Sécurité des utilisateurs, cadre réglementaire, environnement... Ces obstacles sur la route d'Uber
La plateforme de VTC (véhicule de tourisme avec chauffeur) est interdite à Londres pour raison de sécurité. Un souci de plus pour la firme californienne.
Uber est dans la tourmente : l'autorité des transports de Londres (TfL) a annoncé lundi 26 novembre avoir refusé de renouveler la licence d'exploitation du numéro un mondial de la réservation de voitures avec chauffeur. La TfL pointe des "défaillances" qui mettent en danger les utilisateurs, notamment des chauffeurs sans permis ou au permis suspendu ayant exploité les faiblesses de l'application "pour transporter des milliers de passagers". Uber a annoncé faire appel mais c'est un nouveau coup dur pour le géant américain, régulièrement mis en cause. Depuis plusieurs années, il fait face à de nombreux problèmes. Et continue à perdre de l’argent.
Des problèmes de sécurité pour les utilisateurs
La berline noire s’approche du point de rendez-vous, vous montez dans la voiture... mais le chauffeur n’est pas celui que vous attendiez. Grace à une faille dans l’application, certains faux-chauffeurs peuvent aujourd’hui prendre le compte d’un vrai chauffeur en changeant la photo. Parfois sans permis, licence ou assurance. À Londres, cela concerne 14 000 voyages qui, selon Transport for London (TfL), ont "mis en danger les passagers".
Mais l’usurpation d’identité n’est pas le seul problème de sécurité auquel les utilisateurs font face. De nombreuses jeunes femmes accusent les chauffeurs Uber de les avoir harcelées et sexuellement agressées. En France, mi-novembre, une jeune Strasbourgeoise porte plainte et témoigne sur Twitter et via Les Dernières nouvelles d'Alsace : "Il a commencé à poser sa main sur la mienne en la serrant très fort. Il l’a passée sur ma cuisse puis sur sa cuisse. J’ai tenté de le pousser avec mon sac. Avec mon autre main, j’essayais d’envoyer un message à une copine mais j’avais peur qu’il me voie et qu’il me prenne mon téléphone". S’en suivent des centaines de récits et la naissance du hashtag #UberCestOver. De son côté, Uber assure faire le nécessaire pour venir en aide aux victimes.
Les situations de harcèlement et d’agression sexuelle ne peuvent pas rester sans suite. À toutes celles et ceux ayant subi un incident de ce type, rdv dans l'appli et cliquez sur "Aide"> "Plus" > «Être recontacté.e suite à un incident grave». Nous sommes mobilisés.
— Uber France (@UberFR) November 22, 2019
Des problèmes réglementaires
Depuis l’apparition de la plateforme californienne, on parle d’"ubérisation" de la société. Un système qui a peu à peu enfermé les chauffeurs (et autres livreurs) dans la précarité. Et c’est en Californie, là où Uber est né, que la bataille est la plus amère. Créé en 2009 à San Francisco, la société pensait pouvoir révolutionner l’économie. Ses chauffeurs sont des travailleurs indépendants, la plateforme n’a pas de charges à payer.
Sauf que, petit à petit, les chauffeurs ont commencé à faire grève pour demander un véritable statut. Et la Californie a voté en septembre (à une large majorité) un texte qui oblige les sociétés comme Uber à salarier ses chauffeurs. Cela leur garantit un salaire minimum, une protection sociale, des congés payés etc… Une requalification qui pourrait augmenter les coûts d’Uber de 20 à 30% (alors que l’entreprise a perdu 1,16 milliard de dollars au 3e trimestre 2019). Uber est en train de négocier pour être exempté de cette loi qui devrait entrer en vigueur le 1er janvier 2020.
En France, la loi orientation et mobilités votée en novembre oblige les plateformes comme Uber à mettre en place des chartes pour garantir des conditions de travail décentes à leurs travailleurs indépendants.
A Genève, en Suisse, Uber est interdit dans tout le canton depuis le 1er novembre. Les autorités pensent que les chauffeurs doivent être traités comme des employés. Le département cantonal de la sécurité estime qu’il existe "un lien de subordination" entre la plateforme et ses conducteurs. Le chauffeur n’est pas libre, ni de choisir ses clients, ni de fixer le prix, ni de choisir le trajet, ni même de contester le jour où on décide de le mettre à la porte. Il n’est donc pas indépendant. Certains chauffeurs ont lancé une pétition pour rester auto-entrepreneurs.
Des problèmes environnementaux
Attaqué de toutes parts, Uber ne s’attendait sûrement pas à être également visé sur l’écologie. Un récent rapport d’une coalition d’ONG dont Respire, en France, montre que les VTC aggravent les embouteillages et la pollution dans les grandes villes. C’est mécanique. Les voitures des plateformes comme Uber n’étaient pas sur les routes avant la création de l’entreprise. Elles viennent donc s’ajouter au trafic des villes déjà chargé (taxis, voitures, camions), et donc, augmentent les émissions de CO2.
Si on prend l’exemple de Paris, depuis que le marché du taxi a été libéralisé en 2015, le nombre de chauffeurs de VTC a doublé. En 2017, Uber a transporté 2,7 millions d'usagers, compte le rapport. Dans les cas de Paris et Londres (3,5 millions d’usagers en 2018), "les kilomètres effectués par ces voitures supplémentaires produisent environ 515 kilotonnes d’émissions de CO2 par an. Ce qui équivaut à ajouter les émissions de CO2 de 250 000 voitures supplémentaires appartenant à des particuliers". En France, 90% des VTC roulent au diesel, la principale source d’émission de particules fines pour les véhicules.
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