"Gilets jaunes" : qui est Didier Andrieux, le commandant de police filmé en train de frapper des manifestants ?
Le policier a été filmé lors d'un rassemblement de "gilets jaunes", samedi, à Toulon. Il avait déjà été condamné pour violences.
Les images, filmées à Toulon (Var) samedi 5 janvier lors d'une manifestation de "gilets jaunes", ont choqué. On y voit un policier, visage découvert, frapper un homme plaqué contre un mur, avant que des agents ne s'interposent. D'autres images le montrent en train de frapper un "gilet jaune" coincé contre le capot d'une voiture. Le préfet du Var a saisi l'inspection générale de la police nationale (IGPN), dimanche 6 janvier, "pour faire toute la lumière sur les suspicions de violences policières". Franceinfo dresse le portrait de cet officier.
Un haut-gradé décoré de la Légion d'honneur
Didier Andrieux est commandant divisionnaire et dirige par intérim le groupement de policiers en tenue du commissariat de Toulon, soit 400 agents. Après 34 ans de service, il a été fait chevalier de la Légion d'honneur, à l'occasion de la promotion du 1er janvier 2019. Selon Le Parisien, l'homme a passé 17 ans au sein des forces d'intervention de la police, Raid et GIPN.
Un habitué des manifestations
Didier Andrieux n'en était pas à sa première manifestation. Il a participé à toutes les opérations de sécurisation des manifestations de "gilets jaunes" à Toulon et est bien connu des manifestants, selon le procureur de la République de Toulon. "Il a travaillé plusieurs week-ends. Je l'ai toujours vu présent, fidèle au poste", raconte à franceinfo Frédéric Piquel, secrétaire départemental adjoint Alliance dans le Var. Plus largement, le syndicat parle d'un officier qui "gère très bien ses hommes". "Il passe souvent en premier pour les protéger, c'est un peu ce qu'on voit sur la vidéo", assure le délégué départemental du syndicat dans le Var, Sébastien Soulet, interrogé par France Bleu. Le même samedi, il aurait été en première ligne : "Le commandant a été mis au sol et tapé plus en amont de la manifestation. Il avait la tête en sang", indique Frédéric Piquel.
Un homme déjà sanctionné pour violences
Mais l'homme n'en est pas à son coup d'essai. Didier Andrieux avait déjà été sanctionné pour des violences il y a deux ans, rapporte France Bleu Provence, confirmant une information du Parisien. Il avait asséné un coup de poing à un collègue mais n'avait pas été poursuivi, écopant simplement d'un avertissement. Sa victime avait eu l'arcade et le nez fracturé. Selon Le Parisien, le commandant avait évoqué un "geste involontaire" : "Son coude aurait frappé malencontreusement le visage de son collègue alors que le coup était destiné, selon lui, à une armoire."
Un policier qui assume son geste
Dans un entretien accordé le 6 janvier à Var Matin, Didier Andrieux assume son geste. Au sujet de l'homme coincé contre le mur, il explique lui avoir d'abord envoyé un coup sur la main, "pour lui faire lâcher le tesson". Puis, "je lui donne deux autres coups, car je ne sais pas s'il a lâché le tesson", indique-t-il. Le policier assure connaître cet homme, "qui est un multirécidiviste et qui n'a rien à voir avec les 'gilets jaunes'". Pour le deuxième homme frappé, le commandant évoque "l'interpellation d'un homme qui se rebellait".
Une vidéo, tournée selon toute vraisemblance le même jour et diffusée sur les réseaux sociaux, le montre en train de discuter avec des manifestants. Ceux-ci lui indiquent qu'ils l'ont vu frapper un homme et qu'ils ont des vidéos. La réponse est cinglante : "Déposez plainte, je suis le commandant, il n'y a pas de souci."
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