Des "gilets jaunes" de la Somme déçus par la manifestation parisienne
Ils ne reviendront pas le week-end prochain.
Des "gilets jaunes" venus de toute la France ont convergé à Paris pour l'acte IV du mouvement, samedi 8 décembre. Une petite centaine est partie d'Albert dans la Somme dans deux cars pour venir manifester. Deux heures de route jusqu'à la capitale, l'endroit où il fallait être selon eux pour se faire entendre. Sauf qu'entre les actes de vandalisme et la très forte présence policière, la journée ne s'est pas déroulée comme ils l'espéraient.
À peine arrivé Porte Maillot à la mi-journée, "premier gazage", explique Sibylle, une jeune grand-mère, en mode "selfie" sur son portable : "Je parle à mes amis qui demandent comment ça se passe, explique-t-elle. Je filme en direct". Deux heures après son arrivée, le groupe éclaté piétine toujours autour du quartier des Champs- Élysées : "Beaucoup de gens ne peuvent pas être à Paris, donc on est là pour eux en fait, pour ceux qui galèrent à la fin du mois, qui sont taxés énormément, et là, c'est calme", déplore Julie, une des organisatrices.
On ne peut même pas manifester notre colère auprès du 'roi Macron', puisqu'on nous gaze, on nous met dans les petites ruelles, on nous bloque, on nous cache
Julie, l'une des organisatricesà franceinfo
"On passe plus de temps à se protéger qu'à manifester"
Le groupe est contenu dans un cercle autour de l'Arc de Triomphe, quand soudain, il est stoppé net, boulevard de Courcelles. "Là ce sont de sont des casseurs, ils ont descendu une voiture exprès, ils ont cassé les vitres et ont commencé à les balancer sur les flics, pour ensuite dire que c'est de la faute des manifestants", raconte un des participants. "La manifestation ne ressemble pas à grand chose, poursuit une des participantes. "C'est un peu le jeu du chat et de la souris, les CRS chargent et il y a plein de casseurs qui les attaquent, qui volent. Ils cherchent la merde".
Ils ont marché des heures comme ça, dépités : "On ne peut rien faire", déplorent-il. "On ne fait rien de mal et on se fait gazer, c'est honteux". "On est très déçus, on a passé plus de temps à se protéger et à courir qu'à manifester", explique une des participantes. "C'est un bilan un peu mitigé, j'avais espéré que ça fasse quelque chose d'unifié, avec des slogans, davantage comme une manif 'normale'. Je ne pense pas revenir le week-end prochain", ajoute un autre manifestant.
Claquer 30 euros pour ça c'est honteux. On a même pas manifesté, rien, ça me saoule
Émeline, manifestante picardeà franceinfo
"Ce qu'il faudrait, c'est continuer la mobilisation, attendre de voir ce qu'il se passe dans la semaine et se mobiliser mais plutôt au niveau régional", propose un des participants. "On voit bien qu'il y a un malaise, les gens sont révoltés, ce n'est pas pour rien".
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