 heures et 35 minutes. Pour le trajet proposé le plus long (Paris-Nice, 10 heures et 24 minutes), la compagnie mise sur le train de nuit.
"Il y a un vrai appétit d'une certaine catégorie de client à voyager de nuit. On le voit sur nos lignes de bus qui marchent très bien", explique Yvan Lefranc-Morin. Le train de nuit a décliné en France et la SNCF n'exploite plus que deux lignes. Réputé difficile à exploiter, il est aussi présenté comme le meilleur moyen pour aller loin sans polluer. Le projet de loi Mobilités propose d'ailleurs de leur consacrer une étude en vue de les relancer.
La contrepartie de ces longs trajets : "des prix nécessairement plus abordables", indique Yvan Lefranc-Morin. Comme en Allemagne, où ses trains se sont imposés avec des tarifs très agressifs, on peut imaginer que la compagnie misera sur la même proposition tarifaire en France, sans classes différenciées. Ces cinq projets de lignes ferroviaires visent un début de service pour le 12 décembre 2020.
Y a-t-il d'autres concurrents potentiels ?
FlixTrain est la seule compagnie à s'être portée candidate pour ces cinq lignes, alors que SNCF Réseaux avait indiqué en début d'année avoir "deux touches" parmi les opérateurs ferroviaires.
Pour rappel, la libéralisation du rail en France doit se faire en deux phases. D'abord l'ouverture à la concurrence des TER, Transilien et Intercités : les régions françaises pourront commencer à attribuer des concessions à des opérateurs privés à compter du 3 décembre 2019. Plusieurs d’entre elles (Paca, Grand-Est, Hauts-de-France, Bourgogne-Franche-Comté, Pays de la Loire) ont d’ores et déjà annoncé leur intention de libéraliser au plus vite, entre 2019 et 2021. Pour les TGV, les premiers concurrents privés pourront théoriquement candidater à partir de fin 2020 et rouler sur le réseau français à partir de 2021.
Les lignes internationales sont, elles, ouvertes à la concurrence depuis 2009. La compagnie ferroviaire Thello, filiale française de l'entreprise publique italienne Trenitalia, exploite déjà un train de nuit et une liaison classique France-Italie et veut lancer des trains à grande vitesse également entre la France et l'Italie à partir de juin 2020.
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